Les matériaux de construction produits en Algérie sont purement et simplement bannis par les constructeurs. Preuve à l'appui, la facture d'importations ne cesse de s'alourdir. Ainsi, celle-ci a poursuivi sa hausse en valeur et en quantité durant l'année 2014 en s'établissant à 3,65 milliards de dollars (mds usd) contre 3,43 mds usd en 2013, en augmentation de 6,41%, a appris hier l'APS auprès des services douaniers. Les quantités importées des principaux matériaux de construction (ciments, bois, fer, céramique, aluminium et articles de robinetterie) sont passées de 8,92 millions de tonnes en 2013 à 10,31 millions de tonnes en 2014, en hausse de 15,6%, précise le Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis). Par catégorie des produits, la facture des importations des ciments (ciment portland, ciment alumineux, ciment hydraulique...) a atteint 513,67 millions usd l'année dernière contre 400,08 millions usd en 2013, en hausse de 28,4%. La quantité des ciments importés a connu une augmentation de 29,11%, passant de 4,434 millions de tonnes en 2013 à 5,725 millions de tonnes en 2014. Cette hausse est dûe essentiellement au lancement des différents chantiers dans le secteur du BTPH dont les nouveaux programmes de logement toutes formules confondues. Les pouvoirs publics ont entamé la réalisation de nouvelles cimenteries qui devraient permettre de combler un déficit de plus de trois (3) millions de tonnes/an dans un marché en pleine expansion. Estimée à 18 millions de tonnes/an, la production nationale de ciment est dominée par le secteur public, notamment par le Groupe industriel des ciments d'Algérie (GICA) qui produit plus de 11,5 millions de tonnes par an, représentant 65% de la production nationale globale, le reste (35%) étant assuré par le secteur privé. Les statistiques du Cnis montrent, par ailleurs, une hausse de près de 15% de la facture des importations du bois qui est passée de 731,77 millions usd pour une quantité de 1,394 million de tonnes en 2013 à 841,22 millions usd pour 1,524 million de tonnes en 2014. En dépit d'un recul de 4,5%, la facture des importations de fer et d'acier reste la plus importante parmi les matériaux de construction importés puisqu'elle a représenté 57,56% du total de la facture en 2014 avec des achats à l'extérieur de près de 1,84 md usd en 2014 contre 1,92 md usd en 2013. Les quantités importées de ces deux produits ont connu une légère baisse à 2,965 millions de tonnes en 2014 contre près de 3 millions de tonnes une année auparavant, soit un recul de 1,16%. Pour les importations des produits de céramique (briques, dalles, carreaux et autres articles similaires), elles ont atteint 81,68 millions usd (53.376 tonnes) en 2014 contre 52,16 millions usd (59.713 tonnes) en 2013, en hausse de plus de 56% en valeur, précise le Cnis. Quant aux articles de robinetterie, ils ont connu une hausse de près de 15% en valeur à 345,98 millions usd (27.912 tonnes) en 2014 contre 300,88 millions usd (22.455 tonnes) en 2013. La facture des importations de l'aluminium a été, elle aussi, en augmentation en 2014 à 34,57 millions usd (14.323 tonnes) contre 26,07 millions usd (11.104 tonnes) en 2013, soit une hausse de 32,6% en valeur, détaille la même source.
Des mesures pour contenir la hausse des importations Afin de freiner l'accroissement de la facture des importations des matériaux de construction et de promouvoir la production nationale, le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville a émis une circulaire en décembre dernier dans laquelle il interdit aux promoteurs chargés de la réalisation des différents projets financés totalement ou partiellement par l'Etat, de recourir aux matériaux importés si le même produit est fabriqué localement et présente une qualité égale. C'est dans ce sens que le ministère compte se réunir prochainement avec les directeurs des Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI), qui détiennent la majorité des projets de logements publics afin d'affiner les modalités d'application de cette instruction. En fait, les promoteurs publics seront tenus de stipuler, dans les marchés signés avec les entreprises de réalisation, l'utilisation des produits algériens avec l'obligation de joindre aux contrats les factures établies par les entreprises de fabrication des matériaux de construction activant en Algérie. Toutefois, l'instruction du ministère de l'Habitat, qui vise aussi à promouvoir la production nationale, ne concerne pas uniquement les promoteurs publics puisque les directeurs de l'habitat au niveau des wilayas du pays sont tenus de suivre son exécution dans les projets gérés par des privés. Elle s'étend également aux équipements publics (écoles, universités, centres de santé et de sûreté, etc.) et concerne même les grands projets tels que Djamaâ El Djazaïr (Grande mosquée d'Alger).