Décidément rien ne semble arrêter le syndicat du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (CNAPESTE). La grève s'installe dans la durée dans ce secteur, mettant en péril l'année scolaire et prenant en otage des milliers d'élèves. Plus de trois semaines de grève dans les écoles dont la fin ne semble pas proche. Le syndicat, qui regroupe le plus grand nombre d'adhérents (près de 80 000) refuse d'abdiquer. Si la Coordination des syndicats de l'éducation (CSE) - qui regroupe sept syndicats - a décidé de geler son mouvement de grève, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) a décidé, pour sa part, de poursuivre son mouvement de protestation, voire de le durcir. La grève, entamée le 16 février dernier, se poursuit donc et des actions de protestation l'accompagneront probablement dans les jours qui viennent. Ainsi, cette décision a suscité une grande préoccupation auprès des élèves et de leurs parents, à l'approche des examens de fin de l'année scolaire (2014-2015). En dépit de la volonté du ministère de maintenir les portes du dialogue ouvertes, la décision du CNAPESTE de poursuivre la grève intervenait mercredi à l'issue de la réunion, en réaction aux réponses négatives et non convaincantes de la tutelle sur la plate-forme des revendications, à l'exception de celle relative à l'effet rétroactif. Selon ses responsables, le syndicat reproche au ministère de ne pas respecter ses engagements convenus dans le cadre des précédents procès-verbaux, dont le dernier en date a été signé avec la Fonction publique le 17 février 2014. Au moment où le CNAPESTE s'obstine à poursuivre la grève jusqu'à "satisfaction" de ses revendications, la coordination syndicale du secteur de l'Education (CSE) a décidé, à l'issue de sa réunion dimanche avec le ministère de l'Education nationale, de suspendre la grève prévue les 10 et 11 mars, après la signature du procès-verbal entre les sept syndicats et la tutelle. Le procès-verbal comprend les réponses du ministère de l'Education nationale aux revendications soumises, le ministère s'engageant à ouvrir le dossier relatif au statut afin d'en corriger les défaillances. A cet effet, il a été décidé de l'installation d'une commission mixte regroupant les représentants du ministère avec les syndicats du secteur pour réviser le statut des travailleurs de l'Education nationale. Concernant la promotion automatique, le ministère a décidé comme première mesure de convertir les postes de promotion vacants en postes de recrutement, notamment pour la promotion dans les nouveaux postes conformément aux lois en vigueur en attendant de corriger les défaillances du statut. Selon ce qui a été convenu entre le ministère et la CSE, la promotion automatique doit faire l'objet de négociations pour figurer dans le statut qui sera amendé conformément à l'ordonnance présidentielle 03/06 relative à la loi relative à la Fonction publique, alors que le CNAPESTE appelle à l'application immédiate de la promotion automatique. La ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit qui a déclaré "refuser le chantage" de certains syndicats qui veulent que tout soit réglé "tout de suite", a proposé la révision du statut en tenant compte des lacunes qu'il renferme, mais en contrepartie de la signature d'une charte d'éthique professionnelle afin de protéger l'école publique algérienne. Tout en réaffirmant son "engagement" et sa "volonté" pour la recherche de solutions aux problèmes restés en suspens, la ministre a invité les partenaires à faire preuve de "patience", car la résolution de certains problèmes exige, a-t-elle souligné, "du temps et un engagement qui, parfois, dépasse ses prérogatives". La poursuite du mouvement de grève a suscité la préoccupation des élèves et leurs parents, notamment ceux des classes d'examen, cependant les responsables du secteur ont affirmé que "toutes les mesures ont été prises" pour garantir le déroulement des examens avant les vacances de printemps prévues le 19 mars 2015. Pour sa part, le président de la fédération des associations de parents d'élèves, Khaled Ahmed a estimé que la grève ne servait pas l'intérêt de l'élève, ajoutant que la satisfaction des revendications socioprofessionnelles des enseignants "exige du temps". L'union a exprimé son "indignation" et son "regret" face au recours systématique à la grève pour soulever des revendications, assurant que "des solutions peuvent être trouvées dans le cadre du dialogue et loin de toutes pressions". Entre autres revendications du CNAPESTE figurent la "correction des défaillances" contenues dans le statut des travailleurs du secteur de l'éducation sans recourir à sa modification et la promotion systématique des enseignants.