Le chef de l'Etat a tiré la sonnette d'alarme, quant à l'ampleur des défis à relever dans les conditions actuelles, notant que "l'Afrique sera très probablement le seul continent à ne pas atteindre les objectifs du millénaire à l'horizon 2015 ".Une situation qui exige "d'agir vite et d'agir ensemble". Dans ce cadre, il a affirmé que les pays africains se sont engagés dans la réforme. Néanmoins, l'évaluation positive des premières retombées de ces réformes "est encore insuffisante".A l'occasion de la 9e session du forum de partenariat avec l'Afrique, il a expliqué, dans son discours, qu'en économie, les taux de croissance honorables réalisés par un grand nombre de pays africains "ne sont pas accompagnés par une régression significative de la pauvreté". Et les défis restent importants pour les autres domaines. Par ailleurs, il a affirmé que les processus de modernisation des institutions en charge du développement ont "montré l'étendue du chemin qui reste à parcourir pour disposer d'institutions capables de répondre efficacement aux besoins quantitatifs et qualitatifs des sociétés et économies". Ce qui affirme, selon le chef de l'Etat, l'importance de la gouvernance qui est "le levier central et le moteur principal du développement". Il a ajouté que la réussite du processus de développement est tributaire de l'amélioration et de l'ancrage durable des règles et normes de bonne gouvernance dans tous les domaines d'activité, notamment, la transparence dans la gestion des finances publiques, la création d'un environnement institutionnel favorable au développement des investissements nationaux et étrangers et également la lutte contre le terrible fléau de la corruption, dont l'éradication nécessite la mobilisation effective et l'engagement actif de tous les pays africains et leurs partenaires au développement. Pour le président, les initiatives prises à cette fin par l'OCDE et la Banque mondiale sont méritoires, mais restent limitées dans leur portée. Affirmant que la promotion de la gouvernance en Afrique ne peut-être réduite à la seule lutte contre la corruption ni en être la principale motivation. L'importance du mécanisme africain d'évaluation par les pairs, dont la rupture avec des approches et des méthodes de gouvernance a créé une culture de transparence, à mettre en place des institutions destinées à réduire les zones de conflits armés, à élargir les espaces de paix et de stabilité, à encourager la légitimité constitutionnelle et la représentation populaire, à instaurer et à consacrer des systèmes de gouvernance démocratiques et largement participatifs, et à favoriser les processus d'intégration régionale et continentale, a été mise en évidence. Revenant sur le cas de l'Algérie, il a souligné que celle-ci s'inscrit pleinement dans cette logique de renouveau africain en engageant des réformes tendant à asseoir la démocratie, l'Etat de droit, le pluralisme politique, la liberté d'expression, la protection et la promotion des droits de l'homme, l'égalité des chances et la justice sociale. Il a également cité la politique de concorde civile et de réconciliation nationale qui a permis le retour de la paix et la stabilité ainsi que la canalisation des efforts et des moyens de la nation toute entière vers la relance du développement socioéconomique du pays. Il a ajouté que l'Algérie est un immense chantier institutionnel, économique, social et culturel, une volonté de consacrer toutes ses ressources à la mise en place des instruments permettant au pays d'être au diapason des exigences de la modernité. Il a souligné que la présence du président allemand est un signal fort de l'importance qu'accordent l'Allemagne et le G8, dont elle assure la présidence. Il a ajouté que la prospérité de l'Afrique est aussi celle de ses partenaires. Ajoutant que c'est dans ce contexte que la relation entre les pays de ce continent s'inscrit avec les pays du G8. Une relation bénéfique, en pleine rupture avec la logique de l'assistanat qui a prévalu par le passé. Il a rappelé qu'à travers le Nepad, le développement du continent interpelle en premier lieu les Africains eux-mêmes et doit répondre aux attentes réelles des populations. Un développement qui repose, selon lui, sur la mobilisation et la valorisation des ressources naturelles. Pour ce qui est de l'accompagnement de ces efforts par les partenaires et par la communauté internationale en général, il a jugé que c'est une exigence incontournable, mais qui devrait être centrée sur les priorités définies par les Africains eux-mêmes. Le président a noté que l'objectif premier est d'œuvrer à une meilleure conjugaison des efforts pour que la dynamique de dialogue, de coopération solidaire et de partenariat mutuellement bénéfique enclenchée depuis Kananaskis réponde aux attentes des Africains. Pour sa part, le président de la République fédérale d'Allemagne, M. Horst Kohler, a plaidé pour l'établissement de conditions commerciales équitables entre l'Afrique et les pays développés, en proposant notamment la suppression de tarifs douaniers sur les produits africains transformés. M. Kohler a souligné que ces conditions équitables "doivent se traduire dans les négociations commerciales cours", afin d'aboutir "à une intégration de l'Afrique à l'économie mondiale". Pour le chef d'Etat allemand, la mondialisation veut dire "interdépendance de la société internationale", qui consiste à offrir "des chances au bénéfice de tous". "Nous avons besoin d'une politique fiable qui garantisse que les richesses de l'Afrique soient utilisées au bénéfice des populations africaines", a-t-il par ailleurs souligné, ajoutant que "nous devons dialoguer, s'écouter mutuellement et agir en commun pour une politique globale de développement". Dans ce contexte, M. Kohler a estimé que le FPA "est une contribution très importante" pour réaliser cet objectif. Abordant le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (MAEP), mené dans le cadre de l'initiative du NEPAD, le chef d'Etat allemand a affirmé que cette initiative "doit enclencher un vaste processus de réformes politiques et économiques pour l'amélioration durable de la situation économique et sociale" des pays africains. Sur ce point, il a qualifié les résultats de l'évaluation de l'Algérie dans le cadre du MAEP de "largement positifs", appelant les pays occidentaux à s'inspirer de cette initiative. "Le temps est révolu où seuls les pays du Nord peuvent fournir des solutions aux problèmes du développement", a-t-il dit. Par ailleurs et évoquant l'initiative du NEPAD qui vise, a-t-il précisé, la paix, la démocratie, la bonne gouvernance, la coopération régionale et l'intégration de l'Afrique à l'économie mondiale, M. Kohler a exprimé son souhait de voir cette offre africaine de coopération saisie par la communauté internationale. "Le NEPAD est une offre de coopération partenariale faite par l'Afrique à la communauté internationale. J'espère qu'elle sera saisie", a-t-il dit. A propos des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le chef d'Etat allemand a souligné l'importance du travail commun pour leur réalisation et pour que les promesses réciproques faites "soient respectées".