L'évolution de l'environnement gazier amène l'Algérie à développer une stratégie dynamique qui lui permet de s'adapter continuellement aux exigences et conditions du marché. C'est ainsi qu'échaudée par le contentieux avec l'Espagne sur le prix du gaz livré par le gazoduc GME reliant les deux pays, l'Algérie pourrait renoncer aux contrats à long terme pour ses exportations de gaz naturel et opter plutôt pour des contrats à courte ou moyenne échéance. "Nous préférons aller vers des contrats de GNL (gaz naturel liquéfié) et des contrats à court terme (de 5-10 ans) pour le gaz naturel afin de pouvoir renégocier plus facilement les prix et, par la suite, profiter du marché spot du gaz, une fois qu'il sera mis en œuvre", a dit M. Chakib Khelil dans un entretien à la chaîne de télévision Beur TV diffusé lundi. La lenteur des négociations sur la révision des prix du gaz a engendré, selon le ministre, des pertes pour Sonatrach, ainsi contrainte d'aller à l'arbitrage international pour faire valoir son droit d'augmenter périodiquement ses tarifs. La future stratégie de Sonatrach en faveur de contrats à court terme, permettra d'éviter la "dépendance" de l'Algérie vis-à-vis de ses clients européens et la garantie d'une meilleure flexibilité en matière de renégociations des prix, a indiqué le ministre de l'Energie et des Mines. Il a, par ailleurs, tenu à avertir que les différents clients se doivent désormais d'assurer à Sonatrach "un traitement juste et équitable, au moment voulu". Pour M. Khelil, la sécurité de l'approvisionnement est, certes un impératif, mais la sécurité de la demande reste également primordiale. Cette dernière ne se pose pas selon lui en terme de garantir la demande mais plutôt la possibilité d'une renégociation équitable des contrats quand cela s'impose. Cette préférence affichée pour les contrats à court terme cadre avec la position de plus en plus importante du GNL dans la stratégie gazière algérienne. Selon les experts, la bataille mondiale du gaz se jouera en effet en partie demain sur la capacité des géants du secteur à maîtriser la technologie et les flux de gaz naturel liquéfié (GNL) dans un marché appelé à connaître demain une très forte croissance. Le développement du GNL et du marché du " spot " pourraient, à terme, conduire à la création d'un cartel du gaz. Sonatrach se prépare donc activement pour devenir l'un des acteurs majeurs du GNL dans le monde. Cela se traduit par, outre le renforcement des capacités de sa filiale Hyproc spécialisée dans le transport maritime du GNL, la mise en place d'une importante infrastructure gazière à l'image du méga projet de Gassi Touil que Sonatrach a décidé de reprendre seule après l'échec des entreprises espagnoles à le développer. L'objectif de l'Algérie, qui est parmi les tout premiers exportateurs de GNL au monde, est d'affirmer le rôle important qu'elle joue dans l'industrie du GNL. Un rôle qui sera réaffirmé lors du 16e Congrès international du gaz naturel liquéfié (GNL-16) qui sera organisé à Alger en 2010.