Les Bourses européennes ont joué jeudi aux montagnes russes en inversant brutalement leurs tendances haussières, après des déclarations du président de la BCE Mario Draghi. Dans un premier temps, les marchés, séduits par les nouvelles mesures de soutien à l'économie annoncées par la BCE qui avaient dépassé les attentes, avaient nettement progressé. Mais, dans un deuxième temps, les Bourses se sont inquiétées des nouvelles prévisions de la BCE en matière de croissance et d'inflation et des déclarations de M. Draghi sur les taux d'intérêt. "Pendant la conférence de presse, M. Draghi a déclaré que la BCE ne prévoyait pas de nouvel abaissement de taux en tenant compte de sa vision des choses du moment, et ajouté qu'il y avait une limite à jusqu'où les taux négatifs pouvaient aller sans que cela ne nuise aux banques", a souligné Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets à Londres. "Les marchés commencent à se poser des questions sur les actions des banques centrales et leur capacité à sauver l'économie", a expliqué M. Andrea Tuéni, analyste chez Saxo Banque. Pour Yoav Nizard, analyste chez FXCM, le président "Mario Draghi a confirmé ses craintes liées au ralentissement mondial et plus particulièrement celui des économies émergentes". Selon l'analyste, "une correction baissière est ainsi à prévoir dans les prochaines séances", observant que "la révision en baisse du taux de croissance et du taux d'inflation en zone euro confirme cette hypothèse".
L'Eurostoxx 50 a perdu 1,51% La Bourse de Paris a perdu du terrain, reculant de 1,70%. L'indice CAC 40 a perdu 75,30 points à 4 350,35 points, dans un volume d'échanges très élevé de 6,0 milliards d'euros. La veille, il avait gagné 0,49%. BNP Paribas a pris 0,96% à 46,15 euros mais Crédit Agricole a perdu 0,16% à 9,90 euros et Société Générale 0,59% à 34,80 euros. PSA Peugeot Citroën a cédé 3,71% à 14,14 euros, Renault 4,82% à 79,38 euros, LafargeHoclim 4,45% à 37,26 euros et Airbus Group 3,96% à 58,24 euros. Technip a perdu 1,98% à 48,00 euros et Total 3,09% à 40,81 euros. Iliad, maison mère de l'opérateur Free, a gagné 3,65% à 222,85 euros. Carrefour a lâché 6,53% à 23,68 euros. La Bourse de Londres a terminé en forte baisse de 1,78%. A la clôture, l'indice FTSE-100 des principales valeurs a perdu 109,62 points pour terminer à 6 036,70 points. RBS a chuté de 4,19% à 221,70 pence et Barclays de 2,91% à 159,90 pence, et parmi les assureurs, Direct Line Insurance a perdu 4,86% à 358,60 pence et Prudential 3,33% à 1 319,50 pence. Tesco a cédé 3,38% à 188,60 pence, Marks and Spencer 3,26% à 406,70 pence et Kingfisher 2,58% à 339,30 pence. Anglo American s'est enfoncée de 5,19% à 502,80 pence, Glencore de 4,19% à 137,25 pence, BHP Billiton de 3,66% à 789,90 pence et Rio Tinto de 3,62% à 1 957 pence. BP a reculé de 3,60% à 343,20 pence et Royal Dutch Shell (action "B") de 2,84% à 1 641 pence. La Bourse de Francfort a terminé en forte baisse. L'indice vedette Dax a pris d'abord plus de 2% dans la foulée des annonces de la BCE, avant de se raviser pour clôturer en forte baisse de 2,31% à 9 498,15 points. Le MDax a perdu 1,64% à 19 155,82 points. Parmi les gagnants, Adidas a pris 1,29% à 97,57 euros, le groupe immobilier Vonovia 0,69% à 29,15 euros et le fabricant de semi-conducteurs Infineon 0,40% à 11,32 euros). A l'opposé le producteur de sel et d'engrais K+S a sévèrement reculé, pour finir lanterne rouge avec une chute de 10,42% à 19,77 euros. Le fabricant de gaz industriels Linde a perdu 2,37% à 125,70 euros. Volkswagen a lâché 3,89% à 108,85 euros. La Bourse de Milan a perdu 0,50% à 18 118 points, après avoir gagné en milieu de journée près de 4%. La Banca Popolare di Milano a été la plus forte hausse avec +4,91% à 0,673 euro, suivie par Finecobank, +3,63% à 6,845 euros et Unicredit, +2,32% à 3,7 euros. Yoox Net-a-porter a subi la plus forte baisse avec 5,19% à 25,41 euros, suivi par Saipem, -3,91% à 0,3589 euro et Moncler, -3,69% à 15,12 euros. La Bourse suisse a clôturé en baisse. L'indice SMI a clôturé à 7 893,66 points, en repli de -1,03%. Swatch a reculé de 0,63% à 362,30 francs suisse. La volatile Transocean (-6,30% à 10,56 francs) a affiché la plus forte perte de la séance. La semaine passée, le titre avait gagné près de 40%. Credit Suisse a reculé de 1,80% à 14,70 francs, UBS de 0,28% à 16,05 francs et Julius Baer de 1,10% à 42,15 francs. L'indice AEX des principales valeurs de la Bourse d'Amsterdam a clôturé en baisse de 1,24% à 430,18 points. L'assureur NN Group a perdu 3,89% à 26,82 euros. La holding Altice a gagné 3,75% à 14,51 euros. La Bourse de Bruxelles a terminé sur un recul de 0,87%. L'indice BEL 20 de valeurs vedettes a terminé la séance à 3 355,04 points contre 3 384,61 points la veille en clôture. Bekaert a cédé 3,07% à 34,71 euros. L'opérateur de télécoms Proximus (ex-Belgacom) a pris 0,44% à 29,64 euros. L'Ibex 35, indice des valeurs vedettes de la Bourse de Madrid, a fini dans le vert à contre-courant des autres grandes places européennes. L'Ibex 35 a gagné 0,07% à 8 766,90 points. Banco Popular a pris 4,64% à 2,37 euros. Banco Santander 1,07% à 4,16 euros. Bankia 2,71% à 0,83 euro. Inditex a lâché 0,80% à 29,68 euros.
