La Libye risque de devenir un "Etat en échec" comme la Somalie, si les factions en conflit n'atteignent pas un accord dans les semaines à venir, a récemment mis en garde le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni. Le ministre italien des Affaires étrangères s'est exprimé à ce propos dans une interview accordée récemment au journal italien La Stampa, juste avant un nouveau cycle de négociations qui débutera mercredi au Maroc. D'après un analyste, cet appel reflètera les inquiétudes croissantes de l'Italie face à la situation volatile du pays nord-africain, qui affecte déjà la stabilité de la zone de la région méditerranéenne. "Dans son message, M. Gentiloni a exprimé la volonté de l'Italie de trouver des solutions partagées à la crise libyenne, qui représente une double menace en termes de sécurité nationale et de trafic humain", a expliqué Gabriele Lacovino, coordinateur et expert nord-africain auprès du Centre pour les études internationales CeSI basé à Rome, à Xinhua. Dans son interview avec le quotidien, M. Gentiloni a souligné le besoin "d'insister sur les négociations" et que la diplomatie manquait de temps. Si les négociations de paix ne progressent pas dans les prochaines semaines, l'Europe se retrouvera avec "une autre Somalie à deux pas de ses côtes, et nous serons obligés de réagir différemment", a précisé M. Gentiloni. Dans ce scénario, l'objectif de la communauté internationale ne "sera plus de stabiliser le pays, mais de contenir le terrorisme", a averti le ministre. La Libye connaît le chaos et les combats depuis le renversement de l'ancien leader Mouammar Khadafi en 2011.
Plateforme importante Le pays est devenu une plateforme importante du trafic de milliers de migrants voulant atteindre l'Europe, et alors que les négociations de paix initiées par l'ONU prenaient du temps l'année dernière, l'Etat Islamique établissait des bases dans le pays et a récemment pris le contrôle de la ville côtière de Syrte. Si cela se produit, ce pays pourrait devenir un refuge pour les groupes terroristes ayant des intérêts dans la région et pour les organisations terroristes susceptibles de menacer la sécurité de l'Europe et de l'Italie. "L'Italie attire l'attention sur le scénario libyen car il a été négligé de manière répétée par la communauté internationale", a déclaré M. Iacovino. "En particulier, les Etats-Unis ont commencé à porter moins d'attention à la région méditerranéenne, et l'Italie s'est trouvée de plus en plus isolée pour faire face à ses priorités de politique étrangère", a-t-il dit. L'Italie est l'ex-pays colonisateur de la Libye, et surtout, qu'elle est le pays de l'Union européenne le plus proche des côtes libyennes, avec Malte. Toutefois, l'analyste partage également l'optimisme modéré de M. Gentiloni et de l'envoyé des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, exprimé le 21 juillet après une réunion à Rome. A cette occasion, M. Leon a déclaré qu'il voyait finalement "la lumière au bout du tunnel". Lui et M. Gentiloni ont exprimé de légers espoirs de parvenir à un accord plus complet, après la signature en début juillet d'un pacte de gouvernement d'union nationale par un certain nombre de factions libyennes dont les conseils municipaux et le Parlement basé à Tobrouk. Toutefois, le Congrès national général GNC, pouvoir rival basé à Tripoli, n'a pas signé cet accord. "Les négociations sous la médiation des Nations unies ont sans nul doute progressé récemment, par rapport à il y a six mois seulement quand elles semblaient gelées, et l'implication des municipalités libyennes est particulièrement significative", a déclaré cet analyste. "L'optimisme du mois de juillet était justifié, car la situation précédente était bien pire ... Le problème maintenant est le décalage entre ces négociations et la situation sur le terrain, qui reste très fragmentée", a-t-il indiqué. Une priorité majeure du prochain round de discussions sera de faire signer le pacte sur le gouvernement d'union nationale par le GNC basé à Tripoli, bien que ce document ne prévoi aucun rôle pour le GNC dans une éventuelle transition après la guerre, selon cet expert. "Le point crucial est le suivant : au cœur de la crise libyenne il y a plusieurs entités qui veulent toutes le pouvoir, et jusqu'à ce qu'on trouve un moyen de diviser le pouvoir entre elles, une solution sera difficile à obtenir", a déclaré M. Iacovino.