A l'heure où les représentants politiques, les politologues et les médias cherchent à comprendre si une nouvelle guerre froide s'est déclenchée, le congrès américain prépare l'opinion publique à la possibilité d'une guerre chaude, selon le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Ces dernières années, la rhétorique américaine antirusse n'a pas cessé. Mais s'il était, jusque-là, avant tout question de violations des droits de l'homme et de la liberté de la presse, la tension est montée d'un cran dans les textes des dernières résolutions de la Chambre des représentants H.S. Res. 758 et du sénat S. 2277: pratiquement chaque paragraphe évoque l'"agression russe" et comment la combattre. La résolution 758 énumère 34 "crimes du régime poutinien". Entre autres: l'invasion de la Géorgie et de l'Ukraine, l'abattage du Boeing malaisien, le renforcement de la propagande médiatique et la répression de l'opposition intérieure. Le document suggère 22 contre-mesures - des fournitures d'armes létales en Ukraine et du déploiement des systèmes de défense antimissile dans les pays voisins de la Russie à l'augmentation des budgets de l'Otan, de la Voix de l'Amérique et de la radio Svoboda. Sans oublier le soutien de l'opposition russe. L'ex-candidat à la présidentielle Ron Paul considère cette résolution comme "la pire de l'histoire du pays". Elle a déjà été soutenue par une grande majorité des congressistes. Seulement dix d'entre eux, cinq de chaque parti, ont voté contre. Ron Paul et certains observateurs la qualifient "d'appel direct à une guerre contre la Russie". En effet, même à l'époque de la confrontation la plus aiguë avec l'URSS et à la veille des guerres en Afghanistan, en Irak ou en Libye, la rhétorique des congressistes ne contenait pas autant de haine envers ces pays. La résolution 758 n'est pas contraignante mais donne pratiquement au président Obama le feu vert pour user de la force militaire contre la Russie. Toutefois, la popularité du congrès auprès des Américains n'a encore jamais été aussi basse. Seulement 8% de la population approuve son travail et il ne fait pas l'ombre d'un doute que la grande majorité de la population américaine s'oppose à une guerre contre la Russie, malgré l'hystérie antirusse sans précédent dans les médias, notamment dans les colonnes de journaux autrefois respectables comme le New York Times et le Washington Post. Le rôle de l'opinion publique est relativement important dans la politique américaine, c'est pourquoi il est peu probable que le prix Nobel de la paix Barack Obama ose se lancer dans une aventure aussi périlleuse qu'une guerre contre la Russie.
