La Bourse suisse a subi de très légères pertes lors de la dernière séance de la semaine, le Swiss Market Index (SMI) parvenant même à se hisser au-dessus de la barre des 8000 points. Les investisseurs ont repris leur souffle vendredi, après le rebond des dernières journées. Ils ont joué la carte de la prudence alors que doit se tenir à Doha une réunion sur un éventuel gel de la production de pétrole. Les principaux indices de Wall Street oscillaient autour de l'équilibre. Selon les observateurs, les intervenants demeurent sur la retenue avant la réunion de dimanche à Doha, la capitale du Qatar. Les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) vont se retrouver pour tenter de stabiliser les cours du pétrole. Cette prudence s'explique également par une autre réunion, celle de la Banque centrale européenne, de la semaine prochaine. Le SMI a terminé quasiment à l'équilibre (-0,08%) à 8014,60 points. En comparaison hebdomadaire, l'indice vedette affiche une hausse de 2,5%. Le Swiss Leader Index (SLI) a cédé 0,18% à 1230,90 points et le Swiss Performance Index (SPI) 0,13% à 8595,82 points. Parmi les trente valeurs vedette de la Bourse suisse, vingt ont clôturé du mauvais côté de la barrière et huit du bon. Roche et Sonova sont restés inchangés. Les bancaires ont souffert et plus particulièrement Julius Bär, qui a lâché 3,9% ou 1,65 CHF. Le titre du gestionnaire de fortune zurichois était traité hors dividende de 1,10 CHF. Credit Suisse (-0,8%) s'est grimé une nouvelle fois de rouge. La grande banque risque de payer une amende aux autorités japonaises de la surveillance en raison d'un défaut d'information. UBS (-0,1%) s'en tirait mieux. Clariant (-3,1%) a également été relégué en fin de tableau. JPMorgan a réduit la recommandation de la société pharmaceutique à "underweight", de "overweight" précédemment. L'analyste déplore la faiblesse structurelle de la croissance organique et des frais fixes élev és. Les poids lourds Roche (inchangé) et Nestlé (+0,1%) ont soutenu leur indice de référence. Novartis a perdu 0,27% et a tiré le SMI vers le bas. Sonova affiche le même cours qu'à la clôture de la veille. Les assureurs Swiss Life, Bâloise (-0,8% chacun) et Swiss Re (-0,5%) ont fait grise mine. Helvea Baader a abaissé l'objectif de cours du réassureur, tout en confirmant à "hold". Les cycliques LafargeHolcim (+0,9%), Lonza (+0,5%) et ABB (+0,2%) ont tiré leur épingle du jeu, le premier nommé réalisant par la même occasion la meilleure performance du jour. Givaudan et Actelion (+0,7% chacun), ainsi que la valeur du luxe Richemont (+0,3%) et SGS (+0,1%) complètent le club des gagnants du jour. Sur le marché élargi, Dottikon ES (+7,2%) a réalisé une performance de choix. Le groupe de spécialités chimiques a enregistr é un chiffre d'affaires net en hausse de 26% à 121,4 mio CHF en 2015/16 (clos fin mars). L'entreprise attend, par rapport à l'exercice précédent, une "forte hausse" du bénéfice net et une nette augmentation de la profitabilit é. Accu Holding (+13%) et Edisun Power Europe (+8,3%), qui a publié des chiffres annuels probants, ont dépassé tous les autres titres du SPI. EFG International (-3,5%) a souffert d'une réduction de sa recommandation par Goldman Sachs. WALL STREET CHERCHE SON SOUFFLE AVANT LA REUNION DE DOHA Essoufflée après la nette remontée du milieu de semaine, Wall Street tournait autour de l'équilibre vendredi à la mi-journ ée, tentée de prendre des béné- fices avant une réunion des pays producteurs de pétrole: le Dow Jones cédait 0,06% et le Nasdaq 0,02%. L'indice vedette Dow Jones Industrial Average reculait de 10,31 points à 17.916,12 points et le Nasdaq, à dominante technologique, de 0,89 point à 4.944,99 points. Très suivi par les investisseurs, l'indice élargi S&P 500 reculait de 1,34 point, soit également 0,06%, à 2.081,44 points. "Comme hier, nous sommes en phase de consolidation après la forte remontée de mardi et mercredi", a commenté Art Hogan, chez Wunderlich Securities. "Les résultats positifs de Citigroup et une nouvelle dose de statistiques chinoises meilleures que prévu compensent la chute des cours du pétrole et des chiffres américains décevants sur le moral des ménages et la production industrielle", résumaient de leur côté les analystes de Charles Schwab. Pour M. Hogan, le fait que les cours du pétrole arrivent à se maintenir au-dessus du seuil psychologique des 40 dollars aidait les investisseurs en actions à minimiser leur chute, surtout motivée par la prudence alors que les grands pays producteurs doivent se réunir dimanche sans que l'on sache s'ils concrétiseront leur détermination affichée à limiter l'excès d'offre. "C'est quelque chose dont on peut s'accommoder", a-t-il dit, exprimant un flegme similaire devant le léger recul des Bourses européennes. Quant aux chiffres chinois parus dans la nuit, ils donnaient des arguments à la fois aux optimistes et aux pessimistes: la Chine a vu sa croissance ralentir de nouveau au premier trimestre, mais la deuxième économie mondiale a repris des couleurs en mars, avec notamment une vigoureuse accélération de la production industrielle. "La déception que pourrait susciter cette statistique c'est qu'elle sape un peu les