Le pétrole coté à New York s'est renchéri avant-hier, dopé par un cocktail mêlant espoir de solution budgétaire aux Etats-Unis, réapparition de tensions au Moyen-Orient et production en berne du côté de l'Opep.
Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre a clôturé en hausse de 1,40 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), à 103,01 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a clôturé à 111,08 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 2,74 dollars par rapport à la clôture de mercredi. Le pétrole s'est envolé dans le sillage des actions (...) grâce à l'espoir de finalement voir un accord budgétaire aux Etats-Unis, a souligné Phil Flynn, de Price Futures Group. Si cela peut éviter à l'économie de s'effondrer, c'est bon signe pour la demande de brut, a-t-il fait valoir. Le président des Etats-Unis Barack Obama devait recevoir jeudi à la Maison Blanche une dizaine de républicains pour tenter de parvenir à un compromis, après 10 jours de paralysie de l'Etat. Les deux camps semblent prêts à adopter une solution provisoire sur le relèvement du plafond de la dette et sur le budget américain. Cette perspective a occulté la forte hausse des nouvelles inscriptions au chômage la semaine dernière aux Etats-Unis (+66 000 à 374 000), qui est plutôt de mauvais augure pour la consommation d'or noir, surtout au moment où des centaines de milliers de fonctionnaires sont au chômage technique. Par ailleurs, des tensions sont apparues du côté de l'offre. L'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) a annoncé que sa production était retombée à des niveaux pas vus en près de deux ans, à cause de réductions en Irak, en Libye, et en Arabie saoudite, a remarqué Matt Smith, analyste de Schneider Electric. En Libye, un nouvel épisode a réveillé les craintes du marché sur la production du pays: le Premier ministre libyen Ali Zeidan a été enlevé jeudi par une brigade d'ex-rebelles, avant d'être finalement libéré quelques heures plus tard, signe des tensions qui continuent de traverser le pays. La production pétrolière de la Libye est régulièrement menacée ces derniers mois par des grèves et diverses protestations sur les lieux de production et d'exportation d'or noir. Les observateurs s'accordent cependant à dire que le baril est sous pression aux Etats-Unis, en raison de la forte hausse des réserves de brut de 6,8 millions de barils la semaine dernière, près de cinq fois plus importante que ce à quoi s'attendaient les analystes. Cette progression est perçue comme un mauvais signe pour la demande énergétique des Etats-Unis, premier consommateur mondial d'or noir. Nous sommes dans la période creuse jusqu'à la fin du mois, quand les besoins en chauffage vont commencer à se faire sentir sur la demande, a souligné Robert Yawger, de Mizuho Securities USA. En Asie, les prix du pétrole ont rebondi dans les échanges matinaux dans l'espoir d'une sortie de l'impasse budgétaire aux Etats-Unis après le début des rencontres entre le président Barack Obama et des parlementaires américains. Après avoir perdu près de deux dollars mercredi, le baril de référence coté à New York pour livraison en novembre s'appréciait de 7 cents à 101,68 cents dans les échanges matinaux tandis que le baril de Brent de la mer du Nord à même échéance gagnait 7 cents, à 109,13 dollars. "Il reste des inquiétudes concernant une impasse sur le budget américain qui réduirait la demande en pétrole dans la première économie consommatrice (de brut) au monde", mais les discussions en cours sont encourageantes, a noté Vanessa Tan, analyste chez Phillip Futures.
Hausse bien plus forte que prévu des stocks de brut US Les stocks de pétrole brut ont augmenté bien plus qu'attendu la semaine dernière aux Etats-Unis, selon les chiffres hebdomadaires du département américain de l'Energie (DoE) publiés la veille. Les réserves de brut ont progressé de 6,8 millions de barils, à 370,5 millions, lors de la semaine achevée le 4 octobre, alors que les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires tablaient sur une hausse plus modeste, de 1,4 million de barils. Ces stocks, qui avaient déjà augmenté de 8,1 millions de barils la semaine précédente, se maintiennent dans la partie haute de la fourchette moyenne en cette période de l'année et ils ont monté de 1,1% par rapport à leur niveau d'il y a un an, a précisé le DoE. Les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont, elles, diminué de 3,1 millions de barils, à 126 millions de barils, soit bien au-delà du recul de 1,2 million de barils anticipé par les analystes. Elles sont en hausse de 4,3% sur un an mais restent proches de la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les stocks d'essence ont de leur côté enregistré une légère augmentation de 100 000 barils, à 219,9 millions, alors que les experts prévoyaient une hausse plus prononcée de 600 000 barils. Ils se maintiennent en haut de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 12,5% par rapport à leur niveau de l'an dernier, a précisé le ministère. Surveillées de près par les courtiers, les réserves de brut à Cushing (Oklahoma), où le pétrole qui sert de référence au WTI s'était accumulé en 2012 et en début d'année 2013, ont poursuivi leur recul, diminuant de 200 000 barils à 32,6 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont augmenté de 1,7 million de barils. Côté demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 19,2 millions de barils de produits pétroliers par jour, soit 3,7% de plus qu'à la même période de l'année dernière. La demande de produits distillés a baissé de 0,1% en glissement annuel, tandis que celle d'essence a augmenté de 1,8%. Les raffineries américaines, en pleine période de maintenance, ont nettement ralenti la cadence, fonctionnant à 86,0% de leurs capacités contre 89,0% la semaine précédente.