Les "Sages", économistes influents qui conseillent le gouvernement allemand, ont légèrement abaissé leur prévision de croissance pour l'économie allemande en 2016, désormais attendue à 1,5% à cause du ralentissement de l'économie mondiale. Ils tablaient jusqu'à présent sur une progression de 1,6% du produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne, première économie européenne, après 1,7% en 2015. Les exportations devraient progresser modérément au premier semestre, puis plus vigoureusement en fin d'année, ont-ils précisé lors d'une conférence de presse à Francfort (ouest). Pour 2017, les cinq économistes pronostiquent une croissance de 1,6%. "La reprise se poursuit en Allemagne", portée par la consommation intérieure, estiment-ils, notamment grâce à un niveau de chômage parmi les plus bas d'Europe. Les turbulences observées sur les marchés financiers en début d'année n'augurent pas d'un "recul global de la croissance", selon eux. Elles sont plutôt le "signal que les investisseurs se préparent à une longue période de taux bas qui va à l'encontre du modèle d'activité des banques". Mais la conjoncture mondiale fait peser de nombreux risques sur l'Allemagne, reconnaissent-ils. Du ralentissement économique en Chine et dans d'autres pays en développement, aux conflits géopolitiques comme en Syrie, en passant par la reprise fragile de certains voisins européens. Sans compter le risque d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, ou encore les effets difficiles à mesurer du rétablissement des contrôles aux frontières en Europe. Les cinq économistes de ce "conseil des Sages" voient par ailleurs comme "un grand défi" l'arrivée massive d'immigrés en Allemagne, dont l'intégration sur le marché du travail est beaucoup retardée par la longueur des procédures d'asile. Ils considèrent qu'environ 360 000 réfugiés en règle seront sur le marché du travail allemand d'ici fin 2017, mais que beaucoup d'entre eux seront dans un premier temps sans emploi. L'Allemagne va dépenser plus pour accueillir ses réfugiés, mais Berlin tiendra l'équilibre budgétaire de l'Etat fédéral jusqu'en 2020, selon le nouveau projet de budget pour 2017. Une équation financée par grâce à des rentrées fiscales anticipées en hausse du fait de la croissance économique du pays, et les faibles taux d'intérêt qui réduisent la charge de la dette. "Nous aidons les réfugiés en Allemagne et ferons tout en sorte pour que chacun qui reste en Allemagne soit intégré aussi vite et aussi bien que possible", a affirmé le ministre des Finances Wolfgang Schäuble lors d'une conférence de presse à Berlin. Au total, une enveloppe d'environ 10 milliards d'euros est prévue pour les différentes dépenses liées à l'accueil des réfugiés, passant des cours de langue à la construction de logements ou au renforcement des forces de police. M. Schäuble s'est félicité que les investissements augmentent, essentiellement dans les domaines des infrastructures, de la défense, de la politique sociale et de l'éducation, "et ce tout en renonçant à de nouvelles dettes". "Le thème central de ce budget et de ce programme budgétaire est naturellement la sécurité intérieure et extérieure de notre pays", a-t-il ajouté, évoquant les "terribles attentats de Bruxelles". Selon la presse allemande, les négociations sur le budget 2017 entre Wolfgang Schäuble et le ministre de l'Economie social-démocrate Sigmar Gabriel ont été ardues, le premier restant très attaché à l'équilibre budgétaire parfait, le deuxième réclamant de davantage délier les cordons de la bourse.