Le jeu du chat et de la souris entre les forces de sécurité turques et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qualifié d'organisation terroriste par Ankara, semble loin de prendre fin. Son excellence l'ambassadeur de la République de Turquie à Alger, M. Ercumend Ahmet a réitéré hier, lors d'une conférence de presse donnée à sa résidence, la détermination de son pays a éradiquer l'organisation terroriste qui a tué ces 30 dernières années, pas moins de 30 000 personnes dont 4 400 civils. Selon son excellence M. Ercumend Ahmet : "le PKK a évolué ces dernières années pour devenir une organisation terroriste transnationale dont 40% des terroristes sont des citoyens d'autres pays que la Turquie". Cette organisation, qui prend le nord de l'Irak comme base arrière, dépense chaque année 5 millions d'euros pour financer ses activités terroristes. Certains partis politiques irakiens, comme le KPD, n'hésitent pas à afficher leur soutien inconditionnel au PKK en facilitant l'accès aux armes et aux munitions. De ce fait, "le gouvernement turc a organisé plusieurs rencontres avec le gouvernement irakien pour agir contre les opérations du PKK qui contrôle une partie du nord de l'Irak. Ce dernier n'a pas tenu ses promesses pour agir contre les attaques répétées du PKK", a indiqué l'ambassadeur de Turquie à Alger. Interrogé sur les opérations menées dans le nord irakien par l'armée turque, M. Ercumend Ahmet a annoncé que son gouvernement respecte la souveraineté de l'Irak et que des dossiers d'extradition ont été remis au gouvernement irakien mais l'administration régionale qui contrôle le nord de l'Irak a empêché l'extradition des terroristes pour être jugés en Turquie. La Turquie, qui prépare déjà une intervention militaire contre le PKK en Irak, compte agir selon le droit international et les résolutions onusiennes. L'utilisation de la force, qui est envisageable sur le sol irakien, ne doit pas dépasser une année. Par ailleurs, le président américain George Bush a rencontré hier le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour discuter sur la probable intervention de l'armé turque au nord de l'Irak. Avant la rencontre à la Maison Blanche, le Premier ministre turc a d'ailleurs prévenu que la patience de son pays face aux attaques était "à bout". Une éventuelle intervention turque inquiète l'administration Bush qui craint l'ouverture d'un nouveau front au nord, déstabilisant ainsi le nord irakien. George Bush espère peser sur Erdogan en lui promettant le soutien des Américains dans la lutte contre le PKK, une aide jugée encore trop faible par la Turquie. Car pour Erdogan, qui fait face à la colère de l'opinion turque après une série d'attaques meurtrières du PKK, le temps est compté. Avant de s'envoler samedi vers les Etats-Unis, il a indiqué qu'il attendait de Bush des "mesures concrètes" contre le PKK. "Notre visite se réalise à un moment où les relations (turco-américaines) traversent un sérieux test", a-t-il prévenu.