Scène du film Ombline C'est avec un long-métrage du français Stéphane Cazes que s'est ouverte donc cette manifestation cinématographique qui s'étalera jusqu'au 26 décembre. Les amoureux du cinéma se sont donné rendez-vous jeudi soir pour l'ouverture du Festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé dans sa 4e édition. Une salle pleine a accueilli cette manifestation en préambule avec une vidéo signée Mounes Khemmar résumant à peu près le programme qui nous attend durant une semaine, avant que la commissaire Madame Zehira Hahi ne présente les membres du jury, lesquels auront à départager le meilleur film entre documentaire et fiction et déterminer ainsi les deux prix (Grand Prix, Prix spécial du jury). Présidé dans la section fiction par la réalisatrice Djamila Sahraoui, le jury sera ainsi composé du réalisateur franco-guinéen Mama Keita (l'absence), le réalisateur algérien Amor Hakkar (La maison jaune), la critique d'art et professeur aux Beaux-arts, l'Algérienne Nadira Laggoune et la spécialiste de cinéma, l'Egyptienne Sahar Ali. Quant au jury de la section documentaire, il est présidé par le réalisateur algérien Larbi Benchiha, la réalisatrice algérienne Mariem Hamidat, le réalisateur algérien Chergui Kharroubi, la réalisatrice française Mariette Montpierre et l'écrivain Américo-malien Mantha Diawara. D'excellents jurys pour une fois qui ont entamé ce festival par la projection en compétition du film Ombline du réalisateur français Stéphane Cazès. Un film touchant qui suit les péripéties dramatiques saupoudrées de quelques passages d'accalmie d'une jeune maman qui se débat pour garder son bébé en prison faute de proches pour s'en occuper, son compagnon étant décédé, et son père incarcéré aussi, alors qu'elle n'avait que 13 ans. Premier long-métrage pour ce réalisateur, il n'en demeure pas moins que ce film totalement inspiré de faits divers, a nécessité «plus de sept ans de documentation» au scénariste et réalisateur Stéphane Cazés qui a-t-il confié «se rendait en prison à la rencontre de ces mères détenues pendant deux ans», après avoir «rencontré plusieurs employés du milieu carcéral et d'anciennes détenues». Aussi, filmé avec caméra tout le temps rapproché du visage lorsqu'il s'agit de la mère, ce film nous plonge d'emblée dans un univers fait de compromission et de combat permanent pour pouvoir survivre, en prison. Gravitent autour de Ombline durant une bonne partie du film deux autres types de fille-mère, une qui, lasse du système préfère s'engouffrer dedans et faire adopter son bébé et une autre, plus tenace qui tend à s'accrocher et résister pour son enfant, alors qu'elle sait que la réinsertion sociale sera très dure, une fois dehors. Si le film se passe en majorité en prison l'écho de l'extérieur est bien pesant, ce que le réalisateur réussit à nous faire ressentir en plus du sentiment de détresse de ces femmes larguées qui tentent tant bien que mal de résister, en adoptant ce nouveau rythme de vie des plus astreignants et écrasants, ballottées entre sentiment de peur, de désespoir et d'espoir malgré tout, pour certaines. Si les petits moments de répit ou de bonheur partagé avec l'enfant est perceptible, le film ne manque pas de souligner l'effroyable épreuve par laquelle passe ces femmes, une fois mises en prison. On n'omettra pas de souligner l'excellente direction d'acteur, qui fait de ce film un bon document crédible et notamment la flexibilité remarquable du bébé et sa façon naturelle de répondre à l'attente des comédiens. Epuré sans trop de fioriture, Ombline avec une Mélanie Thierry crevant l'écran donne à voir une mise en scène des plus dynamiques parsemée de moments fleur bleu et de poésie émouvante qui remuera plus d'un. Ombline c'est la lutte d'une femme acharnée qui protège son enfant mordicus, comme une louve dans une jungle. Avec des cris, griffes, mais aussi une violence étouffée parfois à contre-coeur. D'ailleurs, c'est en prison grâce à son bébé, qu'elle se sentira grandie paradoxalement, car l'enfant de la balle qu'elle était, apprendra ainsi à devenir meilleur, en faisant le doux mais amer apprentissage du goût du sacrifice, jusqu'à la disparition du déluge qui avait subitement submergé sa famille. Une précipitation violente dans la vie de cette jeune femme et son effacement au fur et à mesure qu'elle apprendra à faire le travail sur elle-même et chasser les mauvais tourments par amour pour son fils. Une ascension psychologique, que Stéphane Cazès parviendra à traduire sur écran et rendre palpable. Et ce n'est pas fini, puisque la salle El Mougar continue d'abriter de bons films. Aujourd'hui vous êtes conviés à apprécier à 15h le documentaire Cong Binh en présence de son réalisateur La Leê, à 17 h le documentaire l'autre côté du mur en présence de son réalisateur Denis Vericel et enfin à 19h la fiction La vierge Margarida de Licino Azevedo.