Les cours du pétrole étaient stables hier matin en Asie après avoir fortement progressé la veille, portés par un regain d'optimisme des courtiers sur la demande et une baisse du dollar alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) entamait une importante réunion à Washington. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars perdait 4 cents à 97,53 dollars, tandis que le Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance gagnait un cent, à 114,37 dollars. Pour Victor Shum, du cabinet IHS Purvin and Gertz à Singapour, "le marché enregistre des réductions de positions après les gains" de mardi, les investisseurs encaissant leurs bénéfices en attendant des annonces importantes pour le premier pays consommateur de brut. Le gouvernement américain devait en effet révéler hier l'ampleur du ralentissement de la croissance économique des Etats-Unis avec la publication par le département du Commerce de sa première estimation du produit intérieur brut pour le quatrième trimestre 2012 et l'ensemble de l'année écoulée. Selon la prévision médiane des analystes, le ministère devrait annoncer que le PIB a crû de 1,0% en rythme annualisé d'octobre à décembre, soit nettement moins que pendant les trois mois d'été (3,1%). S'ils ont vu juste, la croissance officielle annuelle des Etats-Unis devrait apparaître alors à 2,4%, soit sensiblement plus qu'en 2011, où elle n'avait été que de 1,8%. Les courtiers surveillaient aussi une réunion de deux jours des dirigeants de la Fed à Washington destinée à faire le point sur la politique monétaire américaine, puis la publication demain d'un rapport mensuel sur l'emploi et le chômage américains pour janvier. Le mois dernier, l'institution avait mis en place des rachats d'actifs à hauteur de 85 milliards de dollars par mois jusqu'à nouvel ordre, et lié l'évolution de son taux directeur, quasi nul depuis quatre ans, à celle du chômage. Ils digéraient en attendant deux indicateurs contradictoires sur la santé de l'économie américaine: d'un côté la chute du moral des ménages en janvier, à son niveau le plus bas en un peu plus d'un an, de l'autre la hausse des prix des logements en novembre pour le dixième mois d'affilée. Le pétrole bénéfice également du repli du dollar qui accentue mécaniquement la hausse des cours du brut en le rendant plus attractif pour les acheteurs munis d'autres devises. Le brut monte enfin sous l'effet des risques géopolitiques menaçant l'offre nord-africaine alors que l'armée égyptienne a dit craindre "l'effondrement de l'Etat" si les violences perduraient. L'Egypte contrôle le canal de Suez, un passage maritime stratégique pour acheminer le brut en provenance des pays du Golfe. La veille, les cours du pétrole ont nettement progressé à New York, portés par un regain d'optimisme des courtiers sur la demande et une baisse du dollar alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) entamait une importante réunion de deux jours à Washington. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars s'est apprécié de 1,13 dollar à 97,57 dollars, après être monté en cours de séance à 97,82 dollars, son plus haut niveau depuis le 17 septembre. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a terminé à 114,36 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 88 cents par rapport à la clôture de la veille. Il s'était hissé en mi-séance à 114,49 dollars, un sommet depuis la mi-octobre. Comme de nombreuses matières premières, le marché de l'or noir a évolué "dans le sillage du marché des actions qui semble être parti pour se rapprocher de plus hauts historiques", dépassant des sommets atteints avant la crise financière en 2007, a noté Robert Yawger, de Mizuho Securities. Ayant dépassé un seuil psychologique autour de 97 dollars, les prix du brut se sont envolés, en dépit de la publication de chiffres économiques en demi-teinte aux Etats-Unis, a noté l'analyste.En effet, le moral des ménages aux Etats-Unis a enregistré une forte chute en janvier pour le troisième mois consécutif, selon l'indice de confiance des consommateurs de l'institut Conference Board. "Le marché des matières premières se tient bien, les actions aussi, et le dollar est faible, ce que l'on voit souvent dans ce genre de marché", a-t-il détaillé. En effet, le dollar, considéré comme une valeur refuge, pâtissait du regain d'appétit pour les actifs jugés risqués par les investisseurs. Or une baisse du billet vert accentue la hausse des cours du brut, le rendant plus attractif pour les acheteurs munis d'autres devises. Pour beaucoup d'observateurs, ce regain d'optimisme se devait en grande partie au concours financier énorme apporté par les banques centrales, en premier lieu aux Etats-Unis, à l'économie et au marché financier.