Dans l'entretien qu'il a accordé à TSA, M. Amara Benyounes président du MPA et ex-ministre du Commerce a vidé son sac sur nombre d'interrogations le concernant après son départ du gouvernement et sur d'autres questions d'actualités politiques et économiques tout en réaffirmant son soutien au programme politique du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika. Il a également saisi l'occasion pour à son tour mettre à l'index l'ex-émir de l'AIS, Madani Mezrag. Evoquant son départ du gouvernement, l'ex-ministre du Commerce dit que c'est le Premier ministre qui l'a appelé au téléphone pour lui annoncer la nouvelle. " Cela se passe toujours de la même manière dans tous les pays du monde. On vous appelle au téléphone pour vous annoncer votre nomination et vous rappelle au téléphone pour vous indiquer la fin de votre mission. On ne vous donne jamais les raisons à l'origine de votre nomination ou de votre départ". Estimant le bilan de son action à la tête du ministère du Commerce, en toute simplicité, " plutôt positif ". " Mais dans chaque équipe gouvernementale, il y a des sensibilités et des ambitions individuelles, des différences d'approches et différences de point de vue qui peuvent cohabiter un certain moment ". Au passage, il affirme n'avoir aucun problème avec son successeur," J'ai fait mon bilan et le reste revient à ceux qui décident". Invité sur sa réaction à ce limogeage après ce " bilan positif, il souligne : " Mon état d'âme n'a aucune importance. Je suis blindé. Sur mon front, il n'est pas écrit ministre. Je suis un militant politique. Une qualité que personne ne peut m'enlever ". Pour lui encore, " Si vous quittez le gouvernement, c'est qu'il y a un responsable qui a demandé votre départ. C'est la lecture que je fais. C'est lui le Premier ministre ". Et à la question : Pourquoi Sellal a demandé votre départ ?, il répond à notre consœur Hadjer Guenanfa : Posez-lui la question. Je ne peux pas avoir un avis sur ce qu'il pense ". A ce propos, M. Benyounes rejette toute idée d'un désaccord avec le Premier ministre sur certaines questions. " J'ai travaillé en mon âme et consciences sur tous les dossiers que certains ont qualifiés de brûlants. Seuls les intérêts de l'Algérie ont guidé mes actions. Quand on parle des intérêts de l'Algérie, il peut y avoir des divergences ". Ne se sentant pas avoir été la victime des lobbies, M. Benyounes rappelle que lorsqu'on décide de " réformer ", on touche fatalement à des intérêts. " Le Président m'avait donné deux instructions. La première était d'assainir le commerce intérieur et extérieur de l'Algérie. La deuxième était d'accélérer le processus d'accession à l'OMC tout en veillant à la sauvegarde des intérêts du pays. Je pense que je n'ai pas failli ". Justement interpellé par la journaliste sur certains dossiers dont celui des véhicules importés qui ont été débloqués après son départ, l'ex-ministre du Commerce dit « Ce sont des coïncidences ". Plus explicite, il rappelle : " Sur TSA vous avez publié un article sur le dossier en vous basant sur les statistiques du CNIS indiquant qu'il y avait 439 000 véhicules importés dont 139 000 n'ont pas été vendus. Un tiers des voitures importés est stocké. Cela constitue un problème puisqu'elles sont payées par avance. Nous avons également remarqué que les entreprises (concessionnaires) qui vendent le plus de voitures sont celles qui paient le moins d'IBS. J'avais dit qu'il fallait mettre en place des licences d'importation pour que l'Algérie ne devienne pas une aire de stockage ". Les véhicules importés par ces entreprises ont été bloqués par la suite. Sa réponse a été la suivante : " Ce n'est pas le ministère du Commerce qui gère ce dossier mais le ministre de l'Industrie. Le ministère du Commerce ne vérifie que la régularité des opérations de commerce quand (les marchandises entrent dans le pays ". Avec plus de précisions et de détails sur la polémique qui a été provoquée autour de sa décision sur la vente de boissons alcoolisées, M. Benyounes que sur objectif sur le sujet était d'organiser le marché. " Ce qui m'intéressait en tant que ministre est de savoir