Les Etats-Unis ont demandé à l'Iran de l'aider de manière non communautaire pour tenter de régler en Irak la crise qui oppose des insurgés ultra-radicaux sunnites au régime chiite irakien. Le département d'Etat a réaffirmé que Washington était disposé à parler directement avec Téhéran de ce qui se passe chez son voisin et allié irakien, mais tout en excluant de coopérer militairement sur ce dossier. Les Etats-Unis sont ouverts à la discussion avec l'Iran à propos de la situation en Irak, de la même manière que nous parlons à tous les Etats voisins de l'Irak, a souligné la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki. Les deux gouvernements n'ont plus de relations diplomatiques depuis 34 ans, mais ils se reparlent officiellement et directement depuis des mois dans le cadre des négociations sur le programme nucléaire iranien. En Irak, nous encouragerions l'Iran à pousser les Irakiens à agir pour régler les problèmes de manière non communautaire, c'est-à-dire en s'abstenant d'attiser les tensions entre chiites et sunnites, a fait valoir Jennifer Psaki. Lundi matin, le secrétaire d'Etat John Kerry avait indiqué que son administration envisageait de discuter avec l'Iran de la réponse à l'avancée djihadiste en Irak. Il avait aussi évoqué de possibles frappes de drones. Le Pentagone et le département d'Etat ont ensuite exclu toute coopération militaire à propos de l'Irak avec Téhéran, avec qui Washington n'a plus de relations diplomatiques depuis 34 ans. En Irak, l'Iran peut avoir à jouer un rôle pour réduire la nature sectaire avec laquelle l'Irak est dirigé, a dit Mme Psaki, en allusion au Premier ministre chiite irakien Nouri al-Maliki, allié de l'Iran, mais ennemi juré des ultra-radicaux sunnites qui menacent Bagdad. La possibilité d'une coopération entre l'Iran et les Etats-Unis face à la poussée djihadiste en Irak, une menace immédiate pour le pouvoir à Bagdad, s'est invitée avant-hier dans les coulisses des négociations sur le nucléaire iranien, qui ont repris à Vienne. Iraniens et Américains, tous les deux alliés du régime chiite, ont laissé la porte ouverte à des discussions sur les moyens d'aider l'Irak à contenir les insurgés qui se rapprochent de Bagdad à grands pas. Le département d'Etat a rappelé lundi qu'en dépit de relations exécrables, Washington et Téhéran avaient déjà coopéré en Afghanistan fin 2001 après la chute des talibans pour la mise sur pied d'un nouveau régime à Kaboul. Mais les Etats-Unis continuent de considérer l'Iran comme un régime mécène du terrorisme, notamment pour son soutien au Hezbollah chiite libanais et au régime syrien du président Bachar al-Assad, lequel se bat justement contre des djihadistes sunnites en Syrie. Pour l'Iran, nous avons toujours de graves inquiétudes quant aux activités terroristes, à propos de ressortissants américains détenus là-bas et à propos des mesures qu'ils doivent prendre dans le cadre des négociations P5+1, les tractations sur le nucléaire qui se tiennent cette semaine à Vienne, a dit Mme Psaki.