Des responsables du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques ont insisté mercredi à Jijel sur la nécessité de valoriser les potentialités aquacoles du pays mettant en relief les mesures incitatives pour booster ce secteur. Lors d'une journée d'études consacrée à l'aquaculture, à laquelle ont pris part des représentants de plusieurs wilayas du centre et de l'est du pays, l'accent a été particulièrement mis sur ce créneau peu développé en Algérie au regard des sites maritimes et des plans d'eau continentaux naturels ou artificiels qui se prêtent favorablement à ce secteur. Initiée par la direction de wilaya de la pêche et des ressources halieutiques, cette rencontre qui a groupé des représentants du secteur au niveau des wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Skikda, Annaba et Tarf, ainsi que des écoles de formation de pêcheurs (Collo et Annaba), a notamment permis d'apporter un éclairage sur un créneau susceptible de combler le déficit en protéines et de créer un nombre importants d'emplois. Le président de la chambre de la pêche, Abderrachid Khelifi, a notamment rappelé que "l'aquaculture est un palliatif dans de nombreux pays tels que la Grèce, la Chine et l'Italie", soulignant que "l'Etat devrait aider davantage à la promotion de ce secteur". Dans la wilaya de Jijel, la pêche peine à démarrer et des promoteurs rencontrent toujours certaines difficultés pour la réalisation de leurs projets, a-t-on également souligné, citant le cas, entre autres, de deux investisseurs dont le dossier a été ficelé il y a cinq ans sans donner lieu au démarrage de leur activité. Celle-ci a trait à la réalisation d'une ferme aquacole avec plusieurs autres commodités en relation directe avec le volet touristique, a-t-on noté. Selon le représentant du ministère, qui a exposé les "potentialités aquacoles en Algérie, les réalisations et les perspectives", ainsi que les grandes lignes du programme de développement de ce créneau, "l'aquaculture est une activité prioritaire au niveau du gouvernement et bénéficie du soutien de l'Etat qui a promulgué une batterie de textes réglementaires à même de promouvoir cette filière économique". C'est une activité qui "progresse de 10 % chaque année", a affirmé ce responsable devant les participants regroupés à l'Institut national supérieur de la formation professionnelle "Chabouni Idriss".A titre de comparaison, la Chine produit annuellement 20 millions de tonnes de produits aquacoles, l'Inde 139 000 tonnes, le Maroc 2.100 tonnes, la Tunisie 1 200 tonnes alors que l'Algérie ne fournit que 250 tonnes par an. Dans cet ordre d'idée, a-t-il dit, le ministère en charge de ce secteur a élaboré un plan de développement 2003-2007 pour valoriser toutes les potentialités existantes (sites, rejets d'eau). Cette activité peut être pratiquée au niveau de 286 sites inventoriés aux quatre coins du pays, selon le schéma national de l'aquaculture. Par ailleurs, la consommation des produits de la mer reste encore faible dans le pays avec un ratio de 5 kg par habitant et par an, alors qu'elle est de 9,5 kg au Maghreb, 12 kg en Méditerranée et 13,4 kg dans le monde. Le minimum requis par l'Organisation mondiale de la santé est fixée à 6,2 kg/habitant et par an. En Algérie, cette faiblesse de la consommation s'explique, non seulement par les habitudes alimentaires, mais aussi par d'autres facteurs exogènes (faiblesse de la production, vétusté de la flottille...). Des facteurs dont l'un des corollaires est la pratique de prix parfois prohibitifs. Une autre communication axée sur la conchyliculture (élevage des moules), la mytiliculture (élevage des bivalves) et l'ostréiculture (huîtres) a été également animée par un spécialiste du centre national de développement de la pêche et de l'aquaculture (CNDPA) de Bou Ismaïl qui a expliqué les avantages procurés par ce type d'élevage, le choix des sites ainsi que l'expérience menée sur le terrain dans l'Algérois. "C'est une très bonne option pour la wilaya de Jijel qui n'est pas encore touchée par la pollution", a affirmé le conférencier, illustrant ses propos par le fait que la France "produit et vend pour près de 7 milliards de dollars par an de produits conchylicoles et mytilicoles". Des recommandations ont été élaborées au terme de cette rencontre qui a également permis un large échange de points de vue, d'informations et d'expériences menées dans des wilayas côtières du pays.