Le fait que la crainte des lourdes conséquences de ce Brexit ne touche pas seulement les pays membres de l'UE, mais également les Etats-Unis, qui ont dépêché en urgence John Kerry, renseigne sur la gravité de la situation à Bruxelles. Trois jours après le vote historique des Britanniques, les hauts responsables de l'Union européenne ne cessent d'appeler à l'unité dans l'espoir d'étouffer les voix qui s'élèvent pour demander des référendums sur une sortie de leurs pays de bloc européen. Il faut croire que les partis d'extrême droite européens multiplient les appels en ce sens. C'est la panique à Bruxelles et même les Etats-Unis, qui ne veulent pas perdre leurs alliés sur le vieux continent, se mettent de la partie pour calmer les esprits. Ainsi, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, se rendra aujourd'hui à Bruxelles et Londres pour aider à trouver des solutions dans l'urgence à cette situation catastrophique. En effet, les Etats-Unis redoutent particulièrement les conséquences sur la croissance mondiale et les secousses sur les marchés financiers, qui ont sévèrement chuté vendredi en Europe et dans une moindre mesure dans le reste du monde. Dans l'espoir d'amener les deux parties à de meilleurs sentiments, vendredi, Barack Obama avait affirmé, en prenant acte du Brexit, que le Royaume-Uni et l'Union européenne resteraient "des partenaires indispensables" des Etats-Unis. Hier, ce fut au tour de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini d'avertir que "le dessein, l'existence même, de notre Union sont remis en question. Pourtant, nos citoyens et le monde ont besoin d'une Union européenne puissante comme jamais auparavant". À partir de là, elle a affirmé dans un rapport sur la "Stratégie globale de l'UE" que la décision du Royaume-Uni de quitter l'UE rend plus importante encore l'unité de l'Union pour affronter le défi des crises qui s'aggravent partout dans le monde. Dans ce rapport, qui sera présenté aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union lors de leur réunion demain et après-demain à Bruxelles, elle explique qu'"en ces temps difficiles, une Union forte est une Union qui définit une stratégie, partage une vision et agit de concert". La Haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité fait remarquer que "c'est encore plus vrai après le référendum britannique". Federica Mogherini souligne également dans ce document "l'ambition d'une autonomie stratégique pour l'Union européenne, qui est nécessaire pour promouvoir les intérêts communs de nos citoyens, ainsi que nos principes et nos valeurs". Décidément, plus déterminés que jamais à se débarrasser du Royaume-Uni le plus rapidement possible, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a exhorté hier le Premier ministre britannique David Cameron à entamer la procédure de sortie de l'Union européenne dès mardi, date à laquelle un sommet européen doit se tenir. Dans des déclarations au journal Bild, Martin Schulz estime qu'une période de flou "conduirait à davantage d'insécurité, mettant ainsi l'emploi en danger". Estimant que "cette attitude d'hésitation, simplement pour faire le jeu tactique des conservateurs britanniques, nous nuit à tous", il assène : "C'est pourquoi nous comptons sur le gouvernement britannique pour tenir ses promesses dès maintenant et le sommet de mardi sera le bon moment." Merzak Tigrine