si c'est légal ou illégal. L'inspection générale des finances (IGF) avait dit que l'instruction (que j'aie annulée) est illégale. J'ajoute que je n'ai pas pris, seul, cette décision. Le Premier ministre était donc au coutant ? " J'ai dit que je ne l'ai pris paris seul. Je m'arrête là. Interrogez-le ". Il ajoute sur la même décision que le Premier ministre a d'autres types de considérations. " Il a pensé que cela apporterait plus de calme et d'apaisement au sein de la société. Quand j'étai ministre, il y a eu trois manifestations seulement ! Il pense qu'il y avait désaccord sur l'approche en question. Ne considérant pas son départ du gouvernement comme un désaveu du président Bouteflika, le président du MPA persiste et signe : " Pas du tout. Il faut prendre de la distance. Ce n'est pas parce qu'Amara Benyounes a quitté le gouvernement que le MPA va rejoindre l'opposition. Nous avons soutenu Bouteflika en 2004, en 2009 et en 2014. Jamais il n'y a eu de discussions ou de négociations avec le Président. Il s'est présenté aux élections. Tous ceux qui se sont reconnus dans son bilan l'ont soutenu. Moi, je n'ai jamais négocié ou marchandé le soutien du MPA ". Et pour cause il rappelle qu'il ne faut pas oublier la situation dans laquelle se trouvait le pays notamment durant l'élection de 2014 et celle de la région en général. Il ne faut pas oublier les menaces internes et externes importantes, qui pesaient sur le pays. " Nous avons jugé en notre âme et conscience que le Président était le plus à même de continuer à diriger le pays ". Sur l'initiative distincte du SG du FLN, Amar Saadani celui par intérim du RND, Ahmed Ouyahia quant à la création d'un front de soutien au Président, le président du MPA souligne : " Pour nous, le plus important est l'efficacité de ce cadre et non celui qui va le diriger. Les élections législatives auront lieu en 2017. A ce moment, ça sera chacun pour soi. Actuellement, nous avons un moins commun fondamental : le soutien au Président de la République. Nous pensons qu'il faudrait s'organiser dans un cadre pour faire ce à l'opposition par exemple ". Pour l'ex-ministre du Commerce la grande polémique provoquée entre l'industriel Rebrab et le ministre de l'Industrie " est inutile et stérile ". " Personne n'en sortira vainqueur. Le pays est le seul perdant dans cette affaire parce que son image de marque à l'échelle internationale a été très sérieusement écorchée. Il ne faut pas qu'il y ait une polémique entre le ministre de l'Industrie et le plus grand industriel du privé du pays. J'appelle à l'esprit de responsabilité et à la sagesse des uns et des autres ". Il persuadé que ça ne sert à rien de nourrir cette polémique. Cela fait du mal au pays qui a besoin de calme, de sérénité et d'apaisement pour aller vers une véritable relance économique. "S'il y a des blocages, il doit les discuter avec les autorités concernées pour trouver des solutions ". Au sujet des accusations de surfacturation portées par le ministre de l'Industrie à l'encontre de Rebrab, l'ancien ministre du Commerce déclare : " Jamais je n'accepterai de rentrer dans cette polémique. Ils se sont échangé des noms d'oiseaux les uns envers les autres. Je pense que ça suffit. Cette polémique doit être close. Il faut qu'ils se rencontrent dans un bureau et qu'ils règlent ce problème. Le dernier baromètre publié par le FCE souligne la baisse du moral des chefs d'entreprises. Ce genre de polémique ne fait qu'entretenir cela ".Rebrab avait exprimé sa crainte de se voir arrêté à l'aéroport ? Pour le président du MPA, ce n'est pas vrai. Il en veut pour preuve le démenti apporté par le DGSN. " Il ne faut pas être dans la paranoïa ", a-t-il ajouté. M. Benyounes n'a pas voulu donné son avis sur la sortie du ministre de l'Industrie. " Mon ami Bouchouareb m'a succédé à ce dernier poste. Jamais je n'ai parlé de mes prédécesseurs, ni de mes successeurs. Je ne veux pas rajouter à la polémique qui a fait, de mon point de vue, beaucoup de dégâts ". Exprimant son point de vue sur l'arrestation des deux généraux Hassan et Benhadid, il estime que les deux affaires n'ont rien à voir l'une avec