L'Insee a révisé légèrement à la baisse sa prévision de croissance pour 2015, à 1,1% contre 1,2% prévus auparavant, prenant notamment en compte la "mauvaise surprise" de la croissance nulle du deuxième trimestre, et n'entrevoit pas de baisse sérieuse du chômage sur l'année. Dans son point de conjoncture, l'Institut national de la statistique et des études économiques prévoit une croissance par "à- coups" pour les deux prochains trimestres, avec une hausse de 0,2% du produit intérieur brut (PIB) au troisi ème (contre 0,3% prévus jusqu'alors) puis de 0,4% au quatrième. L'Insee estime par ailleurs que le taux de chômage devrait se stabiliser au second semestre 2015 à 10% en métropole, contre 10,1% en 2014. Cette stabilisation devrait être favorisée par une progression de l'emploi marchand, portée par "une activité mieux orientée et surtout par l'enrichissement de la croissance en emplois apportée par le CICE (crédit d'impôts pour la comp étitivité et l'emploi) et le pacte de responsabilité", principale arme du gouvernement pour relancer l'emploi. La révision à la baisse de la croissance est essentiellement due à "la mauvaise surprise du deuxième trimestre" durant lequel la croissance a été nulle, a déclaré lors d'une conférence de presse Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture. Après une croissance de 0,7% au premier trimestre, l'économie française a calé au deuxième trimestre, plombée notamment par le décrochage de la production manufacturi ère. Cet épisode ne devrait traduire qu'"un trou d'air", estime toutefois l'Insee. L'estimation pour 2015 reste supérieure au pronostic officiel du gouvernement, qui a préféré jouer la prudence et s'en est tenu à une prévision de 1% en 2015. Ce qui ne l'a pas empêché de laisser entendre à plusieurs reprises que la croissance pourrait quand même être supérieure au final. A 1,1%, la croissance atteindra "un niveau inédit depuis quatre ans", a souligné Dorian Roucher, chef de la division Synthèse conjoncturelle à l'Insee. Elle restera toutefois infé- rieure à la croissance de la zone euro, estimée pour 2015 par l'Insee à 1,6%. RECUL DE L'INVESTISSEMENT EN CONSTRUCTION "Ce différentiel de croissance provient essentiellement de l'investissement en construction", qui se stabilise dans la zone euro alors qu'il devrait continuer de reculer en France, a expliqué M. Roucher. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène: du côté des ménages, le pouvoir d'achat, le rétrécissement de la classe d'âge des 30-59 ans qui est la plus susceptible d'investir dans le logement, et la hausse plus importante du prix du neuf par rapport à l'ancien, ou encore l'essoufflement des dispositifs de l'investissement locatif ont joué. Du côté des administrations publiques, la baisse des dotations globales a aussi pesé. L'Insee observe que les exportations françaises ont été dynamiques au premier semestre et devraient continuer à l'être au second, en dépit d'un léger ralentissement. Profitant de la dépréciation de l'euro, des livraisons aéronautiques et navales exceptionnelles et de la reprise chez certains de ses partenaires commerciaux, elles devraient progresser de 6,5% sur l'ensemble de l'année. L'Insee a d'ailleurs souligné la bonne résistance des économies européennes face aux turbulences observées sur les marchés émergents, et notamment en Asie. Le pouvoir d'achat et la consommation devraient accé- lérer quasiment au même rythme, avec respectivement une hausse de 1,7% et de 1,6% sur l'année. L'inflation devrait pour sa part rester faible et s'établir à +0,3% fin décembre. Du côté des entreprises, "les vents favorables ont permis de restaurer leur situation financière", a déclaré M. Passeron. "Les perspectives de demandes interne et externe sont plus favorables, le taux de marge s'est nettement amélioré en début d'année grâce au CICE, au pacte de responsabilit é et à la baisse des cours du pétrole et enfin les conditions de financement externes se sont encore assouplies", détaille l'Insee. L'institut anticipe une accé- lération modérée de l'investissement des entreprises au second semestre. Il devrait augmenter de 2,1% fin 2015 contre +0,3% en 2014. Cette modération est notamment due au fait que le taux d'utilisation des capacités de production est toujours inférieur à sa moyenne de longue période, réfrénant les besoins d'investissement des entreprises, a indiqué M. Passeron.