arguments en faveur de mesures de relance supplémentaires" dans l'Empire du Milieu, estimait Patrick O'Hare, chez Briefing. MOUVEMENTS LIMITES Le constructeur automobile General Motors, qui a dû rappeler plus d'un million de camionnettes à plateau (pickups) dans le monde pour un problème de ceinture de sécurité, cédait 0,63% à 30,52 dollars La banque généraliste Citigroup gagnait 0,77% à 45,32 dollars, portée par des résultats meilleurs que prévu, en dépit d'un plongeon de presque 27% de son bénéfice net trimestriel et du recul de plus de 11% du chiffre d'affaires. L'établissement new-yorkais a notamment dû augmenter ses réserves dans l'anticipation que certains crédits accordés au secteur énergétique ne seraient pas remboursés. Plombé par le recul des cours du pétrole, le secteur des entreprises énergétiques affichait d'ailleurs une baisse de 1,03%. La société de services pétroliers Halliburton cédait 0,16% à 38,32 dollars, et la major Chevron 0,87% à 97,13 dollars. La banque d'affaires Goldman Sachs, qui doit publier ses résultats mardi, cédait 1,05% à 159,22 dollars, alors que selon l'agence Bloomberg elle s'est engagée dans un vigoureux programme de réduction des coûts. Apple perdait 0,11% à 111,98 dollars, pénalisé par des prévisions décevantes de deux de ses sous-traitants, Taiwan Semiconductors et Largan Precision, qui font douter de la solidité de la demande pour ses produits. Le portail internet Yahoo! cédait 1,36% à 36,66 dollars, sa direction étant accusée dans un article du New York Times d'entraver les demandes d'informations présentées par des repreneurs potentiels d'une grande partie de ses actifs. Enfin, la société de services informatiques Polycom cédait 0,57% à 12,20 dollars, en dépit d'une offre de rachat à près de 2 milliards de dollars avancée par son concurrent canadien Mitel (- 8,76% à 7,19 dollars). Le marché obligataire montait. Le rendement des bons du Trésor à dix ans reculait à 1,751% contre 1,794% jeudi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,556% contre 2,603% précé- demment. L'EUROPE EN LEGÈRE BAISSE AVANT LA REUNION DE DOHA Les Bourses européennes ont toutes légèrement baissé vendredi, attendant la réunion de Doha où une quinzaine de pays producteurs de pétrole doivent se réunir dimanche dans le but de stabiliser une offre actuellement pléthorique. "Le marché reprend son souffle après une semaine très positive et en attendant une échéance importante ce week-end avec une réunion sur le pétrole", a relevé Daniel Larrouturou, directeur général délégué chez Diamant Bleu Gestion. "Des statistiques indiquant une croissance chinoise au plus bas depuis sept ans et des interrogations autour de la capacité des producteurs de pétrole à s'entendre sur un gel de production ce week-end à Doha ont constitu é de bons motifs pour prendre des bénéfices", a estimé Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets à Londres. L'EUROSTOXX 50 A RECULE DE 0,21% Paris a terminé en légère baisse (-0,36%). L'indice CAC 40 a perdu 16,34 points à 4.495,17 points. Alors que les publications vont se multiplier dans les prochains jours, Carrefour, dont les chiffres d'activit é sont jugés encourageants au premier trimestre, a grimpé de 3,82% à 26,11 euros. Edenred a bondi (+6,36% à 18,40 euros), profitant notamment de la publication au premier trimestre d'un chiffre d'affaires en hausse de 5,2% en données comparables. Faurecia a chuté (-3,60% à 33,60 euros), affecté notamment par une baisse de ses ventes en Amérique du Nord et en Chine au premier trimestre. EDF a pris 4,45% à 11,51 euros alors qu'il travaillerait à une importante réduction de ses charges d'exploitation. Elis a perdu 4,25% à 16,44 euros alors qu'Eurazeo a annoncé la cession du tiers de sa participation dans le groupe. La Bourse de Londres a terminé en baisse de 0,34%. L'indice FTSE- 100 des principales valeurs a cédé 21,35 points pour terminer à 6.343,75 points. Les compagnies minières ont piqué du nez à la suite des statistiques chinoises: Anglo American s'est enfonc ée de 1,72% à 678,30 pence, Glencore de 1,49% à 155,65 pence et Rio Tinto de 0,54% à 2.230,50 pence. Le secteur financier a fait l'objet de prises de bénéfices: l'assureur Standard Life a cédé 2,05% à 339,60 pence, la banque Barclays 1,24% à 166,90 pence et le gérant de portefeuille immobilier Intu Properties 3,55% à 296,50 pence. Les groupes de construction ont peiné également, des investisseurs semblant craindre le Brexit. Berkeley Group a perdu 3,83% à 2.862 pence, Taylor Wimpey 2,43% à 172,70 pence et Barratt Developments 2,39% à 509,50 pence. Côté hausses, le brasseur SABMiller a grimpé de 1,59% à 4.286 pence en raison de progrès dans les négociations complexes entre AB InBev, qui veut acheter SABMiller. Le groupe de distribution Tesco a gagné de son côté 1,07% à 179,55 pence, entraîné par les résultats de Carrefour à l'international. La Bourse de Francfort a terminé en repli. L'indice vedette Dax a abandonn é 0,42%, à 10.051,57 points. Le MDax des valeurs moyennes a perdu 0,53%, à 20.334,46 points. Les énergéticiens EON et RWE ont signé les meilleures performances du DAX, avec des hausses respectives de 2,21% à 8,87 euros et de 1,25% à 12,13 euros.