La Bourse de Tokyo sera dominée cette semaine par le début de la saison des résultats d'entreprises nippones après la pause marquée ces derniers jours par la place financière, affectée par la remontée du yen. Sur la semaine qui vient de s'achever, l'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a perdu 1,28% à 19 652,88 points, sa première baisse hebdomadaire depuis le début du mois, alors qu'il avait franchi en séance vendredi dernier la barre des 20 000 points pour la première fois depuis 15 ans. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a pour sa part cédé sur la semaine 0,05% à 1 588,69 points. Ces derniers jours ont été marqués par des séances hésitantes où les inquiétudes sur la vigueur de la reprise aux Etats-Unis et l'affaiblissement du dollar, pénalisé par l'incertitude quant au calendrier du resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, ont plombé les échanges à Tokyo. En outre, l'annonce d'un nouveau ralentissement de la croissance en Chine, avec une progression du PIB de 7% sur un an au premier trimestre contre 7,3% lors du trimestre précédent, a ajouté à la morosité des investisseurs, dans l'attente dorénavant des résultats des sociétés de l'Archipel. "Nous sommes dans un moment attentiste", a commenté Juichi Wako, stratégiste chez Nomura Holdings, interrogé par Bloomberg News, soulignant que les prévisions des revenus des entreprises "avaient dans l'ensemble déjà été intégrées dans le cours" des actions. "Avec le début de la saison des résultats, les investisseurs vont faire la chasse aux titres sous-valorisés", a indiqué pour sa part Shoichiro Yamauchi, stratégiste chez Nomura Securities. Même si le yen s'est récemment redressé face au billet vert, son affaiblissement continu ces derniers mois laisse augurer de bonnes performances pour les groupes japonais dont beaucoup présenteront leurs résultats annuels, à l'instar notamment des constructeurs automobiles Mazda et Mitsubishi Motors dont les publications sont prévues vendredi prochain. Début février, Mazda avait de nouveau relevé son estimation de chiffre d'affaires sur l'exercice 2014-2015, évoquant la progression de ses ventes à l'étranger et des effets de change favorables. En revanche, Mitsubishi Motors avait abaissé les siennes en raison de la fonte de ses ventes dans l'archipel Japon et dans plusieurs pays d'Asie. Cela n'avait pas empêché Standard & Poor's de relever la note de la dette à long terme du groupe (à BB+) grâce à son endettement très bas. D'ici là, les chiffres du commerce extérieur du Japon pour le mois de mars sont attendus mercredi. En février, le déficit commercial s'était réduit de moitié sur un an, notamment grâce à la chute des prix du pétrole qui allège la facture énergétique du pays. Au moment de la fermeture vendredi à Tokyo (06h00 GMT), le dollar se situait à 119,01 yens, plus bas que jeudi à la clôture, tandis que l'euro s'est un peu repris, à 128,19 yens. Wall Street avait clôturé en baisse minime la veille, tiraillée entre des résultats d'entreprises satisfaisants et des indicateurs économiques médiocres. Cette ambivalence a suffi à refroidir une partie des donneurs d'ordres à Tokyo, au demeurant souvent tentés en fin de semaine de vendre pour matérialiser quelques gains. La sanction a de fait été sans appel, avec un recul pour les deux tiers des composantes du Nikkei 225. La palme de la plus belle dégringolade est revenue à la société de grands magasins Mitsukoshi Isetan Holdings (-9,24% à 2 063 yens), suivie par le concurrent J-Front Retailing (-5,87% à 1 893 yens), et ce même si le gouvernement japonais a annoncé vendredi une quatrième amélioration mensuelle d'affilée du moral des consommateurs.
L'électronique sanctionnée Parmi les chutes notables figure celle de Sharp (-5,87% à 261 yens), victime du contrecoup de ses précédentes progressions et de rumeurs sur une drastique restructuration à venir. La principale nouvelle de la journée était pourtant plutôt positive puisque le groupe a, selon la presse, réussi à trouver un accord avec ses principales banques pour un soutien financier en échange d'une réorganisation de grande ampleur. La compagnie a indiqué vendredi après la clôture du marché qu'elle annoncerait le 14 mai ses résultats de l'exercice 2014/2015, ainsi que son plan d'objectifs à moyen terme. Dans le même secteur, le titre Sony, qui avait aligné 12 séances positives sur les quinze dernières, a lâché 3,69% à 3 555,5 yens. L'action Sony a vraisemblamement été prise dans un mouvement plus large affectant les entreprises des composants électroniques. Ainsi, Alps Denki a-t-il perdu 6,06% à 2 898 yens, Nippon Electric Glass 5,54% à 665 yens, Tokyo Electron 3,84% à 7 735 yens, TDK 3,53% à 8 190 yens et Kyocera, un poids lourd de la cote, 3,40% à 6 768 yens.
Les péripéties de Renault sans effet sur Nissan Dans un autre secteur dominant, celui de l'automobile, le tableau a été contrasté, avec un recul de 0,14% à 8 297 yens pour Toyota et un gain de 0,56% pour Nissan qui n'a pas pâti du bras de fer entre l'Etat français et le P-DG Carlos Ghosn exigeant que "l'équilibre entre les deux principaux actionnaires de Renault (l'Etat et Nissan) soit maintenu lors de la prochaine assemblée générale ou restauré après celle-ci". Parmi les autres hausses, se sont distinguées les maisons de commerce: Mitsubishi Corporation a signé la plus importante de la journée (+4,85% à 2 497 yens) suivie par Itochu (+2,54% à 1 451 yens). A noter pour finir la baisse de 0,30% à 333,70 yens de l'action de la compagnie aérienne ANA Holdings qui n'a pas bénéficié de son annonce du jour: la mise en service à l'automne d'un "R2-D2 Jet", avion de type Boeing 787-9 repeint aux couleurs du robot éponyme de la saga cinématographique "Star Wars".