Le comité de politique monétaire de la banque centrale du Japon (BoJ) a opté avant-hier pour le statu quo à l'issue de la dernière réunion présidée par le gouverneur Masaaki Shirakawa qui quittera ses fonctions le 19 mars en même temps que ses deux adjoints.La BoJ a maintenu son taux directeur au jour le jour dans la fourchette de 0 à 0,1%.Elle entretient ainsi un taux nul, un des moyens mis en oeuvre au milieu d'une batterie de mesures non-conventionnelles depuis l'arrivée de M. Shirakawa en avril 2008, en pleine crise financière internationale et après trois semaines de vacance à la tête de l'institution. Pendant près de 5 ans, il a tenté de lutter contre la déflation, mais s'est dernièrement vu reprocher par le gouvernement de droite de Shinzo Abe d'avoir été trop timoré. La BoJ n'a pas touché non plus avant-hier à l'enveloppe consacrée au rachat d'actifs financiers divers, dont des obligations étatiques, qui est actuellement de 101 000 milliards de yens (810 milliards d'euros) au total. La décision de ne rien changer aux dispositions déjà mises en place a été prise à l'unanimité des neuf membres, a précisé la banque centrale dans un communiqué.Elle avait annoncé le 22 janvier un nouveau procédé qui entrera en vigueur en janvier 2014 et prévoit un montant mensuel de 13 000 milliards de yens dans un premier temps, ce qui de facto revient à une augmentation. Ces diverses mesures ont été prises et amplifiées tout au long du mandat de M. Shirakawa, qui n'a connu que la crise, sur fond de mauvaise conjoncture extérieure, hausse historique de la monnaie japonaise, déflation persistante au Japon et morosité du moral des entrepreneurs et consommateurs, accentuée par le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire de mars 2011. M. Shirakawa, va partir au moment où des signes de reprise commencent à se manifester, grâce à une petite amélioration de la situation internationale et à une nouvelle dynamique entraînée par l'arrivée au pouvoir en décembre du Premier ministre Shinzo Abe. Ce meneur de droite se dit déterminé à donner un sérieux coup de pouce à l'activité économique par le biais de plans massifs de relance et attend de la BoJ une politique monétaire ultra-accommodante. Le comité a reconnu avant-hier que "l'économie japonaise a cessé de s'affaiblir", améliorant ainsi un peu son diagnostic économique. Le mois dernier elle écrivait: "il semble que l'économie du Japon ait cessé de s'affaiblir" et fin janvier que "l'économie japonaise restait relativement faible". Selon la BoJ, les exportations (un des moteurs de la croissance au côté de la consommation intérieure qui va mieux) "semblent ne plus baisser".Pour le moment, la BoJ juge que l'évolution des prix est à peu près égale à zéro et pourrait redevenir négative à court terme du fait d'un contrecoup lié à l'augmentation des prix de l'énergie l'année dernière, avant de recouvrer un niveau zéro.Elle indique qu'elle "poursuivra une politique monétaire souple dans le but d'atteindre l'objectif d'inflation de 2% le plus tôt possible". Dès avant d'être élu à la tête du pays le 26 décembre, M. Abe avait critiqué la banque centrale et l'a forcée ensuite à adopter cet objectif ainsi qu'à s'activer davantage pour l'atteindre.Profitant de la fin du mandat de M. Shirakawa, (qui a en outre décidé d'écourter sa durée légale de 3 semaines), M. Abe, a choisi pour le remplacer un homme qui partage pleinement ses vues, Haruhiko Kuroda, actuel président de la Banque asiatique de développement. Sa nomination doit toutefois encore être validée mi-mars par les deux chambres du Parlement.