Le Royaume-Uni est plus divisé que jamais après le choc du Brexit, avec une Ecosse prête à défendre séparément ses intérêts et des perdants en colère, face à des Européens pressés d'acter le divorce. Une pétition en ligne adressée au Parlement britannique pour réclamer l'organisation d'un nouveau vote dépassait samedi en fin d'après-midi les 2 millions de signatures, au lendemain de l'annonce de la victoire du Brexit avec 51,9% des voix. En Ecosse, la Première ministre Nicola Sturgeon a annoncé que son gouvernement voulait ouvrir des "discussions immédiates" avec Bruxelles pour "protéger sa place dans l'UE". L'Ecosse a massivement voté (62%) jeudi pour rester dans l'UE. Mme Sturgeon a déclaré à l'issue d'une réunion extraordinaire que son gouvernement préparait les bases légales d'un deuxième référendum sur l'indépendance. Selon un sondage de l'institut Panelbase pour le Sunday Times effectué vendredi et samedi, soit après le Brexit, 52% des Ecossais (contre 48%) veulent désormais que l'Ecosse se sépare du Royaume-Uni. Lors d'un premier référendum sur l'indépendance en 2014, l'Ecosse avait voté à 55% (contre 45%) pour rester au sein du Royaume-Uni. A Londres, certains réclament, avec colère mais sans y croire, l'indépendance pour la capitale, qui s'est largement exprimée en faveur de l'UE. Lindsey Brett, une secrétaire londonienne de 57 ans, a été cueillie à froid par le Brexit. "Je suis très inquiète et j'en suis malade pour l'avenir de mes enfants", a-t-elle dit. "Que vont devenir nos relations avec le reste de l'Europe? et le monde?".
Engager sa sortie dès demain Le président du Parlement européen Martin Schulz a exhorté hier le Premier ministre britannique David Cameron à entamer la procédure de sortie de l'Union européenne dès mardi, date à laquelle un sommet européen doit se tenir. Selon un entretien publié dans le journal Bild, Martin Schulz estime qu'une période de flou conduirait à davantage d'insécurité, mettant ainsi l'emploi en danger. Cette attitude d'hésitation, simplement pour faire le jeu tactique des conservateurs britanniques, nous nuit à tous, poursuit-il. C'est pourquoi nous comptons sur le gouvernement britannique pour tenir ses promesses dès maintenant et le sommet de demain sera le bon moment. Les quatre plus grandes formations du Parlement européen ont également rédigé une résolution invitant David Cameron à engager le Brexit dès mardi, rapporte le journal allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung. Il est impératif, écrivent les parlementaires, d'éviter une incertitude préjudiciable à tous et de préserver l'unité de l'Union. Aucune relation nouvelle, de quelque ordre qu'elle soit, entre le Royaume-Uni et l'UE ne pourra être entérinée tant que l'accord de sortie n'a pas été achevé, ajoutent-ils. Vendredi après le choc des résultats du référendum, qui consacrent la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, David Cameron avait annoncé sa démission d'ici le mois d'octobre, laissant à son successeur le soin de négocier le Brexit avec les autres pays membres. Comme le stipule l'article 50 du traité de Lisbonne qui n'a jamais été utilisé jusqu'ici, pour engager son retrait, le Royaume-Uni doit notifier au Conseil européen composé des chefs d'Etat et de gouvernement, son intention de quitter l'Union. A partir de là, l'Etat sortant et les membres de l'UE ont deux ans pour négocier le retrait. Un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement est prévu mardi et mercredi pour discuter de l'issue de ce référendum britannique. Le Parlement européen se réunira mardi en session extraordinaire. Les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs qui se sont réunis samedi à Berlin, ont pressé le gouvernement britannique de démarrer le processus de sortie dès que possible. Cependant la chancelière allemande Angela Merkel s'est montrée plus nuancée, estimant qu'il revenait au Royaume-Uni de décider quand lancer le processus de sortie sans toutefois s'éterniser. Nous n'avons aucune raison d'être désagréables dans ces négociations. Nous devons suivre les règles du jeu, a-t-elle déclaré samedi. Selon son directeur de cabinet, Peter Altmaier, qui s'exprimait dimanche matin à la radio publique allemande, la demande (de sortie) sera déposée dans quelques semaines voire dans quelques mois, certainement à l'arrivée d'un nouveau gouvernement. A son arrivée, le nouveau gouvernement britannique devra d'abord s'organiser puis présenter la demande. Nous devrions tous attendre calmement, a-t-il estimé.
John Kerry à Londres et Bruxelles aujourd'hui Le secrétaire d'Etat américain John Kerry se rendra lundi à Londres et Bruxelles après la déflagration provoquée en Europe par le vote favorable des Britanniques à la sortie de leur pays de l'Union européenne, ont indiqué hier des responsables dans son entourage. Arrivé dimanche à Rome pour y rencontrer son homologue italien Paolo Gentiloni, M. Kerry se rendra lundi à Bruxelles pour une rencontre avec la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, initialement prévue dimanche à Rome. Il se rendra ensuite à Londres, selon ces responsables américains. Washington n'a pas caché sa déception la semaine dernière après le oui prononcé jeudi par les Britanniques à la sortie du Royaume-Uni de l'UE, 43 ans après son adhésion aux traités européens. Sa rencontre avec Mme Mogherini devait à l'origine avoir lieu à Rome dimanche, mais la chef de la diplomatie européenne est restée ce weekend à Bruxelles pour gérer le contrecoup de la décision britannique, qui a complètement bouleversé l'agenda européen. A Londres, le secrétaire d'Etat américain rencontrera son homologue britannique Philip Hammond et d'autres responsables du gouvernement démissionnaire de David Cameron. Un point de presse doit avoir lieu à l'issue de cette rencontre, selon l'entourage de M. Kerry.