Les pays du G20 se sont fixé hier pour objectif de doper la croissance de deux points de pourcentage supplémentaires d'ici 2018, et ont promis que leurs banques centrales continueraient de communiquer clairement sur leur politique monétaire. Pour réaliser cet objectif de croissance porté par le Fonds monétaire international (FMI), les pays du G20 réunis à Sydney s'engagent à développer des politiques ambitieuses mais réalistes, ont-t-ils indiqué dans le communiqué final de leur réunion. Nous mènerons des politiques ambitieuses mais réalistes pour augmenter notre PIB conjoint de plus de 2 (points de pourcentage) au-dessus de la trajectoire induite par les politiques actuelles au cours des cinq prochaines années, précisé le communiqué. Cela représente plus de 2 000 milliards de dollars US en termes réels et permettra la création de nombreux emplois, ont souligné les grands argentiers. Le FMI prévoit une croissance mondiale de 3,7% cette année et 3,9% en 2015. L'Allemagne était réticente à fixer un objectif chiffré pour la croissance dans le communiqué final, mais l'initiative était notamment soutenue par la France, l'Australie, la Grande-Bretagne et le Fonds monétaire international (FMI). Le Trésorier australien Joe Hockey avait auparavant souligné l'extraordinaire bonne volonté des représentants des vingt principales économies du monde à parvenir à un consensus avant le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 en novembre à Brisbane (Australie, est). Autre sujet majeur, les effets collatéraux pour les pays émergents de la sortie progressive de la Réserve fédérale américaine (Fed) de sa politique monétaire ultra-accommodante (tapering). Les banques centrales continueront de communiquer clairement et d'être attentives aux impacts de leurs politiques sur l'économie mondiale, a souligné le communiqué. Plusieurs pays émergents (Inde, Argentine, Turquie, Afrique du Sud...) ont enregistré ces derniers mois une chute de leur devise. En cause, la réduction des achats mensuels d'actifs de la Fed, qui met fin à une abondance de liquidités sur les marchés, et les attentes d'une remontée des taux américains, qui incitent les investisseurs à sortir leurs capitaux des émergents pour les rapatrier vers les Etats-Unis. Des doutes sur la solidité de ces économies ou de leurs instances politiques sont aussi à l'origine de ce reflux des capitaux. L'Indonésie et l'Afrique du Sud avaient demandé à la Fed, à la veille du G20, de mieux communiquer sur sa politique monétaire. Mais les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le FMI ont aussi appelé les émergents à mettre de l'ordre chez eux en accélérant les réformes économiques susceptibles de les mettre à l'abri contre de fortes turbulences financières et des mouvements de reflux conjoncturel. Le G20 a par ailleurs profondément regretté dimanche que les réformes sur les quotas et la gouvernance du FMI décidées en 2010 n'aient toujours pas été mises en œuvres. Notre priorité est toujours la ratification des réformes de 2010 et nous engageons les Etats-Unis à le faire avant notre prochaine réunion en avril, ont-ils indiqué. L'accord de 2010 prévoit un doublement du capital du fonds (les quotes-parts) et une redistribution de l'actionnariat au profit des pays émergents, alors que l'institution est contrôlée depuis ses origines par les Etats-Unis et l'Europe. Mais la réforme est bloquée par le Congrès américain.
Nouvelle étape dans la lutte contre l'évasion fiscale L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a fait au sommet du G20 à Sydney un pas supplémentaire vers l'adoption d'un nouveau standard mondial pour l'échange automatique d'informations entre autorités fiscales. L'OCDE attend de la Suisse qu'elle s'y conforme elle aussi. L'organisation a soumis son nouveau standard aux ministres des Finances du G20. "La présentation d'un modèle est la première de trois étapes", a souligné hier devant les médias Pascal Saint-Amans, directeur du centre d'administration fiscale de l'OCDE. "Il nous faut à présent élaborer d'ici septembre les solutions techniques pour l'échange d'informations", a-t-il poursuivi. "Les banques vont recevoir des instruments numériques pour pouvoir mettre en œuvre ces transferts de données." Enfin, les Etats devront signer des accords rendant possible l'échange automatique et annuel d'informations d'ordre financier. Les pays du G20 ont signalé durant ce sommet que cela devrait se passer "aussi vite que possible", a assuré M. Saint-Amans. Le standard de l'OCDE obligera les administrations fiscales des pays qui l'adoptent à livrer toutes les informations sur les actifs financiers détenus chez eux par des personnes ou des entités non résidentes. Les autorités fiscales doivent communiquer chaque année les comptes, recettes, intérêts, dividendes et bénéfices des contrats d'assurances de contribuables étrangers au pays d'origine. Les titulaires de comptes doivent pouvoir être identifiés au moyen d'un nom, d'une adresse, d'un numéro d'identification fiscale et de leur date et lieu de naissance. "La mondialisation du système financier a rendu de plus en plus simple d'avoir et de gérer des investissements hors de son pays de résidence", a rappelé Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE. Cette norme va "renforcer la coopération fiscale internationale, placer les gouvernements sur un pied d'égalité lorsqu'ils cherchent à protéger l'intégrité de leur système de taxation et (permettre) la lutte contre l'évasion fiscale". La coopération fiscale est un des principaux sujets abordés ce week-end à Sydney dans le cadre du G20. Avant son ouverture, le secrétaire américain au Trésor Jack Lew avait souligné l'importance des échanges d'informations, devenue "une norme mondiale" et qui doit être adopté par tous les pays.