Une commission mandatée par le gouvernement canadien a donné son feu vert conditionnel à la réalisation du projet d'oléoduc Northern Gateway, qui doit acheminer du pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers la côte pacifique de la Colombie-Britannique (ouest). La commission, mandatée par le ministère canadien de l'Environnement et l'Office national de l'énergie, a recommandé au gouvernement canadien d'approuver le projet du groupe Enbridge mais sous réserve du respect de 209 conditions, ayant surtout trait à l'environnement. Il s'agit notamment d'élaborer un plan de protection des mammifères marins, préparer un plan de restauration de l'habitat du caribou des bois et créer un programme de recherche sur le comportement chimique et le nettoyage des pétroles lourds. Cette recommandation fait suite à 18 mois de consultations publiques sur l'impact environnemental du projet, qui a suscité une levée de boucliers des communautés autochtones de la Colombie-Britannique et des écologistes. Dans un communiqué, la commission indique avoir conclu que la réalisation du projet serait plus avantageuse pour le Canada et la population canadienne que le contraire. Le gouvernement canadien doit maintenant faire connaître d'ici six mois sa décision finale sur ce projet, évalué à 7,9 milliards de dollars canadiens (7,4 milliards de dollars américains) et qui prévoit la construction de deux oléoducs entre l'Alberta et le terminal de Kitimat, ville de Colombie-Britannique lovée au fond d'un fjord, à 100 kilomètres du Pacifique. Le double oléoduc, qui doit être opérationnel à partir de 2017, transportera 525 000 barils de pétrole par jour sur une distance de 1 177 km dans une région sauvage et montagneuse, où abondent les rivières à saumons. Le ministre canadien des Ressources naturelles, Joe Oliver, a promis d'examiner soigneusement le rapport et de consulter les groupes autochtones qui revendiquent comme leurs les terres où seront construits les oléoducs. Aucun projet ne saurait être approuvé à moins d'être sans danger pour les Canadiens et pour l'environnement, a-t-il. Le plus gros de deux oléoducs acheminera le brut à destination du port de Kitimat, tandis que l'autre, plus petit, servira au transport de condensat vers l'Alberta. Le condensat est un mélange d'hydrocarbures servant à diluer les produits pétroliers afin de faciliter leur transport par oléoduc. Du port de Kitimat, le pétrole de l'Alberta sera exporté vers les lucratifs marchés asiatiques. D'après les prévisions d'Enbridge, 220 super-pétroliers pourront s'approvisionner aux quais de Kitimat annuellement. Dans son rapport, la commission estime que la construction et l'exploitation courante du projet n'entraîneront pas d'effets environnementaux négatifs importants, sauf les effets cumulatifs pour certaines populations de caribous des bois et d'ours grizzli. Ces effets seront toutefois mineurs, selon elle. Certes, un déversement de pétrole important aurait des conséquences considérables sur les plans environnemental, social et économique, mais ce scénario est improbable et l'impact d'un tel accident ne serait pas permanent, assure la commission. Un oléoduc à l'épreuve des déversements, ça n'existe pas, a rétorqué l'organisation écologiste Environmental Defence, en exprimant sa profonde déception face à cette décision. Le projet de pipeline est une recette pour un désastre écologique et social et c'est pourquoi il ne devrait pas être réalisé, a ajouté l'organisation. Le Canada détient les troisièmes plus grandes réserves de pétrole de la planète mais n'en exporte que vers les Etats-Unis, faute d'accès aux marchés étrangers, d'où l'intérêt pour ce projet vers l'Asie, surtout depuis que le gouvernement américain a rejeté l'an dernier, dans sa forme préliminaire, le projet d'oléoduc Keystone XL de la société TransCanada. Le président américain Barack Obama doit annoncer une décision finale sur cet autre projet, entre l'Alberta et les raffineries du Texas (sud des Etats-Unis), début 2014. Farida B.