Amara Benyounès, à peine installé à la tête du ministère du Commerce, semble déterminé à réaliser le rêve de son prédécesseur, Mustapha Benbada, à savoir adhérer l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce. Le rêve deviendra-t-il une réalité ? Une question reste en suspens, où un rêve, qui faut le dire, s'est installé dans la durée. 27 ans ! Rien que ça ! Que l'Algérie tente d'intégrer, en vain, l'Organisation mondiale du commerce. Ainsi donc, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a souligné, dans ses orientations au nouveau gouvernement, l'urgence de "poursuivre les négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation Mondiale du Commerce en veillant à la sauvegarde des intérêts de l'économie nationale". Le nouveau ministre du Commerce, qui a pris mardi ses nouvelles fonctions, avait affirmé "La mission fondamentale, essentielle, prioritaire que m'a fixée le président de la République est l'accès à l'OMC. Il faut trouver un moyen d'accélérer le processus", en exprimant également la volonté de l'Algérie de conduire à terme le processus de négociations. L'Argentin Alberto D'Alotto, le président du groupe de travail chargé de l'accession de l'Algérie à l'OMC, avait indiqué en mars à Genève que l'Algérie avait réalisé des "progrès substantiels" pour devenir membre de cette organisation et qu'elle devrait maintenir son rythme de travail pour atteindre cet objectif. Alberto a ajouté dans ce contexte que "Les discussions ont été très intenses et techniques. Toutes les délégations ont exprimé leur soutien pour l'accession de l'Algérie à cette organisation mondiale, et se sont félicitées des progrès réalisés par le gouvernement algérien", avait estimé l'Argentin. L'Algérie, qui s'apprête à recevoir les observations et les questions des pays membres de l'organisation au cours du mois de mai pour répondre avant fin juin, avait déjà mené 12 rounds de négociations multilatérales, durant lesquels elle a traité 1.933 questions liées essentiellement à son système économique. Le 12e round des négociations multilatérales a été consacré à la présentation des transformations législatives et réglementaires opérées en Algérie et à l'examen des réponses aux questions des pays membres de l'organisation. Il a permis également d'examiner, concomitamment avec les réponses de l'Algérie aux questions additionnelles des Etats membres, le projet de rapport actualisé du groupe de travail chargé de l'accession de l'Algérie à cette organisation ainsi que les offres algériennes révisées relatives à l'accès au marché des biens (offres tarifaires) et celui des services, transmises par l'Algérie en octobre et novembre 2013. L'Algérie a tenu plus d'une centaine de réunions bilatérales avec une dizaine de pays et qui se sont soldées par la conclusion de cinq accords bilatéraux avec Cuba, le Brésil, l'Uruguay, la Suisse et le Venezuela. Dès que l'Algérie s'affilie à l'OMC, elle devrait signer "prochainement" des accords commerciaux avec l'Argentine et un autre avec la Nouvelle-Zélande.
27 ans déjà, et l'Algérie, toujours attente En juin 1987, l'Algérie avait officiellement demandé l'adhésion à l'accord général sur les tarifs et le commerce, ancêtre de l'OMC, mais en ce moment-là, les négociations n'avaient abouti concrètement qu'à partir de juillet 1996. La première réunion du groupe de travail a eu lieu en avril 1998. Ensuite, janvier 2008, l'Algérie était évaluée par le groupe de travail qui a examiné le projet de rapport révisé sur le commerce extérieur de l'Algérie et sur les réformes engagées par les pouvoirs publics pour rendre le cadre juridique et institutionnel conforme aux règles de l'OMC. Ainsi, l'Algérie a adopté de nouvelles lois en matière d'obstacles techniques au commerce, de mesures sanitaires et phytosanitaires, de propriété intellectuelle, de pratiques anti-dumping, de sauvegarde et de mesures compensatoires, de politique des prix, d'évaluation en douane, d'importation de produits pharmaceutiques, boissons alcoolisées et d'exportation de viandes bovine et ovine et de palmiers mais aussi pas moins de 40 textes ont été révisés. Cependant, l'Algérie a connu plusieurs obstacles dans ce processus, notamment dans le secteur de l'Energie, des Finances, de l'Investissement ou encore de la Culture. L'Algérie avait appelé à "une plus grande diligence" dans le traitement de son dossier d'accession à l'OMC, lors de la Conférence de l'OMC tenue début décembre 2013 à Bali. L'Algérie avait considéré que le processus d'accession "était long et trop exigeant", car "aucune limite n'est définie pour ce qui est des modalités d'accession, ce qui ne garantit pas un équilibre des droits et obligations". Le processus exige d'importants engagements des candidats, allant au-delà de leur niveau de développement et des règles de l'OMC. "Il impose même aux pays en développement candidats, des concessions plus importantes que celles auxquelles ont souscrit les Etats membres eux-mêmes y compris les pays les plus développés", avait estimé l'Algérie. Des exigences toujours plus rigoureuses sont imposées aux candidats de telle sorte que chaque accession qui suit est plus astreignante que celle qui la précède. Le parcours de l'Algérie concernant son engagement à l'OMC avait été expliquée, en outre, par Chérif-Zaâf directeur du commerce extérieur au ministère du Commerce, par la volonté du gouvernement algérien de mener, d'abord, des réformes internes, de réussir la mise à niveau de certains secteurs susceptibles d'être menacés par la concurrence et d'arriver à une diversification de son économie. Selon M. Zaâf, des études ont été faites sur les filières sensibles à protéger en 2002."Un aide mémoire du gouvernement algérien a été envoyé aux membres de l'OMC pour revendiquer des périodes de transition afin de permettre à nos entreprises de se préparer à l'ouverture", avait-il fait savoir.