Les Bourses européennes chutaient lors des premiers échanges hier, plombées par un regain d'inquiétudes en zone euro après l'annonce d'une taxe sur les dépôts bancaires à Chypre en échange d'un plan de sauvetage international visant à éviter à l'île une cessation de paiement. Madrid affichait la plus forte baisse à -2,45%, suivie par Milan (-2,15%), Paris (-2,01%), Francfort (1,58%) et Londres (1,37%). Cette décision radicale et inédite va mettre les banques de l'ensemble de la zone sous pression. Les valeurs bancaires vont être au centre des préoccupations des investisseurs et des fortes baisses sont attendues à l'ouverture, souligne le courtier IGMarket. Si, a priori, les banques allemandes et françaises devraient être moins touchées que celles de l'Espagne ou de l'Italie, les analystes s'inquiètent d'un risque de contagion. Economiste chez Natixis, Philippe Waechter s'interroge sur l'éventualité d'une défiance des résidents vis-à-vis des dépôts bancaires dans les autres pays de la zone euro. On a le sentiment que la crise de la zone euro pourrait réapparaître et qu'on pourrait avoir un effet de contagion, d'où la réaction du marché ce matin, a commenté Shane Oliver, chef économiste chez AMP Capital à Sydney. Les Bourses asiatiques ont déjà donné le ton un peu plus tôt, Tokyo finissant sur une forte baisse de 2,71% et Hon Kong perdant 2%. Affecté lui aussi, l'euro s'affichait hier matin, à 1,2935 dollar contre 1,3075 dollar vendredi soir. Sur le marché obligataire, les taux à long terme de l'Espagne et de l'Italie se tendaient mais de manière limitée, Madrid voyant toutefois ses taux d'emprunt repasser au-dessus de 5% contre 4,996% vendredi. Tokyo finit en recul de 2,71% La Bourse de Tokyo a clôturé en forte baisse de 2,71% à cause d'une recrudescence des craintes pour la zone euro, après l'annonce d'une taxe sur les dépôts bancaires à Chypre en échange d'un plan de sauvetage. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a chuté de 340,32 points à 12 220,63 points. Il s'agit de son plus fort recul en pourcentage depuis dix mois. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a perdu de son côté 2,22%, lâchant 23,31 points à 1 028,34 points. L'activité a été intense, avec 3,11 milliards d'actions échangées sur le premier marché. Les investisseurs tokyoïtes ont vendu à cause d'un net repli de l'euro et d'une forte remontée du yen, suite aux annonces sur un plan d'aide européen à Chypre intervenues pendant le week-end. L'euro a chuté hier et ne cotait plus que 121,75 yens à 06H00 GMT, contre 124,61 yens vendredi à 21H00 GMT. Cette forte poussée du yen a pesé sur les cours des groupes exportateurs nippons, dont la valeur des revenus à l'étranger, une fois convertis en yens, diminue lorsque la devise japonaise se renforce. Parmi les constructeurs d'automobiles, Toyota a freiné de 3,39% à 4 850 yens, Honda de 3,40% à 3 690 yens et Nissan de 3,45% à 951 yens. Les fabricants d'électronique ont souffert aussi et Sony a chuté de 6,77% à 1 555 yens, après avoir bondi de près de 11% vendredi. Sharp a baissé de son côté de 2,54% à 307 yens. En difficulté financière, il a annoncé dans la matinée le report du versement d'un apport de fonds en provenance de l'américain Qualcomm, apparemment causé par des difficultés à fixer un prix d'achat de nouvelles actions Sharp satisfaisant pour les deux parties. Panasonic, à qui la presse prête l'intention d'arrêter sa production d'écrans TV à plasma vers 2014, a grappillé au contraire 0,58% à 692 yens. M. Baran, s'est néanmoins voulu rassurant pour le marché tokyoïte, où l'indice Nikkei a gagné plus de 40% depuis le mois de novembre à la faveur d'une chute du yen et d'espoirs d'une politique monétaire toujours plus souple de la Banque du Japon (BoJ). "Au vu des attentes vis-à-vis de la BoJ, l'euro devrait chuter davantage vis-à-vis du dollar que du yen. Le marché d'actions japonais, même s'il a récemment progressé, n'est absolument pas à son plus haut niveau historique comme peut l'être le marché américain", a-t-il expliqué. Reste que de nombreux secteurs sensibles aux vents de la conjoncture ont dévissé hier, comme la sidérurgie: Nippon Steel & Sumitomo Metal a fondu de 3,50% à 248 yens et JFE Holdings de 3,89% à 1 876 yens. Le secteur bancaire a plié sous les craintes de voir la taxe chypriote sur les dépôts entraîner une panique financière sur la petite île méditerranéenne: Mitsubishi UFJ Financial Group a perdu 3,12% à 558 yens, Mizuho Financial Group 2,35% à 207 yens et Sumitomo Mitsui Financial Group 2,71% à 3 935 yens.