La recomposition de la filière nucléaire est imminente. Lors de son discours à l'université d'été du Medef, Nicolas Sarkozy n'affirmait-il pas que la France " a acquis une maîtrise de l'énergie nucléaire qui est un atout considérable (…) Elle a une compétence reconnue, des entreprises magnifiques. Il faut leur donner les moyens de se développer " ? Ce qui signifie en creux que le gouvernement va s'atteler au sort d'Areva, son " champion " national. Anne Lauvergeon, le patron d'Areva, a justement réaffirmé vendredi son souhait d'ouvrir davantage le capital du n°1 mondial du nucléaire civil. Selon elle, ce serait la " meilleure solution " pour le développement du groupe. C'est du reste un de ses combats récurrents depuis plusieurs années. A charge évidemment pour le gouvernement - l'Etat en détient 85% - d'en fixer le calendrier et les modalités. Pour l'heure, l'ouverture est limitée à 4% sous forme de certificats d'investissements, c'est-à-dire des actions sans droit de vote. Une partie du solde du capital est aux mains de firmes publiques ou semi-publiques telles que la CDC ou EDF. En attendant que les vœux d'Anne Lauvergeon soient enfin exaucés, le Commissariat à l'Energie Atomique - 1er actionnaire d'Areva avec 80% - a concocté trois schémas plausibles pour Areva, dont Les Echos se sont procurés une copie. Quels sont ces scénarii ? Primo, le développement en solo avec ouverture de capital limitée et des filiales contrôlées à 100%. Dans ce cas, le CEA abandonne 29% du capital et Siemens convertit ses 34% de la filiale Areva NP (celle qui fabrique les réacteurs) en une participation de 8% dans le holding de tête. Secundo, la formation d'un poids-lourd international avec un socle franco-japonais détenu en majorité par les pouvoirs publics. A cette occasion, Bouygues prend 34% d'Areva NP, Total et EDF entrent au sein d'Areva NC (le cycle du combustible) puis Siemens et Mitsubishi complètent le tour de table au sein du holding. Le groupe japonais étant une caution stratégique. Enfin, tertio, la formation d'un champion privé de l'énergie avec un contrôle public sur les activités stratégiques, dont le nucléaire forcément. Selon cette dernière hypothèse, le groupe dirigé par Anne Lauvergeon serait privatisé puis marié à Alstom avec évidemment Bouygues en position favorable. Siemens cèderait sa place à Mitsubishi. La nouvelle entité couvrirait toute la filière, de la production d'uranium à la construction des réacteurs. Dans le même temps, les autres acteurs possibles de la filière commencent à sortir du bois. Martin Bouygues, le PDG du groupe éponyme, détenteur de 25% d'Alstom, espère lui aussi " pouvoir jouer un rôle ". Aussi propose-t-il un rapprochement à trois avec Alstom et Areva. " Si on nous invite à discuter ou à faire des propositions, nous le ferons ". Reste une ultime piste évoquée par Les Echos : un trio formé d'Areva, d'Alstom et d'Eramet, le spécialiste du nickel dont Areva détient 26%. Autant dire un poids-lourd minier de quelque 50 milliards d'euros en bourse.