Tout le Tiers-monde a encore en mémoire la date du 29 octobre 1965 qui représente l'enlèvement et l'assassinat après de Mehdi Ben Barka. Ce militant de la première heure contre l'impérialisme, le colonialisme, luttant pour la liberté du peuple, né en 1920 à Rabat (Maroc), était avant tout un homme politique marocain, principal opposant socialiste à la monarchie de son pays. Leader du mouvement tiers-mondiste et panafricanisme, il fonde, en septembre 1959, l'Union nationale des forces populaires (UNFP), principale formation de gauche opposée au régime royal. Le futur Hassan II, ambitieux et aspirant à succéder au plus vite à son père Mohamed V, organise la répression contre de la gauche dirigée par Ben Barka, ce qui a contraint ce dernier à un exil à Paris. A la mort du roi Mohamed V, Hassan II monte ur le trône et annonce vouloir faire " la paix " avec son principal opposant. Ben Barka rentre au Maroc en mai 1962. " Alors qu'il est chargé d'organiser la participation des mouvements révolutionnaires du tiers-monde à la Conférence tricontinentale qui devait se réunir à la Havane en 1966, Ben Barka se rend à Paris sur invitation de Philippe Bernier, journaliste enquêteur, pour un rendez-vous avec des cinéastes ayant un projet de films sur la décolonisation ". Le 29 octobre 1965 à 12h30, devant la brasserie Lipp du 151 boulevard Saint-Germain de Paris où il devait retrouver ses interlocuteurs, Ben Barka est interpellé par deux policiers français, l'inspecteur principal Louis Souchon, chef du groupe des stupéfiants à la Brigade mondaine et son adjoint Roger Voitot, qui le font monter dans une voiture au côté de Le Ny, homme de main d'un certain George Boucheseiche(un homme indique-t-on des " messieurs sales boulots " du Réseau Foccart). Prétextant qu'il doit rencontrer une haute personnalité, les policiers emmènent Ben Barka dans la propriété de George Boucheseiche à Fontenay-le-Vicomte. Le 30 octobre le général Oufkir et le colonel Dlimi se rendent dans cette propriété. Le 31 octobre 1965, la disparition de Mehdi Ben Barka est signalée aux autorités françaises par son frère. Après 48 années, l'enlèvement et l'assassinat de Mehdi Ben Barka restent toujours un mystère sans la moindre vérité. Mais, une chose est certaine, les autorités françaises pour se couvrir font référence à la conférence de presse du 21 février 1966 au cours de laquelle le général de Gaule avait déclaré : " Du côté français que s'est-il passé ? Rien que de vulgaire subalterne. Rien, absolument rien, n'indique que le contre-espionnage et la police, en tant que tels et dans leur ensemble, aient connu l'opération, a fortiori qu'ils l'aient couverte ". De l'aveu même de la presse française, cette fameuse affirmation sera contredite par les découvertes ultérieures : le SDECE, ancêtre de la DGSE, était bien au courant du projet d'enlèvement tout comme dudit projet sur le sol français. Selon nombre de révélations qui datent de juillet 2001, Mehdi Ben Barka aurait été exfiltré vers le Maroc, torturé, puis son corps dissout dans une cuve d'acide. Il y a aussi les révélations des frères Bourequat, déclarant que des truands français ayant participé à l'enlèvement de Ben Barka s'étaient réfugiés au Maroc. D'abord tenanciers d'établissement de nuit, ils ont ensuite été enfermés au bagne de Tarmamart, puis exécutés et enterrés en secret. Mehdi Ben Barka en 1963 avait dénoncé le conflit frontalier entre l'Algérie et le Maroc, " la guerre des sables ", ce qui lui a valu de comploter contre le royaume, et condamné à mort par contumace.