Les cours du pétrole ont fini en nette baisse, avant-hier, à New York, digérant la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de laisser inchangé son plafond de production de brut, sur fond d'abondance historique des réserves de brut aux Etats-Unis. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet a chuté de 1,64 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) à 91,97 dollars, clôturant ainsi sous le seuil de 92 dollars pour la première fois depuis début mai. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a fini à 100,39 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 1,80 dollar par rapport à la clôture de la veille, à des niveaux plus vus en clôture depuis début mai également. Dès l'ouverture, les prix de l'or noir ont adopté un ton baissier en écho aux inquiétudes croissantes des courtiers face à l'ampleur de l'offre dans le monde et notamment aux Etats-Unis, alors que la vigueur de la demande restait incertaine. Comme attendu, l'Opep, qui se réunissait à Vienne, a décidé de laisser inchangé son plafond de production de brut, à 30 millions de barils par jour, tout en précisant qu'elle allait continuer à surveiller de près la conjoncture, notamment en Europe, jusqu'à sa prochaine réunion en décembre. “Ce n'est bien évidemment pas une surprise mais des rumeurs avaient circulé hier sur d'éventuelles réductions de ce plafond, et on voit certains courtiers déchanter ce matin”, a relevé Matt Smith, de Schneider Electric. Avant même le début de la réunion, les délégations avaient soutenu une reconduction de cette limite, y compris l'Iran, qui avait pourtant ce mois-ci répété son appel traditionnel à réduire la production du cartel pour soutenir les cours du brut. “Le marché s'attendait à une telle décision mais quand elle a effectivement été annoncée, les courtiers en ont profité pour se débarrasser d'une partie de leurs positions avant le week-end”, a noté Michael Lynch, de Strategic Energy and Economic Research. Aux Etats-Unis, les réserves de pétrole ont atteint des niveaux historiques la semaine dernière, à leur plus haut depuis 1982, selon des chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE) publiés la veille. Sur une base mensuelle, c'est même un record depuis 1931. “Les marchés mondiaux sont abondamment approvisionnés et la consommation de brut ne semble pas partie pour être aussi bonne que ce à quoi nous nous attendions”, a résumé M. Lynch. Sur le front de la demande en effet, les perspectives sont plombées par le marasme économique en Europe et les signes de ralentissement de la croissance chinoise. Le chômage a battu un nouveau record dans la zone euro, s'établissant à 12,2% en avril contre 12,1% le mois précédent, un signal peu encourageant pour les perspectives de consommation d'or noir dans la région. En Asie, le pétrole était en légère hausse dans les échanges matinaux sous l'effet d'un retour à l'achat après un net recul des cours cette semaine dans un marché volatil qui reste préoccupé par les prévisions de croissance mondiale et la demande aux Etats-Unis. Avant la réunion des ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet avançait modestement de deux cents, à 93,63 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance s'appréciant de 10 cents, à 201,29 dollars. Les cours, qui s'étaient déjà repris la veille à New York, continuaient de progresser malgré le niveau record des stocks hebdomadaires de brut aux Etats-Unis, les investisseurs "retrouvant l'appétit à ce niveau de prix", a relevé Jason Hughes chez CMC Markets à Singapour. La hausse reflète sans doute également "des engagements" des courtiers avant la réunion de l'Opep, qui assure environ 35% de la production mondiale d'or noir, a-t-il ajouté.