l'autre. " Ce n'est pas parce qu'ils sont généraux qu'elles sont liées. Nous sommes dans une République. Nous sommes dans une démocratie. Les deux affaires sont en instruction. Je refuse toujours de commenter les affaires qui sont entre les mains de la justice. Cela étant dit, il faut distinguer les personnes des institutions. J'ai eu à connaitre le parcours du général Hassan plus que celui du général Benhadid. Tout le monde a salué la bravoure et le courage, le patriotisme et l'efficacité du travail accompli par le général Hassan ainsi que l'ensemble de ses camarades du DRS, de l'armée, de la police et de la gendarmerie nationale. J'ai toujours soutenu nos services de sécurité à qui je tiens à rendre hommage ". Pour lui la décision revient à personne mais à la justice. " Laissons-la faire son travail quand même. Je ne vois pas pourquoi vous voulez tout faire. Vous ne pouvez pas décider s'il est innocent ou coupable. Le principe est la préemption d'innocence et jusqu'à preuve du contraire, le général est innocent jusqu'à ce que la justice décide de le condamner ou pas ". Les avocats du général Benhadid ont dénoncé des violations : Pour Benyounes tous les avocats du monde dénoncent des violations. " C'est leur métier. Je n'ai aucun commentaire à faire sur cette affaire. Il y a un problème en rapport avec la presse et l'exercice du métier de journaliste. Pour moi, il ne peut y avoir de démocratie sans liberté de la presse. Mais après 25 ans de pluralité, je pense que la profession doit s'organiser. Il est temps que la profession se dote d'un véritable conseil de déontologie et d'éthique. C'est la justice qui juge ! La presse a pris partie pour innocenter ceux qui ont été arrêtés. Dans d'autre affaires, elle a fait le contraire ". Le président du MPA se dit entendre une lutte de clans. " Il faut cesser de voir Bouteflika comme un chef de clan. C'est un président de la République. Et dans la même direction, il rappelle que les changements intervenus au sein de l'armée, " Cela fait partie des prérogatives du président de la République. C'est le seul pays où les services secrets sont devenus sujets d'un débat public. Même l'organigramme du DRS est connu de tous ! Parlant du départ à la retraite du général de corps d'armée, Tewfik, Amara Benyounes affirme qu'il était le seul à défendre le DRS en tant qu'institution. " Contrairement à certains aventuriers politiques, je pense que c'est une institution indispensable au pays. Il faut être fou pour demander sa dissolution. En ce qui concerne les personnes, tout a une fin ". Il revient sur la sortie du SG du FLN, Amar Saadani qui a appelé le général Tewfik à démissionner : " Il parlait de l'institution. Je le dis et je le répète, le chef d'un parti politique n'a pas à s'immiscer dans la gestion des services secrets. Regardez si les gens peuvent vous citer le nom du patron de leurs services secrets dans n'importe quel pays au monde. Chez nous, Bachir Tartag est devenu, en un quart d'heure, l'homme le plus connu d'Algérie. Il estime pour le général Tewfik que " C'est la fin d'une mission. Vous ne savez pas comment ça s'est passé. J'ai approché le général Tewfik. C'est un patriote qui a servi loyalement son pays. C'est' un homme qui a toujours mis les intérêts de l'Algérie au-dessus de tout ". Donnant son avis sur la dernière sortie de Madani Mezrag, le président du MPA estime que sa présence est seulement médiatique et ses provocations sont uniquement médiatiques. " Je pense que quelqu'un qui était un ancien émir terroriste ne peut pas retrouver sa popularité ou sa crédibilité au sein du peuple algérien. Ce n'est pas moi qui l'empêche de revenir en politique, c'est le peuple. Cela étant dit, si demain je suis au plus haut niveau de l'Etat, je ne me comporterais pas avec lui de cette manière. Je veux dire que je ne le recevrai pas et que j'appellerai la loi ". Pour Benyounes si on suit la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, il n'a pas le droit de faire ce qu'il est entrain de faire. " Ce personnage parle de création d'un parti politique depuis six ans, je pense que la réponse du Président était claire ".