Le calme a été rétabli hier sur une base militaire dans le nord du Yémen après des combats provoqués par le ralliement de soldats à la rébellion et qui se sont soldés par une trentaine de morts, a indiqué une source militaire. L'aviation de la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite était intervenue mardi soir contre le groupe de dissidents sur la base de la 23e brigade mécanisée, située près de la frontière avec le royaume saoudien, selon cette source. Le commandant de la 1ère division militaire, dont relève cette brigade, le général Abderrahman al-Halili, s'est rendu sur la base où il a calmé la situation, a déclaré la même source sans donner de détails. Mardi, des dizaines de soldats ont fait défection et annoncé leur ralliement à la rébellion chiite des Houthis, provoquant des affrontements, puis l'intervention des avions de la coalition, avait indiqué dans la nuit cette source au sein du commandement de la 1ère division. Les violences se sont soldées par plus de 30 morts et des dizaines de blessés, a ajouté mercredi la même source, révisant à la hausse un précédent bilan de 15 morts. Des blindés et des transports de troupes ont été détruits ou endommagés dans les raids et les affrontements entre unités rivales, selon la même source. Dans le sud, de violents combats ont opposé à l'aube rebelles et forces pro-gouvernementales dans les banlieues nord et est d'Aden, où huit civils, dont trois enfants et une femme, ont été tués dans le bombardement par les insurgés d'un quartier résidentiel, selon des sources militaires. A la faveur de ces combats, les rebelles ont réussi une percée dans Al-Bassatine, un quartier du nord d'Aden, défendu depuis des semaines par les forces pro-gouvernementales, ont indiqué des sources militaires. Dans la province voisine de Lahj, des avions de combat de la coalition ont bombardé avant l'aube un convoi de la rébellion transportant des renforts de Taëz (sud-ouest) à Aden, selon des sources militaires. Par ailleurs, l'agence Saba, contrôlée par les rebelles, a fait état de l'évasion mardi des détenus d'une prison dans la province d'Al-Mahawit, au nord-ouest de Sanaa, à la suite de raids aériens menés par la coalition dans les alentours de la prison. Selon l'agence, 40 évadés étaient toujours recherchés après la capture de 180 autres, reconduits en prison. La coalition procède depuis le 26 mars à une campagne de frappes aériennes contre les rebelles chiites des Houthis pour les empêcher de prendre le contrôle de l'ensemble du territoire yéménite. Les Houthis, soutenus par l'Iran, ont, avec l'aide d'unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, déclenché l'an dernier une offensive d'envergure, qui leur a permis de prendre la capitale Sanaa, puis plusieurs régions du nord, du centre et de l'ouest. Ils ont ensuite progressé dans le sud, obligeant le président Abd Rabbo Mansour Hadi à fuir Aden, où il s'était réfugié, pour s'exiler en Arabie saoudite.
L'EI frappe encore à Sanaa Un attentat anti-chiite à la voiture piégée a fait mardi un mort et cinq blessés dans la capitale yéménite Sanaa, que le groupe djihadiste Etat islamique (EI), qui considère les chiites comme des hérétiques, a rapidement revendiqué. La nouvelle attaque est intervenue à un moment où la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite a intensifié mardi ses raids aériens au Yémen au lendemain d'une sanglante journée marquée par la mort de 124 personnes, selon les rebelles chiites des Houthis. Arrivé dimanche à Sanaa, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, poursuivait dans le même temps ses efforts pour obtenir une trêve humanitaire, la guerre ayant déjà fait plus de 3.000 morts, pour plus de la moitié des civils. Une voiture piégée, garée à proximité de la mosquée Al-Raoudh dans le sud-est de Sanaa, a explosé à la sortie des fidèles de ce lieu de culte chiite après la prière musulmane du soir, ont indiqué des témoins et une source des services de sécurité, faisant état de morts et de blessés. Selon un premier bilan obtenu de source médicale, une personne a été tuée et cinq autres blessées dans l'attentat. Dans un communiqué, l'EI a vite endossé la responsabilité de l'attaque à Sanaa, la deuxième qu'il revendique en une semaine. L'EI, qui sème la terreur dans plusieurs pays arabes, surtout en Irak et en Syrie, avait signé le 21 mars ses premiers attentats au Yémen, en visant plusieurs mosquées chiites. Bilan : 142 morts, l'un des plus lourds enregistrés dans ce pays. Les civils continuent de payer un lourd tribut dans cette guerre qui a commencé lorsque les Houthis ont déclenché l'an dernier une offensive d'envergure à partir de Saada, leur fief dans le nord, prenant coup sur coup la capitale et de larges territoires dans le nord, le centre et l'ouest du Yémen. Depuis, au moins 1 528 civils ont été tués et 3 605 blessés, a indiqué mardi la commission de l'ONU pour les droits de l'Homme, précisant dans un communiqué qu'au moins 92 civils, dont 18 enfants et 18 femmes, avaient été tués entre le 17 juin et le 3 juillet.