Les cours du cacao ont monté la semaine dernière, portés par des craintes persistantes sur l'offre et en dépit de chiffres décevants sur la consommation européenne, tandis que le sucre continuait de s'enfoncer et que le café résistait, sur fond d'inquiétudes pour les récoltes en Amérique centrale. CACAO Les cours de la fève brune ont accéléré leur rebond, se hissant à 1.499 livres la tonne à Londres, au plus haut depuis un mois. "Désormais, le marché tourne son attention vers l'harmattan", vent sec chargé de sable qui souffle depuis le Sahara entre décembre et mars, "et qui pourrait affecter le volume et la qualité des récoltes" en balayant les plantations ivoiriennes, a expliqué Kate Tang, analyste de Barclays Capital. Les cours restent soutenus par la perspective d'un déficit de production sur le marché mondial cette année (de 108.000 tonnes selon les prévisions de Barclays Capital), précisément dû à des conditions météorologiques moins favorables en Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale), a ajouté Mme Tang. Les autorités ivoiriennes elles-mêmes anticipent un recul de 13% sur un an de la production de cacao du pays pour la saison 2012-2013 entamée en octobre. Dans ce contexte, "le marché ne réagit plus aux chiffres (décevants) des concassages" en Europe et aux Etats-Unis, baromètre de la demande de cacao dans les deux principales régions consommatrices de la planète, a observé Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank. Selon des chiffres diffusés lundi dernier, par l'Association européenne du cacao (ECA), fédération réunissant négociants et confiseurs, les volumes de cacao concassés en Europe ont reculé de 6,2% sur un an au quatrième trimestre, à 328.000 tonnes. Ils ont baissé de plus de 10% sur l'ensemble de 2012, à 1,29 million de tonnes, leur plus bas niveau depuis sept ans, plombés par la crise économique. En revanche, la demande croissante dans les pays consommateurs eux-mêmes (notamment au Brésil) "joue un rôle de plus en plus important", a tempéré M. Fritsch Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1.488 livres sterling contre 1.435 livres la semaine dernière. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en mars valait 2.293 dollars la tonne contre 2.253 dollars une semaine plus tôt. CAFE Si le marché reste hanté par la perspective d'une récolte record au Brésil, premier producteur mondial, les cours du café ont néanmoins été tirés vers le haut par des achats à bon compte et un regain de crainte sur les plantations en Amérique centrale. "Les opérateurs se positionnent à l'achat en anticipation d'une réduction potentielle de l'offre de café en Amérique centrale, où nombre de producteurs notamment au Costa Rica (13e producteur mondial ) sont touché par la maladie de la rouille", un champignon attaquant les plants, a souligné dans une note Matt Basi, du courtier CMC Markets. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en mars valait 1.975 dollars, contre 1.929 dollars une semaine auparavant. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en mars valait 155,90 cents, contre 149,45 cents sept jours auparavant. SUCRE Les cours du sucre sont repartis à la baisse, toujours plombés par l'abondance de l'offre mondiale -- les analystes de Barclays attendant ainsi pour 2012-13 un excédent de production de plus de 5 millions de tonnes, en raison d'une nouvelle récolte record au Brésil, premier pays exportateur. "Il y a plein de choses qui pourraient potentiellement faire remonter le marché le fait, par exemple, que les raffineurs brésiliens privilégient la production d'éthanol au détriment du sucre, mais cela ne convainc pas les investisseurs", a observé Thomas Kujawa, analyste du courtier Sucden. Les opérateurs s'accordent pour "anticiper une production abondante alors que la demande piétine sur fond de morosité de l'environnement économique", a-t-il expliqué. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 498 dollars .Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 18,56 cents contre 18,88 cents sept jours auparavant. Les céréales en nette hausse à Chicago Les cours du maïs, du blé et du soja se sont nettement appréciés à Chicago, après la publication d'un rapport mensuel des autorités américaines préoccupant pour l'offre. Le rapport du ministère de l'Agriculture américain (Usda) sur l'offre et la demande mondiales de produits agricoles, publié vendredi dernier, " a recentré l'attention des courtiers sur l'état de l'approvisionnement et l'on s'est rendu compte que l'offre baissait aussi vite, voir plus vite que la demande ", a noté Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics. " Donc, au cours de cette semaine, le marché a été porté par un effort de rééquilibrage des prix avec la situation de l'offre telle qu'on la connaît depuis vendredi ", a-t-il poursuivi. Les chiffres les plus frappants, selon les analystes, étaient ceux du maïs. L'Usda a notamment fait part d'une baisse en décembre du niveau des stocks actuels de cette céréale à un niveau plus vu depuis 2004, les stocks en fin de campagne devant, par ailleurs, tomber à leur plus faible niveau depuis 1996. Et si l'autorité a très légèrement relevé ses estimations de production de maïs pour la campagne 2012-2013, elles restent très largement inférieures à celles atteintes lors de la campagne précédente, évaluée à 314 millions de tonnes. Accélération de la demande de soja L'Usda a également indiqué que la superficie du blé d'hiver semée cet automne devrait être moins importante que prévu. Les opérateurs faisaient aussi part de leurs craintes pour les semis d'hiver, confrontés à des conditions très sèches dans les Plaines centrales des Etats-Unis. " Si la neige ne tombe pas pour protéger du froid (et humidifier) les sols pendant l'hiver, les semis pourraient subir de sérieux dommages ", a souligné Frank Cholly, de Rjo Futures. Selon lui, dans ces conditions, " de plus en plus de courtiers vont se débarrasser de leurs prises de positions à découvert ", c'est-à-dire de leurs paris sur une baisse des prix, et le blé " actuellement très bon marché " devrait faire l'objet d'une demande accrue, a-t-il estimé. De même, du côté du soja, " la demande montre des signes d'accélération, notamment du côté de la Chine, et l'on devrait bientôt voir également une forte demande aux Etats-Unis, ce qui devrait porter le marché à la hausse ", a prévu le courtier. " On se trouve actuellement à un niveau de promesses de ventes 40 % plus élevé que l'année dernière à cette époque de l'année " pour le soja, a renchéri Michael Zuzolo. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars a terminé à 7,2750 dollars contre 7,0875 dollars une semaine auparavant (+ 2,6 %). Le boisseau de blé, à même échéance, a clôturé à 7,9125 dollars contre 7,5475 dollars une semaine plus tôt (+ 4,8 %). Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en mars a fini à 14,2925 dollars contre 13,7325 dollars (+ 4,1 %).