L'agence d'évaluation financière Moody's Investors Service a confirmé la note accordée à la dette de l'Italie, malgré sa crise politique persistante, en relevant que le pays arrivait à dégager un excédent de ses comptes publics avant remboursement de sa dette. La note de l'Italie reste fixée à "Baa2", deux crans au-dessus d'une note spéculative. Mais l'agence se réserve la possibilité de l'abaisser à moyen terme, puisque sa perspective d'évolution reste "négative". Une autre grande agence de notation, Fitch Ratings, avait abaissé début mars la note du pays à "BBB+", mais même ainsi dégradée, sa note restait d'un cran supérieure à celle que vient de confirmer Moody's. A l'appui de sa décision, Moody's mentionne la faiblesse actuelle des taux d'intérêt qui "donne du temps au gouvernement pour mettre en œuvre des réformes et permettre à la croissance de repartir". En outre, note-t-elle, le pays dégage un excédent primaire (avant remboursement de sa dette) de ses comptes publics, qui laisse espérer que le fardeau de la dette restera gérable, en dépit des médiocres perspectives de croissance de l'économie italienne. Parmi les facteurs pesant sur la note du pays, Moody's relève la faiblesse des perspectives de rebond de son économie, du fait de l'atonie de la demande, mais aussi de sa lenteur à améliorer sa compétitivité en matière de coûts du travail comparé à d'autres pays périphériques de la zone euro. Moody's s'inquiète aussi de la situation du système bancaire italien, caractérisé par une faible rentabilité, une dégradation de la qualité de ses actifs et des difficultés à se refinancer sur les marchés. Cette situation augmente indirectement les coûts de financement des PME, note-t-elle. L'agence voit aussi un risque dans la situation politique du pays, qui pourrait faire perdre au pays la confiance des investisseurs. Emprunt de 6 milliards d'euros L'Italie a emprunté, hier, 6 milliards d'euros à moyen et long termes à des taux en nette baisse, au lendemain de l'entrée en piste d'un nouveau gouvernement de coalition sous la houlette du chrétien-démocrate Enrico Letta. Le Trésor italien a émis 3 milliards d'euros d'obligations à échéance juin 2018 à un taux de 2,84% (contre 3,65% le 27 mars) et 3 milliards d'euros d'obligations à échéance mai 2023 à un taux de 3,94% (contre 4,66% le 27 mars). Ces taux sont les plus faibles depuis octobre 2010, selon l'agence Dow Jones Newswires. La demande s'est élevée à 1,36 fois l'offre pour l'échéance 2018 et à 1,42 fois pour l'échéance 2023. Les économistes n'étaient pas inquiets pour le déroulement de cette opération en raison des bonnes conditions de marché, caractérisées par d'abondantes liquidités et des nouvelles positives comme le maintien par l'agence Moody's de la note de l'Italie et l'annonce de la formation du gouvernement après deux mois d'impasse politique. "Le contraste entre le choc et l'incertitude nés des élections sans résultat clair de février et le sentiment extrêmement favorable qu'inspirent les titres italiens est frappant", souligne toutefois Nicholas Spiro, analyste de Spiro Sovereign Strategy. La "déconnection entre le marché obligataire et l'économie réelle va probablement augmenter dans les jours et les semaines qui viennent', estime-t-il.
La confiance des entreprises en nette baisse L'indice composite mesurant la confiance des entreprises du secteur manufacturier, de la construction, des services et du commerce, a nettement reculé en avril en Italie, a annoncé, hier, l'institut de statistiques Istat. L'indice s'est établi à 74,6 points en avril contre 78,5 points en mars (chiffre révisé), selon un communiqué. Dans le détail, l'indice mesurant la confiance des entreprises de commerce de détail a progressé à 77,4 points (contre 75,4), tandis que toutes les autres composantes sont en recul. Dans le secteur manufacturier, l'indice s'établit à 87,6 points (contre 88,6), celui du secteur des services a baissé à 68,2 (contre 73,6) et l'indice de la construction à 78,2 points (contre 79,8 points).