Barack Obama a estimé qu'aucun recours à la force militaire américaine ne permettrait à l'Irak de tenir debout si ses dirigeants ne travaillaient pas à l'unité du pays. Pour le président américain, la guerre est le résultat de divisions communautaires que l'on a laissées s'envenimer. Après avoir annoncé jeudi vouloir envoyer jusqu'à 300 conseillers militaires pour soutenir les forces gouvernementales face aux djihadistes sunnites, M. Obama a indiqué sur CNN que les sacrifices d'Américains avaient donné à l'Irak une chance d'installer une démocratie durable, mais que celle-ci avait été gâchée. "Aucun recours à la puissance de feu américaine ne sera capable de maintenir le pays uni", a souligné le président. "Je l'ai dit très clairement (au Premier ministre irakien) Nouri al-Maliki et à tous les autres responsables à l'intérieur" du pays. "Nous avons donné à l'Irak la chance de mettre sur pied une démocratie ouverte à toutes les parties, de travailler, en faisant fi des divisions entre communautés, à assurer un avenir meilleur pour leurs enfants. Et, malheureusement, nous avons assisté à une dégradation de la confiance" entre ces communautés, a encore relevé M. Obama.
Divisions communautaires "Une partie des forces, qui ont toujours œuvré à la séparation de l'Irak, se sont renforcées; et les forces susceptibles de maintenir le pays uni sont affaiblies", a déclaré le président américain. "In fine, ce sera au pouvoir irakien d'essayer de réunifier la vie politique irakienne". Les Etats-Unis ont, de manière très marquée, refusé de soutenir le Premier ministre Maliki, un chiite largement critiqué par Washington pour sa politique confessionnelle dans la crise qui secoue son pays. La capitale Bagdad est menacée par l'avancée fulgurante des combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). La Maison- Blanche répète que seuls des efforts de la part des dirigeants irakiens pour mettre en place un système politique ouvert à toutes les communautés du pays permettront à l'Irak de tenir debout et lutter efficacement contre l'EEIL.
L'Iran a envoyé un petit nombre d'agents L'Iran a envoyé un petit nombre d'agents en Irak pour aider le gouvernement chiite du Premier ministre Nouri al-Maliki à faire face aux insurgés sunnites, a affirmé le Pentagone. Le porte-parole du département américain de la Défense, le contre-amiral John Kirby, a évoqué la présence en Irak d'agents révolutionnaires iraniens, vraisemblablement en référence à l'unité chargée des opérations secrètes au sein des Gardiens de la révolution iraniens. Par le passé, Washington avait accusé cette unité, la Force al-Qods, de soutenir les insurgés chiites irakiens opposés à la présence militaire américaine. Leur ingérence en Irak n'a rien de nouveau, a-t-il jugé. Le contre-amiral Kirby s'est refusé à caractériser la présence iranienne en Irak, se contentant de soutenir que Washington avait des indications selon lesquelles il y a au moins quelques agents en Irak. Mais je n'ai pas vu d'information sur des forces terrestres ou d'importantes unités, a-t-il ajouté, évoquant un petit nombre d'agents. Les Etats-Unis avaient annoncé en début de semaine être ouverts à des discussions directes avec l'Iran concernant l'offensive de djihadistes sunnites qui menacent leur allié irakien, tout en excluant toute coopération militaire avec Téhéran. Washington, qui a annoncé l'envoi de 300 conseillers militaires en Irak, avait également demandé Téhéran d'aider de manière non communautaire en Irak, c'est-à-dire en s'abstenant d'attiser les tensions entre chiites et sunnites. Les deux gouvernements, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 34 ans, ont parlé du dossier irakien mardi à Vienne, en marge des négociations entre l'Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire de Téhéran. Ce qui nous intéresse, c'est de communiquer avec les Iraniens pour qu'ils sachent clairement ce que nous pensons et que nous sachions clairement ce qu'ils pensent, a expliqué le chef de la diplomatie américaine John Kerry.