Les cours du maïs, du blé et du soja, en chute quasi continue depuis mai, ont fléchi encore un peu plus cette semaine à Chicago alors que les preuves de récoltes foisonnantes se multiplient. "L'ampleur des moissons à venir est tout ce qui intéresse les marchés en ce moment", commente Christopher Narayanan de la Société Générale. "Au fur et à mesure que les observateurs diffusent des prévisions de production record, les prix descendent encore plus bas." Sur le marché du maïs et du soja, ils sont tombés à des niveaux plus vus depuis 2010. Les investisseurs ont en particulier été marqués cette semaine par un rapport hebdomadaire du ministère de l'Agriculture (USDA) montrant une augmentation de la part du maïs et du soja considérés comme bons à excellents. Une telle amélioration fin août "est très rare" remarque Dewey Strickler de Ag Watch Market Advisors. "Cela apporte encore un peu plus de munitions aux investisseurs qui misent sur une baisse" des prix. Toutes les estimations sur les rendements de maïs par exemple "montrent qu'il faut s'attendre à une production énorme, qui va sans doute donner lieu à un cauchemar pour le stockage et la logistique au moment de la moisson", relève-t-il. Du côté du soja, l'USDA prévoit un rendement de 112,18 boisseaux par hectare. Mais dans le Mississippi, un Etat du sud du pays où la moisson débute traditionnellement plus tôt que dans le reste des Etats-Unis, "on a parait-il observé des rendements allant jusqu'à 247 boisseaux par hectare", souligne Dewey Strickler. La possibilité d'un gel précoce mi-septembre a soulevé quelques pointes d'inquiétudes mais les prévisions météorologiques "restent pour l'instant trop imprécises pour avoir un véritable effet", estime Christopher Narayanan. Autre raison pour les courtiers de tirer les prix vers le bas: "une superficie record devrait être consacrée au soja en Amérique du Sud à l'automne", ajoute Dewey Strickler. Le marché du blé continue également de pâtir de la perspective d'une récolte record dans le monde. Les investisseurs surveillent les tensions entre l'Ukraine et la Russie. Mais "tant que les exportations en provenance de la mer Noire ne sont pas affectées", ce qui est le cas actuellement, "ce sont le maïs et le soja qui dictent principalement la direction des cours du blé", remarque Dewey Strickler. Les précipitations qui sont tombées dans le nord du Midwest ont bien un peu ralenti la moisson du blé de printemps aux Etats-Unis, avancée à 38% contre 65% en moyenne sur les cinq dernières années. Mais cela n'a pas suffi à soutenir les cours à Chicago. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en décembre 2014, le plus échangé actuellement sur le marché, évoluait vendredi à la mi-séance à 3,5150 dollars contre 3,6475 dollars à la clôture vendredi dernier. Le boisseau de blé pour livraison en décembre, le contrat le plus actif en ce moment, s'échangeait à 5,3400 dollars contre 5,6350 dollars en fin de semaine dernière. Le boisseau de soja pour livraison en novembre, le plus coté, s'établissait à 10,1150 dollars contre 10,2425 dollars vendredi dernier.