Wall Street perplexe face à la BCE Wall Street a très légèrement baissé, perturbée par les signaux contradictoires de la Banque centrale européenne (BCE), qui a accompagné des mesures très ambitieuses de propos au ton plus attentiste: le Dow Jones a perdu 0,03% et le Nasdaq 0,26%. Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a cédé 5,23 points à 16 995,13 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 12,22 points à 4 662,16 points. L'indice élargi S&P 500, très surveillé par les investisseurs, n'a presque pas bougé, prenant 0,31 point, ou 0,02%, à 1 989,57 points. Les indices ont ouvert en hausse puis sont vite nettement tombés dans le rouge, même s'ils se sont redressés près de l'équilibre peu avant la clôture. "La séance a été agitée", a reconnu Bill Lynch, de Hinsdale Associates. "Manifestement, l'actualité majeure, c'était la BCE et on a essayé de tirer des conclusions de ses annonces." Confrontée à une inflation au point mort et à une croissance morose sur lesquelles elle a au passage abaissé ses prévisions, la BCE a non seulement diminué l'ensemble de ses taux directeurs, déjà au plus bas depuis plus d'un an, mais elle a aussi relevé le montant de ses rachats d'actifs mensuels de 20 milliards d'euros à hauteur de 80 milliards mensuels. Même si les marchés s'attendaient à une accélération des mesures de soutien de la banque centrale, ils ne tablaient pas sur des mesures aussi ambitieuses et Wall Street en a d'abord profité, suivant en cela un bond des places européennes. Néanmoins, assez vite, les Bourses se sont replié "comme Mario Draghi a minimisé l'éventualité de prochaines baisses des taux", ont rapporté les experts de la maison de courtage Charles Schwab, en référence à la conférence de presse du président de la BCE. Ces déclarations font craindre que la banque centrale commence à atteindre ses limites, alors que les résultats de ses actions ne sont pas franchement tangibles. "Une fois dissipée l'euphorie de départ, les gens commencent à se demander dans quel état se trouve l'économie européenne si elle a besoin de tout cela pour la stimuler", a résumé Michael James, de Wedbush Securities. Désormais, à Wall Street, "la seule chose dont on peut être à peu près certains, c'est que l'instabilité va régner", a-t-il conclu. "La Bourse est en forme depuis plusieurs semaines et on commence à avoir un peu trop monté. Les investisseurs risquent de réagir fortement dès qu'il y aura un signe de faiblesse" et exacerber ainsi la baisse des indices.
Dollar General bondit Parmi les valeurs, Yahoo! a cédé 2,06% à 32,82 dollars après l'annonce de l'entrée de nouveaux responsables dans son conseil d'administration, dont un spécialiste des fusions et acquisitions, en pleine spéculation sur les nouvelles options stratégiques que le groupe internet dit étudier actuellement. Box, spécialiste du stockage de fichiers en ligne, a rassuré les investisseurs en réduisant nettement ses pertes trimestrielles et en publiant des prévisions favorables pour 2017, et a pris 1,68% à 12,73 dollars, mais a nettement ralenti après être revenu près du prix où le titre avait été introduit en Bourse début 2015. Party City, une chaîne de magasins spécialisés dans les articles de fête, s'est envolée de 14,16% à 12,50 dollars, malgré un chiffre d'affaires et un bénéfice net trimestriels en baisse, les investisseurs retenant plutôt son optimisme pour l'année en cours. La chaîne de magasins à bas prix Dollar General a bondi de 10,66% à 83,23 dollars après avoir fait part d'une hausse de ses ventes et bénéfices trimestriels, et avoir fortement relevé le bénéfice versé à ses actionnaires.