Les prix à la consommation au Japon, hors produits périssables, ont grimpé de 0,4% en juin sur un an pour la première fois depuis avril 2012, mais la déflation semble encore bien ancrée malgré les efforts déployés par le gouvernement Abe. D'après le ministère des Affaires intérieures, jamais cette statistique n'avait augmenté aussi vigoureusement depuis la fin 2008. Il pourrait s'agir à première vue d'un bon signe pour le Premier ministre conservateur Shinzo Abe dont la lutte contre la déflation qui sévit depuis une quinzaine d'années est une priorité depuis son retour au pouvoir en décembre. Sous sa pression, la Banque du Japon a considérablement assoupli sa politique monétaire en avril en augmentant ses achats d'actifs financiers (dont majoritairement des obligations d'Etat), afin de doubler en deux ans environ la base monétaire (l'argent liquide et les réserves obligatoires des banques). Cette initiative vise à inciter entreprises et particuliers à emprunter, investir et consommer, le tout pour enclencher un cycle vertueux de hausse des prix modérée à même de doper la croissance. Mais la hausse de juin est différente. Elle est due en grande partie à l'augmentation des tarifs de l'électricité (+9,8%), provoquée par les surcoûts auxquels font face les compagnies forcées d'importer des hydrocarbures renchéris par la hausse des devises étrangères face au yen. Ce gonflement de la facture énergétique est d'autant plus pesant que ces compagnies d'électricité sont privées de la quasi-totalité de leurs réacteurs nucléaires, arrêtés par précaution après l'accident de Fukushima de mars 2011. Hormis le courant, les prix du gaz ont aussi progressé (+2,8%), tout comme ceux de l'essence (+6,4%). Or la priorité des autorités est de faire remonter les prix des marchandises manufacturées et des produits de consommation, alors qu'en juin, les prix des produits électroménagers ont encore reculé sensiblement (-13,4%), tout comme ceux des produits électroniques grand public (-3,5%). "Il est difficile de conclure que la hausse des prix globale est due aux Abenomics", la politique de relance du Premier ministre, a expliqué Masahiko Hashimoto, économiste à l'Institut de recherche Daiwa. "Bien sûr, le yen a chuté en raison des Abenomics", ce qui a entraîné une hausse des tarifs de l'énergie pour les consommateurs. Mais M. Hashimoto y a vu une évolution "défavorable" de nature à saper le pouvoir d'achat des particuliers. "Une bonne inflation intervient lorsque les prix augmentent en accompagnant la croissance. Il y a peut-être un frémissement de ce côté mais il est difficile d'en juger aujourd'hui", a-t-il souligné, notant que la baisse des prix des biens durables avait tendance à s'apaiser. L'indice des prix à la consommation dans la région de Tokyo, considéré comme un indicateur avancé de l'évolution des prix dans le reste du Japon, a progressé de son côté de 0,3% en juillet sur un an, hors produits périssables, a précisé le ministère.