Renault a annoncé une baisse de 6,3% de ses ventes mondiales l'an dernier, à 2,55 millions de véhicules, du fait d'un effondrement de 18% en Europe que la progression de 9,1% hors du Vieux continent n'a pas suffi à compenser. Les ventes de la marque Renault ont reculé de 6% en 2012, avec 2,1 millions d'unités écoulées. Celle de la marque à bas coût Dacia ont progressé en revanche de 4,8%, à 359 800 unités, selon un communiqué. Renault, qui prévoit de tailler dans ses effectifs en France, a pour la première fois réalisé plus de la moitié de ses ventes hors d'Europe. Le groupe table pour 2013 sur un retour à la hausse de ses ventes et de ses parts de marché. "En 2012, nous battons un nouveau record de ventes à l'international (ndlr, hors Europe) grâce aux deux marques Renault et Dacia", s'est félicité le directeur commercial du groupe, Jérôme Stoll, cité dans le communiqué. "Néanmoins ce succès n'a pas totalement compensé la baisse de nos ventes en Europe", reconnaît-il. "Dans ces conditions de marché plus difficiles que prévu, nous avons privilégié la défense de nos marges." Renault escompte rebondir cette année avec une "croissance" de ses ventes et de ses parts de marché. Il espère tirer profit de l'arrivée de nouveaux modèles comme la nouvelle Clio ou la citadine électrique Zoé pour la marque au losange et les nouvelles Logan et Sandero chez Dacia. Deuxième constructeur français, le constructeur souffre moins de la crise que son rival et numéro un hexagonal du secteur PSA Peugeot Citroën, plus dépendant que lui du marché européen et dont les ventes totales ont dégringolé l'an dernier de 16,5%. Le groupe présidé par Carlos Ghosn entend néanmoins supprimer 7 500 postes en France d'ici à 2016, soit plus de 15% de ses effectifs, sans fermeture de site ni plan de départs volontaires contrairement à PSA, si toutefois un accord est trouvé avec les syndicats sur la compétitivité. Les effectifs fondent en France, les usines se développent à l'étranger Tourné vers l'internationalisation et les stratégies d'alliance, Renault est aujourd'hui présent dans 118 pays (de l'Afrique du Sud à la Roumanie ou le Royaume-Uni en passant par la Turquie, le Brésil et la Russie) à travers 39 sites industriels et 128 653 salariés fin juin 2012, dont 42,1% en France. Sur les 128 653 salariés fin juin 2012, 42,1% sont en France, pays où le constructeur ne produit que 25% de ses véhicules (environ 45% en 2007), contre 44% pour PSA. Les productions augmentent dans les régions Asie-Afrique et Amériques même si le gros des volumes reste en Europe. FRANCE La réduction des effectifs entamée dans les années 1990 va se poursuivre. Le nombre de salariés devrait fondre de plus de 15% d'ici fin 2016 pour passer de 44 642 salariés actuellement à 37 142 fin 2016, essentiellement via des départs naturels non renouvelés (5 700). Tous les secteurs seront touchés, dont l'ingénierie (2 000 postes) et le tertiaire (1 300). Or, selon le bilan social, en 2011, 224 personnes sont parties à la retraite cette année-là dans le cadre de la GPEC, 453 ont intégré une mesure de départ anticipé. Le précédent plan de réductions d'effectifs d'ampleur au sein du groupe remontait à fin 2008, début 2009. Renault avait alors supprimé quelque 4 000 postes via des départs volontaires et supprimé environ 1 000 emplois dans ses filiales. Le deuxième constructeur français a vu sa production chuter en France. Il fabriquait encore 1,1 million de voitures et 227 000 utilitaires légers en 2004 dans l'Hexagone, contre 445 000 automobiles et 201'000 camionnettes en 2011. Le dernier site français à avoir fermé est celui de Boulogne-Billancourt, en 1992. L'usine, ouverte en 1929, avait employé jusqu'à 35 000 personnes. ESPAGNE Renault emploie environ 10 000 personnes dans quatre usines: un site d'assemblage et une fabrique de moteurs à Valladolid (nord), une usine aux environs de Palencia (nord) et une autre à Séville (sud). En novembre 2012, un accord de compétitivité est noué avec des syndicats pour la période 2014-2016, portant sur les coûts du travail, la flexibilité, l'emploi et les avantages sociaux. Il prévoit une augmentation du temps de travail annuel et crée une nouvelle catégorie de contrat d'une durée de 18 mois avec des salaires inférieurs. Un plan sur dix ans permettra par ailleurs la création de 1 300 nouveaux postes. MAROC En février 2012, Renault a étrenné son usine géante de Tanger, nouvelle base "low cost" aux portes de l'Europe sur fond de polémique sur le "produire en France". Au début, doté d'une seule chaîne de montage, le site devait produire entre 150 et 170 000 véhicules, et sa capacité doit être doublée en 2013 avec une deuxième ligne. A terme, 6 000 salariés y travailleront. Dans l'Algérie voisine, Renault va implanter une usine près d'Oran pour une production initiale prévue en 2014. TURQUIE Le développement de Renault dans ce pays a cristallisé les polémiques sur les délocalisations, notamment celle de l'emblématique Clio, et le coût de la main d'œuvre. Renault compte 6 684 salariés en Turquie, soit 5,5% des effectifs du groupe. 277 572 véhicules y sont produits, soit 12,2% de la production totale du groupe, la Turquie représentant 14,8% de parts du marché.