La Méditerranée est "de plus en plus une mer de cadavres", a déclaré le ministre de l'Intérieur italien, Giuliano Amato, tout en ajoutant que les gouvernements européens devront assumer la responsabilité de ce trafic criminel, s'ils ne sont pas capables de mettre en place des contrôles efficaces sur les côtes d'où partent les immigrants. Giuliano Amato réagissait à un nouveau drame de l'immigration clandestine : un immigrant clandestin, qui se dit Mauritanien, sauvé le 21 août par un bateau de pêche du port sicilien de Mazara del Vallo et transporté en état de choc jusqu'à l'île italienne de Lampedusa, serait le seul survivant d'un groupe de 46 personnes. Selon son récit, les 45 personnes disparues lors du naufrage du bateau qui les transportaient étaient de nationalité mauritanienne, marocaine, ghanéenne et nigériane. Ils se seraient embarqués au port libyen d'Al Zawara, à l'ouest de la Libye. Depuis l'entrée en vigueur du traité d'Amsterdam en 1999 qui a permis la libre circulation des personnes dans l'Union européenne, les Etats membres tentent de se doter d'une politique commune de l'immigration, mais les politiques nationales priment encore sur les politiques européennes. Europol estime à plus de 500 000 le nombre d'immigrés clandestins qui rejoignent chaque année l'Union européenne. C'est la politique du chacun pour soi. Les pays du nord de l'Europe sont souvent taxés d'indifférents par les pays du Sud du continent qui font face à la pression migratoire la plus forte. La suspension, au milieu de l'été, des patrouilles aériennes et maritimes du Frontex, l'agence européenne de lutte contre l'immigration en Méditerranée pour des raisons essentiellement budgétaires, agace les Italiens qui voient affluer à nouveau des embarcations de plus en plus nombreuses sur leurs côtes. Pressées de trouver des solutions, l'Italie a signé des accords bilatéraux avec la Libye ; mais seule une vraie coopération européenne dans la lutte contre le travail clandestin ainsi qu'un vrai partenariat avec les pays d'origine et de transit des candidats pourrait contenir ce fléau. L'immigration clandestine dans les Etats de l'Europe du Sud, est un problème sans fin pour Frontex, l'Agence de contrôle des frontières basée à Varsovie. Celle-ci souhaite renforcer son réseau de patrouilles côtières, obtenir des fonds et souhaite la conclusion d'accords bilatéraux entre l'Europe et l'Afrique. En attendant la solution miracle, les îles Canaries, la côte Andalouse, les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, les îles méditerranéennes de Lampésuda, et Malte continuent d'accueillir dans les eaux les "pateras". C'est le nom espagnol donné aux petites embarcations utilisées par les candidats à l'immigration. Après la première crise correspondant à l'arrivée en masse d'immigrants clandestins dans les îles Canaries en 2002, le problème a pris des proportions alarmantes en 2006. Cette année-là, l'intérêt des médias du monde entier s'est porté sur cette situation. Pendant ce temps, le coût en vies humaines reste tragiquement élevé. Durant le seul mois de juin 2007, 154 Africains sont morts en tentant de se rendre en Europe à bord des paretas.