L'accord sur le nucléaire iranien conclu en novembre entre Téhéran et les grandes puissances commencera à être appliqué dès le 20 janvier. Une décision saluée par les Etats-Unis et l'Union européenne. “A partir du 20 janvier, l'Iran commencera pour la première fois à éliminer son stock d'uranium hautement enrichi et à démanteler une partie des infrastructures qui rendent cet enrichissement possible", a déclaré le président américain Barack Obama. Celui-ci a souligné que toutes les clauses de l'accord intérimaire "permettaient de faire progresser notre objectif d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire". "Je me félicite de cette importante avancée, et nous allons désormais nous concentrer sur le travail crucial visant à obtenir une résolution exhaustive qui prenne en compte nos inquiétudes relatives au programme nucléaire iranien", a-t-il ajouté. A Bruxelles, la diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, a également salué cette annonce. "Les bases pour une application cohérente, solide et graduelle du Plan d'action conjoint sur six mois ont été établies", a estimé Mme Ashton, qui mène les négociations au nom des pays du groupe des 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne).
Suivi et vérification "Nous allons demander à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de prendre les mesures pour le suivi et la vérification" de cet accord, a-t-elle ajouté dans un communiqué. Les pays occidentaux restent prudents sur ce dossier, qui empoisonne leurs relations avec l'Iran depuis des années.
Pas de nouvelles sanctions Le président américain a également réitéré son appel aux parlementaires américains à ne pas voter unilatéralement de nouvelles sanctions contre l'Iran, comme nombre d'entre eux envisagent de le faire dans les prochaines semaines au Congrès. "Des sanctions sans précédent et une diplomatie forte ont permis d'amener l'Iran à la table des négociations", a-t-il relevé. "Imposer des sanctions supplémentaires maintenant risque de faire échouer nos efforts pour résoudre ce problème de façon pacifique, et j'opposerai mon veto à toute loi mettant en place de nouvelles sanctions pendant les négociations".
Premier versement début février L'Iran recevra début février un premier versement de 550 millions de dollars sur les 4,2 milliards d'avoir iraniens qui seront graduellement débloqués comme convenu dans l'accord intérimaire sur le nucléaire conclu en novembre, a annoncé dimanche un responsable du département d'Etat. Le calendrier des versements débute le 1er février et les paiements sont échelonnés sur 180 jours, a déclaré ce haut responsable américain. Cela signifie que les paiements ont lieu tous les 34 jours, à l'exception du dernier paiement qui tombe le 180e jour, soit 33 jours après le 5e paiement, a précisé dans un courriel le responsable, qui a demandé à ne pas être nommé. Comme le 1er février tombe un samedi, le premier paiement ne pourra être effectué que le 3 février.
Obama appelle le Congrès à temporiser Le président Barack Obama a appelé, avant-hier, le Congrès américain à donner une chance à la diplomatie dans le dossier nucléaire iranien, au moment où les élus américains menacent de voter de nouvelles sanctions contre Téhéran. Ce que nous voulons, c'est donner une chance à la diplomatie et donner une chance à la paix. Je sais que je parle non seulement pour moi mais aussi pour les partenaires du P5+1, a affirmé M. Obama lors d'une réunion bilatérale avec le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy dans le Bureau ovale. Cet accord, percée spectaculaire après des années de blocage, prévoit qu'il n'y aura pas de nouvelles sanctions contre l'Iran durant la période de six mois, pendant laquelle la République islamique a accepté de son côté de geler le développement de son programme nucléaire controversé, le temps d'essayer de parvenir à un accord plus large. L'Iran est soupçonné, malgré ses dénégations, de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil. C'est une occasion que nous ne pouvons pas manquer, a estimé M. Obama, alors que des élus du Sénat, démocrates et républicains, ont déposé une proposition de loi visant à punir encore davantage Téhéran pour son programme nucléaire si les négociations actuelles échouaient. Le temps n'est pas venu d'imposer de nouvelles sanctions, a insisté M. Obama. A la mi-décembre, la Maison Blanche avait prévenu que le président opposerait son veto à un tel texte de loi. Cela pourrait toutefois le fragiliser face à l'opinion, à plus forte raison si les négociations finissaient par échouer. A l'issue de discussions intenses, l'Iran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) avaient conclu le 24 novembre un accord stipulant que Téhéran acceptait de geler pendant six mois ses activités nucléaires sensibles en échange d'une levée partielle des sanctions.
Engagement de Téhéran L'Iran s'engage notamment à limiter l'enrichissement d'uranium à 5%, à transformer son stock d'uranium à 20%, à geler ses activités dans les sites de Natanz et Fordo ainsi qu'au réacteur à eau lourde d'Arak, et à stopper l'installation de centrifugeuses (près de 18 000 actuellement) dans ces sites. L'accord doit faire l'objet d'une surveillance accrue de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Le 5+1 doit en contrepartie lever ses sanctions sur l'automobile, l'aéronautique, et débloquer des avoirs financiers gelés. Cette période de 6 mois doit permettre de démarrer des discussions sur un accord global sur le programme nucléaire iranien, qui réglerait une crise entre l'Iran et la communauté internationale de plus de dix ans.