A la veille du sommet Europe - Afrique prévu pour ce samedi à Lisbonne, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a appelé à ce que les relations entre ces deux continents dépassent le schéma anachronique et appauvrissant "donateur-bénéficiaire" pour passer à une relation " adulte, responsable ", entre des partenaires "qui se respectent" et qui font du dialogue politique la base d'un partenariat efficace et concret pour avancer vers les Objectifs du Millénaire pour le Développement, d'autant que le continent africain est en pleine croissance. Ce deuxième Sommet, qui se tient avec presque quatre ans de retard sur la date initialement prévue, doit, selon ce responsable, marquer un tournant décisif dans les relations entre les deux continents. Dans une tribune publiée par le journal français Le Figaro, il a souligné que le sommet de Lisbonne a un agenda ambitieux, notamment la paix et la sécurité, le changement climatique, l'aide au développement, la migration et la gouvernance, estimant que désormais tous les éléments sont en place pour faire passer ces relations à une vitesse supérieure. Selon ce responsable, ce rendez-vous est un enjeu humaniste, ajoutant que c'est un enjeu de solidarité, et non pas d'une mauvaise conscience "obsolète" par rapport à un passé qu'il faut définitivement surmonter, d'autant que ce passé était le guide quand les Etats membres ont été poussés à s'engager à atteindre une moyenne de 0,7% du PIB consacré à l'aide au développement en 2015, et 0,56% en 2010, selon les recommandations des objectifs du millénaire. Toutefois, il a ajouté devoir rester vigilant à ce que les montants continuent à augmenter et qu'ils s'accompagnent d'un accroissement de la qualité, de l'efficacité et du caractère prévisible de l'aide. En outre, il a souhaité que ce sommet soit un point de démarrage concret et efficace. D'autant que cet agenda porte un nom : le partenariat stratégique UE-Afrique. Un partenariat qui permettra, selon lui, de travailler davantage dans des domaines qui représentent des défis communs comme la paix et la sécurité, la migration, le changement climatique, l'énergie. Le responsable européen a ajouté que le réchauffement du climat aura un impact certain sur le développement de certains pays africains. Il a également évoqué la désertification dans la région du Sahel et les inondations sans précédent que l'Afrique de l'Ouest a connues l'été dernier en affirmant la nécessité de renforcer le système humanitaire international et en investissant plus de moyens et d'expertise dans la prévention des catastrophes naturelles. Concernant la migration, pour laquelle les visions des deux rives sont différentes, il a souligné que ces questions sont complexes et requièrent une approche globale tout en citant les éléments de sécurité, de contrôle des frontières, de justice, et qu'ils doivent également trouver des réponses aux politiques de développement, les seules qui peuvent à terme enrayer cette hémorragie qui vide les pays africains de leurs meilleurs éléments. Par ailleurs, les participants à ce sommet vont débattre des défis posés par des maladies comme le HIV/Sida, la malaria et la tuberculose, la sécurité énergétique, les technologies de l'information, le transfert de technologie, la coopération scientifique, la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Sur ce point, il a souligné son attachement au rôle des acteurs non étatiques dans le développement, la démocratie, la prévention des conflits et les processus de reconstruction à la suite d'un conflit. M. Barroso constate que l'Afrique est redevenue un enjeu géostratégique majeur sur la scène internationale et retrouve aujourd'hui une place en accord avec ses énormes potentialités dans les différents agendas politiques internationaux. L'autre état des lieux dressé par ce responsable européen est que la gouvernance en Afrique avance. Il a indiqué miser beaucoup sur l'émergence de cette gouvernance car, selon ce responsable, le temps des leçons, de la morale et du paternalisme doit être révolu et que l'heure est à l'appropriation du développement par ses bénéficiaires, à l'intégration régionale et à la pression par les pairs.