Pourquoi l'Algérie n'a-t-elle pas sombré vers l'islamisme politique ? Pourquoi les pays du Golfe n'ont-ils pas sombré vers la démocratie ? Ceux qui parlent de fraude en Algérie expliquent ainsi que les élections sont encadrées et qu'il n'y a pas de place pour les surprises. Par contre, pour ce qui concerne les pays du Golfe arabe, il n'y a même pas d'élections, ce qui implique que le pouvoir demeurera toujours le pouvoir, à tout prix et quel qu'en soit le coût. Peut-il exister une recomposition politique sans élections libres ou sans élections, tout court ? Non, même s'il se produit une révolution colorée sans violence. Non également si des émeutes du genre se produisent comme de celles d'octobre 88. Par les urnes, il n'y avait jamais eu de recomposition, une vraie recomposition politique. Par les armes, il n'y avait jamais eu de recomposition politique. Tout juste un changement d'équipes au sein du pouvoir. Quelques-uns partent tout en sachant qu'ils reviendront un jour, d'autres restent pour qu'il n'y ait pas de guerre entre ceux qui ont toujours été identifiés au système. Par le dialogue, il ne faudrait rien espérer de nouveau. Autant pour les enjeux de pouvoir que pour les enjeux économiques, le dialogue est lui-même un facteur de conservation du statut quo ou d'aggravation de la crise. On dit à chaque fois lors des élections législatives, on le dit bien sûr au niveau des participants au pouvoir, on y va la crampe au ventre, car ils ont peur que les islamistes emportent la majorité. Et pourtant, ils savent très bien que cela ne sera pas le cas. Quels partis islamistes seront-ils susceptibles de gagner les élections ? HMS est discrédité pour les islamistes. Il a été accusé d'avoir été créé dans le laboratoire du pouvoir. Il confirme cette accusation en participant au pouvoir. Un autre parti était vu gagnant. Il aurait pu s'appeler officiellement le " Wafa ". Le refus de sa légalisation avait protégé le FLN. Si réellement pouvaient être nombreux ceux qui, au niveau du pouvoir, se tenaient le ventre et conjuraient lors des dernières élections une large victoire des islamistes, cela sous-entend que les pouvoirs publics se sont vraiment trompés quand ils assuraient que l'intégrisme ne passera pas. Au vu du calme qui règne actuellement dans le champ politique, sommes-nous dans le cas d'une pause stratégique en matière d'hostilités, du moins sur le plan verbal, entre camps idéologiquement antagonistes, alors que refuser mutuellement le droit à l'existence politique était leur passe-temps favori, car cela justifiait pour les uns et les autres le combat dont ils disaient être porteurs ? Cela est bien évident si on se contente d'observer la scène en s'en tenant seulement à une première lecture, que les islamistes qui sont dans l'opposition ne semblent pas reconnaître le caractère islamiste à ceux qui sont dans le pouvoir, quadruple preuve étant que l'ex fis considérait HMS comme un diviseur des rangs, qu'il s'était retrouvé parmi les personnalités islamistes qui accusaient ce parti d'avoir été créé par les officines, que les partis créés par Djaballah avant qu'il n'en fut dépossédé ne mouraient pas d'envie de l'étreindre, sauf peut-être de l'étouffer et que les (anciens) émirs de l' (ancienne) AIS avaient affirmé, avant la tenue des avant-dernières élections législatives et locales, avoir fait fleur choix de s'inscrire sur les listes électorales du FLN, en y identifiant le pilier islamiste, plutôt que sur les listes du HMS.