Les prix du pétrole ont terminé en hausse, avant-hier, à New York, bénéficiant, outre un rebond technique, d'un accès de faiblesse du dollar après des indicateurs économiques décevants aux Etats-Unis. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin a avancé de 85 cents à 95,16 dollars. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'était le dernier jour de cotation, a terminé à 103,80 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en légère hausse de 12 cents. Face à un tableau plutôt sombre sur le plan des indicateurs économiques ce matin aux Etats-Unis, le WTI a bénéficié d'un regain d'intérêt du marché, en raison notamment d'une baisse du dollar au cours de la séance, a noté David Bouckhout, de TD Securities. En effet, la baisse du billet vert renforce l'attractivité des actifs libellés dans cette monnaie, comme le brut, qui deviennent plus accessibles à des investisseurs munis d'autres devises. Selon cet expert en matières premières, les prix du brut texan ont également su tirer parti de raisons techniques, comme une baisse de l'écart des prix entre le Brent de Londres et le WTI new-yorkais, ou encore un afflux de capitaux après de fortes baisses. Mais, alors que des inquiétudes sur l'abondance de l'offre et la vigueur de la demande en or noir persistaient, peu de données de base ont aidé le WTI aujourd'hui. Les Etats-Unis ont fait part dans la matinée d'une série de statistiques économiques bien moins brillantes que prévu, jetant un froid sur les marchés financiers qui misaient de plus en plus sur une accélération de la reprise américaine. Sur le front de l'emploi, crucial pour la croissance du pays, et la solidité de la demande en pétrole du premier consommateur mondial d'or noir, les nouvelles inscriptions au chômage la semaine terminée le 11 mai ont affiché une forte hausse (+9,75%), plus nette que prévu par les analystes. Dans l'immobilier, les mises en chantier de logement ont accusé leur plus forte baisse depuis février 2011 en avril après deux mois consécutifs de hausse. Et après une déception mardi dans la région de New York, l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (nord-est des Etats-Unis) est passé en territoire négatif en mai. Ces mauvaises données étaient cependant reçues par une partie des opérateurs sous un jour favorable car elles allaient dans le sens d'une poursuite de la politique monétaire ultra-accommodante menée par la Banque centrale américaine (Fed) pour stimuler l'économie du pays. Dans ce marché, les +mauvaises+ nouvelles sont aussi de +bonnes+ nouvelles, a ainsi noté Matt Smith, de Schneider Electric. En Asie, les cours du pétrole s'affichaient en baisse dans les échanges matinaux, dans un marché prudent après la publication de chiffres décevants sur la production industrielle américaine. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin perdait 33 cents, à 93,97 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait 16 cents à 103,52 dollars. "Les chiffres décevants sur la production industrielle ont ranimé les inquiétudes sur l'économie américaine, qui pourrait ne pas aller aussi bien que les autres indicateurs le laissaient espérer", a déclaré Ric Spooner, analyste chez CMC Markets à Sydney. "Les opérateurs adoptent une approche prudente. Ils attendent la publication de plus amples données, sur l'immobilier et l'emploi par exemple, qui jouent sur les cours du pétrole", a-t-il ajouté.
Baisse surprise des stocks de brut au 10/05 Le marché a par ailleurs continué à digérer les chiffres du Département de l'Energie américain (DoE) qui ont fait état la veille d'une légère diminution sur la semaine achevée le 10 mai, des stocks américains de brut, qui avaient atteint la semaine précédente un niveau record depuis 31 ans. Les réserves d'essence et de produits distillés (dont gazole et fioul de chauffage) ont cependant fortement gonflé, prenant par surprise les analystes et ravivant les craintes sur la demande énergétique aux Etats-Unis, premier pays consommateur de brut. Les réserves de brut ont précisément diminué de 600 000 barils lors de la semaine achevée le 10 mai pour s'établir à 394,9 millions de barils. Les experts interrogés par l'agence Dow Jones Newswires prévoyaient qu'ils se maintiennent au niveau de la semaine précédente, qui correspondait à un record depuis 1982, année à laquelle a débuté la publication de données hebdomadaires. Ces réserves se maintiennent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 3,5% par rapport à leur niveau d'il y a un an, a précisé le DoE. Les réserves de produits distillés ont de leur côté augmenté de 2,3 millions de barils à 119,9 millions de barils, dépassant largement les attentes des analystes qui tablaient sur une hausse de 700 000 barils seulement. Elles sont en hausse de 0,1% sur un an mais se maintiennent dans la partie basse de la fourchette moyenne pour cette période de l'année. Les réserves d'essence, très surveillées avant la saison estivale des grands déplacements en voiture, ont progressé de 2,6 millions de barils à 217,70 millions de barils, contredisant largement les anticipations des experts qui avaient misé sur un repli, de 700 000 barils. Elles s'établissent dans la partie supérieure de la fourchette moyenne en cette période de l'année et sont en hausse de 6,5% par rapport à leur niveau de l'an dernier, a précisé le ministère. Surveillées de près par les courtiers, les réserves de brut à Cushing (Oklahoma), où le pétrole qui sert de référence au WTI s'est accumulé ces derniers mois, ont progressé de 600 000 barils, à 49,7 millions de barils. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont avancé de 2,7 millions de barils. Côté demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 18,5 millions de barils de produits pétroliers par jour, soit 1,0% de moins qu'à la même période de l'année dernière. La demande de produits distillés a diminué de 3,1% par rapport à la même période en 2012, tout comme la demande en essence. Les raffineries américaines ont accéléré la cadence, fonctionnant à 88,0% de leur capacité contre 87,0% la semaine précédente.