Freinée par la faiblesse économique de l'Europe et de la Chine, la croissance de la consommation mondiale de pétrole sera encore moins vigoureuse que prévu cette année et la suivante, ce qui pénalise les prix sur fond d'offre abondante, a prédit l'Agence internationale de l'énergie. Ce récent ralentissement de la demande mondiale est vraiment notable, souligne l'AIE dans son rapport mensuel de septembre, publié jeudi. Pour 2014, l'AIE table désormais sur une hausse de 900 000 barils par jour de la demande planétaire d'or noir, à 92,6 millions de barils par jour (mbj), un peu moins que l'estimation précédente de 92,7 mbj. La faiblesse persistante des économies européenne et chinoise, conjuguée à des livraisons de pétrole plus faibles que prévu au Japon et au Brésil, expliquent l'abaissement de la prévision de la demande pour 2014, souligne le bras énergétique des pays développés. En août, l'agence basée à Paris avait déjà révisé ses prévisions en légère baisse. Elle distingue deux tendances: des livraisons plus importantes aux Etats-Unis, et un contexte plus faible en Europe et en Chine, cette dernière tendance l'emportant sur la première. En 2015, la consommation de pétrole a été abaissée de 94 mbj à 93,8 mbj pour les mêmes raisons, selon le rapport, qui table sur des projections de croissance mondiale un peu plus faibles pour l'an prochain, lors de leur présentation en octobre par le Fonds monétaire international. Il n'empêche, la demande d'or noir continuera à s'inscrire en hausse, de 1,2 mbj par rapport à cette année, grâce aux pays non membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui en tireront l'essentiel, compensant la contraction des pays développés. Offre abondante Au deuxième trimestre, la demande mondiale de pétrole a montré des signes clairs de faiblesse, avec pour la première fois en deux ans et demi une croissance un peu inférieure à 500 000 barils de pétrole par jour, par rapport à la même période en 2013. L'AIE, qui anticipe aussi une moindre progression pour les trois mois suivants, pointe notamment une croissance économique sans éclat dans certains pays de la zone euro, comme l'Allemagne et l'Italie, et une stagnation du PIB en France. Dans ce contexte, il n'est pas surprenant d'observer une détente des prix, avec un cours du baril de Brent sous les 100 dollars, écrit l'agence basée à Paris. Alors que les conflits en Irak et en Libye ne montrent aucun signe d'apaisement, ils restent sans effet sur les équilibres du marché pétrolier mondial et les prix, sur fond d'affaiblissement de la demande mondiale de pétrole et d'une offre abondante, précise-t-elle. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui pompe environ un tiers du pétrole mondial, avait également abaissé mercredi, pour le deuxième mois consécutif, sa prévision de hausse de la demande mondiale de brut, à 91,2 mbj en 2014, confirmant une tendance au tassement des prix en dépit des incertitudes géopolitiques. Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a tenté de minimiser jeudi la récente chute des prix du brut, alors que les cours montaient en Asie après le discours du président Barack Obama qui s'est dit prêt à frapper l'Etat islamique (EI) en Syrie et à étendre les raids en Irak. La production est restée soutenu en août, malgré un recul de 395 000 barils quotidiens pour s'établir à 92,9 mbj par rapport au mois précédent. Les pays de l'Opep ont pompé 30,31 mbj, soit une baisse de 130 000 barils par jour, la forte reprise en Libye n'ayant pu compenser la baisse en Arabie saoudite et en Irak. Les pays n'appartenant pas au cartel ont eux produit 265 000 barils par jour de moins, à 56,2 mbj, en raison d'une baisse saisonnière en mer du Nord et en Alaska. Sur un an, la production s'est inscrite en hausse de 810 000 barils par jour, tirée par les pays non-OPEP.