Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Abdelwahab Nouri a appelé, avant-hier, à lever les contraintes entravant l'investissement dans le secteur agricole, soulignant la nécessité de l'orienter pour éviter les situations de saturation. "La promotion des investissements dans le secteur agricole exige la lutte contre la bureaucratie comme condition sine qua non. Il faut que l'administration facilite les procédures et se montre à l'écoute des agriculteurs", a-t-il déclaré lors de la réunion trimestrielle d'évaluation des contrats de performance du secteur. "Est-il possible d'exiger par exemple autant de documents aux agriculteurs et aux investisseurs ? c'est une perte de temps qui n'est pas sans conséquences sur l'investissement", a-t-il souligné en présence de Mohamed El Ghazi, ministre auprès du Premier ministre, chargé de la réforme du service public, de Hocine Necib, ministre des Ressources en eau, et de Mohamed Djellab, ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé du budget. "Il y a un grand effort à faire au niveau de la simplification des procédures administratives et en termes de facilitations à accorder au investisseurs. Nous sommes là pour réunir les conditions nécessaires pour que toute volonté d'investissement puisse être concrétisée", a-t-il ajouté. M. Nourri a souligné aussi l'importance d'encourager l'investissement dans le froid durant le prochain quinquennat (2015-2019) afin de rattraper le grand retard dans ce domaine. Les investisseurs, a-t-il poursuivi, doivent bénéficier aussi de facilités pour monter des unités de transformation au moment où le pays enregistre des surplus dans plusieurs filières comme la pomme de terre. Le ministre a mis l'accent sur la nécessité d'orienter les investisseurs vers d'autres créneaux autres que ceux de la transformation du lait et des céréales, actuellement "saturés". "On se retrouve, aujourd'hui, avec un excèdent de 20% de laiteries et de 20 à 25% de minoteries, dépassant largement les besoins du marché national", a-t-il argumenté. "Si on venait à donner à tout le monde les quantités dont ils avaient besoin pour faire fonctionner toutes ces unités, cela veut dire que la facture de la poudre de lait et celle des céréales, déjà lourde, allaient se multiplier par deux", a ajouté le ministre. M. Nouri a demandé aux responsables de son secteur de recenser les unités de transformation de lait et des céréales afin de réguler l'investissement dans ce créneau et améliorer sa répartition au niveau national, d'autant plus que certaines régions sont déficitaires. Le ministre a instruit également les responsables de son secteur d'enquêter sur les investissements qui n'ont pas obtenu les résultats escomptés, pour connaître les raisons de l'échec.
Un mégaprojet d'investissement étranger dans l'élevage au Sud Interrogé sur l'achat des terres agricoles par des investisseurs étrangers, M. Nouri a affirmé que la loi algérienne ne permet pas de vendre des terres, mais encourage l'investissement dans le cadre de la législation régissant l'investissement étranger conformément à la règle 51/49% qui accorde la majorité au partenaire national. Le ministre a révélé, dans ce sens, que son département avait donné son accord pour un mégaprojet dans la production laitière et l'élevage bovin proposé par un "grand investisseur irlandais". "J'ai reçu des investisseurs étrangers potentiels présentant un mégaprojet. Ils ont demandé 120 000 hectares de terres pour la réalisation de 12 fermes d'élevage et de production laitière entre Ghardaïa et El Menia, à raison de 3 000 vaches par ferme", a-t-il affirmé. "Des négociations sont en cours avec ces investisseurs et le ministère a répondu favorablement en commençant avec une superficie de 5 000 ha, exigeant toutefois, du partenaire étranger un transfert de technologies", a révélé M.Nouri sans préciser le montant du projet. Evoquant le dossier du foncier, notamment la conversion du droit de jouissance en concession de 40 ans pour l'exploitation des terres privées de l'Etat, le ministre a appelé les wilayas retardataires à mobiliser tous les moyens afin d'achever la régularisation de tous les agriculteurs à la fin décembre comme prévu. Le manque de pluviométrie qui n'est pas sans conséquences sur l'agriculture, ne signifie pas sécheresse, selon le ministre qui lui préfère parler d'"un déficit chronique". "Je ne peux pas parler de sècheresse car c'est encore tôt. Nous sommes inquiets et en même temps nous gardons espoir pour le mois de novembre et décembre pour sauver notre agriculture", a-t-il dit. Il a souligné, dans ce contexte, que son secteur devrait arriver à irriguer 2,2 millions d'ha à moyen terme contre 1,1 million actuellement. Le ministre des Ressources en eau, M. Hocine Necib, a affirmé, de son côté, que les quantités d'eau destinées à l'agriculture (65% des ressources) devraient être augmentées avec la mobilisation des eaux non conventionnelles comme les eaux épurées et le dessalement d'eau de mer.