Les députés grecs ont adopté dimanche de nouvelles mesures de rigueur réclamées par les créanciers de la Grèce comme condition pour le versement de la prochaine tranche de prêt. L'Eurogroupe se réunit à nouveau mardi. La faible majorité gouvernementale conduite par la gauche Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras a adopté un projet de loi de 7 000 pages, hautement impopulaire. Celui-ci prévoit notamment un mécanisme de correction automatique en cas de dérapage budgétaire et des mesures supplémentaires pour accélérer les privatisations et augmenter les taxes indirectes. Les députés grecs ont voté cette réforme très contestée à deux jours d'une réunion capitale de l'Eurogroupe qui décidera si la Grèce remplit les conditions qui lui ont été fixées. Un responsable européen a déclaré cette semaine que les ministres des Finances de la zone euro tenteraient de conclure avec la Grèce à la fois un compromis sur un ensemble de réformes "optionnelles" pour garantir qu'Athènes respectera ses objectifs budgétaires et un accord politique relatif à un futur allègement de sa dette. Le FMI juge par exemple nécessaire un important allègement de la dette grecque, ce à quoi certains pays européens sont réticents. La Grèce espère que la réunion de mardi se concentrera sur des dispositions de court et moyen termes en ce qui concerne un éventuel allègement du poids de sa dette publique, qui devrait atteindre cette année 182,8% du produit intérieur brut (PIB), selon les projections de la Commission européenne.
Manif à Athènes Plus de 10 000 personnes, selon la police, ont manifesté dimanche à Athènes devant le Parlement et tous les transports publics ont été bloqués dans la capitale pour le week-end avant l'adoption des nouvelles mesures par le parlement. "Tout le monde sera touché par la tempête des nouvelles mesures", a dénoncé devant le parlement Kyriakos Mitsotakis, le chef de la droite Nouvelle démocratie. Selon le gouvernement grec, l'adoption de ces mesures va permettre au pays de remplir le contrat de réformes et d'austérité assigné par ses créanciers. Elles doivent, sauf surprise, être adoptées dans la nuit de dimanche à lundi par la majorité gouvernementale qui allie la gauche Syriza du Premier ministre Alexis Tsipras au petit parti souverainiste Anel. Athènes attend en conséquence que ces derniers débloquent mardi le versement d'une nouvelle tranche des prêts convenus en juillet 2015, et rentrent dans le vif des discussions pour alléger la dette publique grecque. Les grands argentiers ont ouvert la voie en ce sens lors du dernier Eurogroupe du 9 mai. Le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Pierre Moscovici, a estimé vendredi qu'un accord était à portée de main et qu'il pourrait être réalisé le 24 mai. Sur la dette, le FMI a accentué jeudi sa pression sur les Européens en les exhortant à accorder à la Grèce une longue période de grâce, mais l'Allemagne continue de freiner des quatre fers, préférant renvoyer le sujet à après les législatives de l'automne 2017. Pour décrocher le premier feu vert du 9 mai, et combler les divergences entre FMI et zone euro, la Grèce a dû s'engager à prendre des mesures supplémentaires au cas où elle dévierait de l'objectif d'un excédent primaire (hors service de la dette) de 3,5% en 2018. La mise en place de ce mécanisme automatique de correction budgétaire, baptisé Koftis (pince coupante) par les Grecs, est prévu par un amendement au projet de loi. Il sera activé chaque année jusqu'en 2018 si des écarts budgétaires sont constatés au printemps et que le ministère des Finances ne prend pas l'initiative de coupes ciblées, mais épargnera les dépenses sociales, selon le ministère. Le projet de loi instaure également une Autorité indépendante des revenus publics, pour lutter contre fraude et évasion fiscales, relève d'un point, à 24%, le taux de TVA sur une série de biens, impose à partir de 2018 une taxe de résidence à l'hôtellerie, et met en place un nouveau fonds de privatisations pour accélérer les cessions d'actifs publics et doper leur exploitation. Ce fonds, dénommé Société de participations publiques, avait été exigé par Berlin lors du bras de fer ayant précédé la conclusion en juillet du nouvel accord entre et Athènes et ses créanciers UE-FMI pour éviter au pays banqueroute et sortie de l'euro. En dépit d'une grogne sociale montante et des mises en garde de nombreux économistes contre les effets récessifs de ces mesures, le gouvernement avait déjà obtenu le 9 mai que ses 153 députés, sur 300 au Parlement, adoptent deux douloureuses réformes des retraites et de l'impôt sur le revenu également requises par les créanciers.