Les innombrables potentialités agricoles que recèle le pays gagnent à être valorisées par la modernisation des moyens et méthodes d'exploitation. C'est là la seule condition d'atteindre l'objectif d'autosuffisance alimentaire. L'ambition nationale est même d'aller au-delà de cet objectif et booster les exportations agricoles. Cette modernisation passe indubitablement par le recours au partenariat étranger notamment dans le domaine technologique. C'est dans ce sens que l'Algérie s'apprête à accueillir un grand projet d'investissement dans le domaine de la production laitière. L'annonce a été faite par le ministre de l'Agriculture et du développement rural, Abdelwahab Nouri, qui s'exprimait en marge de la réunion trimestrielle sur les contrats de performance des wilayas dans le secteur agricole. Le ministre a indiqué que ce projet présenté par des investisseurs irlandais et britanniques prévoit la création de 12 fermes de 36000 vaches laitières chacune répartie sur superficie de 120.000 ha et le développement de la filière fourragère. «Alger a donné son accord de principe pour ce projet qui sera réalisé selon la règle 51/49 régissant l'investissement», a-t-il précisé, ajoutant que le projet sera implanté entre El Ménéa et Ghardaia. Selon lui, l'Etat a déjà réservé 5.000 ha pour lancer le projet, avant d'augmenter graduellement la superficie. Le ministre a expliqué la contribution de l'investissement étranger par le souci de bénéficier du savoir-faire dans le domaine agricole. L'Algérie a lancé un appel à participation en direction des investisseurs étrangers en 2011 pour la gestion et l'exploitation de fermes-pilotes. Actuellement, il existe 174 fermes-pilotes sur le territoire national qui sont gérées par des exploitants étrangers, selon la règle 51/49. Par ailleurs, le ministre a rappelé l'excédent des capacités nationales en minoteries et laiteries, par rapport aux besoins nationaux en matière de céréales et de lait. «Nous disposons de 25% de laiteries en plus et 20 % de minoteries», a-t-il précisé, ajoutant que le secteur ne peut fournir la matière première nécessaire pour faire tourner toutes les unités de production existantes. L'Etat accorde aux minoterie et semouleries, à travers l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC), un quota de céréales à prix subventionné de 70% de leurs capacités de trituration. Il fait de même avec les laiteries par le biais de l'Office national interprofessionnel de lait (ONIL) en fournissant la poudre de lait subventionnée, selon le taux d'intégration du lait cru dans la fabrication. «Si on doit donner la matière première pour toutes les unités de production, on doit aussi multiplier nos importations», a expliqué le ministre, annonçant la mise en place prochaine d'une cartographie nationale des unités de production pour trouver une solution à ce problème. Lever les entraves à la promotion des investissements dans l'agriculture Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. AbdelwahabNouri a, à l'ouverture de la réunion trimestrielle d'évaluation des contrats de performance du secteur, appelé à lever les contraintes entravant l'investissement dans le secteur agricole, soulignant la nécessité de l'orienter pour éviter les situations de saturation. «La promotion des investissements dans le secteur agricole exige la lutte contre la bureaucratie comme condition sine qua non. Il faut que l'administration facilite les procédures et se montre à l'écoute des agriculteurs», a-t-il déclaré lors. «Est-il possible d'exiger par exemple autant de documents aux agriculteurs et aux investisseurs? c'est une perte de temps qui n'est pas sans conséquences sur l'investissement», a-t-il souligné en présence de Mohamed El Ghazi, ministre auprès du Premier ministre, chargé de la réforme du service public, de Hocine Necib, ministre des Ressources en eau et de Mohamed Djellab, ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé du budget. «Il y a un grand effort à faire au niveau de la simplification des procédures administratives et en terme de facilitations à accorder au investisseurs. Nous sommes là pour réunir les conditions nécessaires pour que toute volonté d'investissement puisse être concrétisée», a-t-il ajouté. Investir dans le froid pour absorber les surplus M. Nourri a souligné aussi l'importance d'encourager l'investissement dans le froid durant le prochain quinquennat (2015-2019) afin de rattraper le grand retard dans ce domaine. Les investisseurs, a-t-il poursuivi, doivent bénéficier aussi de facilités pour monter des unités de transformation au moment où le pays enregistre des surplus dans plusieurs filières comme la pomme de terre. Le ministre a mis l'accent sur la nécessité d'orienter les investisseurs vers d'autres créneaux autres que ceux de la transformation du lait et des céréales, actuellement «saturés». «On se retrouve, aujourd'hui, avec un excèdent de 20% de laiteries et de 20 à 25% de minoteries, dépassant largement les besoins du marché national», a-t-il argumenté. «Si on venait à donner à tout le monde les quantités dont ils avaient besoin pour faire fonctionner toutes ces unités, cela veut dire que la facture de la poudre de lait et celle des céréales, déjà lourde, allaient se multiplier par deux», a ajouté le ministre. M. Nouri a demandé aux responsables de son secteur de recenser les unités de transformation de lait et des céréales afin de réguler l'investissement dans ce créneau et améliorer sa répartition au niveau national, d'autant plus que certaines régions sont déficitaires. Le ministre a instruit également les responsables de son secteur d'enquêter sur les investissements qui n'ont pas obtenu les résultats escomptés, pour connaître les raison de l'échec. Achever la régularisation des bénéficiaires de concessions avant décembre Evoquant le dossier du foncier, notamment la conversion du droit de jouissance en concession de 40 ans pour l'exploitation des terres privées de l'Etat, le ministre a appelé les wilayas retardataires à mobiliser tous les moyens afin d'achever la régularisation de tous les agriculteurs à la fin décembre comme prévu. Le manque de pluviométrie qui n'est pas sans conséquences sur l'agriculture, ne signifie pas sécheresse, selon le ministre qui lui préfère parler d'»un déficit chronique». «Je ne peux pas parler de sècheresse car c'est encore tôt. Nous sommes inquiets et en même temps nous gardons espoir pour le mois de novembre et décembre pour sauver notre agriculture», a-t-il dit. Il a souligné, dans ce contexte, que son secteur devrait arriver à irriguer 2,2 millions d'ha à moyen terme contre 1,1 million actuellement. Le ministre des Ressources en eau, M. Hocine Necib a affirmé, de son côté, que les quantités d'eau destinées à l'agriculture (65% des ressources) devraient être augmentées avec la mobilisation des eaux non conventionnelles comme les eaux épurées et le dessalement d'eau de mer.