A l'exception de la place de Londres, les Bourses européennes sont reparties à la hausse jeudi, peu impactées par le statu quo de la Banque d'Angleterre et stimulées par la bonne forme de Wall Street, qui continue d'évoluer à des niveaux sans précédent. Seule la place britannique a souffert de la décision surprise de la Banque d'Angleterre (BoE) de maintenir son principal taux d'intérêt inchangé. "Les marchés actions, en particulier le FTSE 100, avaient ignoré les risques associés au Brexit en espérant une réponse des banques centrales. La décision de la BoE de maintenir le statu quo pourrait représenter un tournant de ce point de vue", a commenté Jasper Lawler, analyste de CMC Markets. Le rebond sur les autres marchés "réside dans le fait que les investisseurs considèrent que la crise qui résulte du Brexit est tout d'abord d'ordre politique avant d'être économique", a remarqué John Plassard, de Mirabaud Securities. Wall Street évoluait dans la matinée à des niveaux sans précédent après de bons indicateurs sur les prix à la production et sur les inscriptions hebdomadaires au chômage. L'Eurostoxx 50 a gagné 1,26% La Bourse de Paris a grimpé de 1,16% à 4 385,52 points, à l'issue d'une sixième séance de hausse consécutive. Le rebond des cours du pétrole a profité à Technip (+2,76% à 50,26 euros), Total (+1,61% à 44,20 euros), ArcelorMittal (+2,48% à 5,16 euros), CGG (+2,94% à 0,70 euro) ou encore Vallourec (+2,77% à 3,60 euros). Les valeurs industrielles se sont distinguées à l'image de PSA (+1,87% à 12,02 euros) et Renault (+1,88% à 74,92 euros). Le secteur financier a été recherché, à l'image de BNP Paribas (+3,36% à 42,90 euros), Crédit Agricole (+2,19% à 7,99 euros), Société Générale (+3,59% à 30,33 euros), Natixis (+4,95% à 3,48 euros) et Axa (+2,37% à 18,34 euros). EDF a pris 1,55% à 11,11 euros alors que les tarifs réglementés de l'électricité baisseront de 0,5% au 1er août, selon la ministre de l'Environnement et de l'Energie. A Londres, l'indice FTSE-100 a glissé de 0,24%, à 6 654,47 points, l'inaction de la BoE decevant les investisseurs. Parmi les valeurs en recul on relevait Marks and Spencer (-2,31% à 330,5 pence), Burberry (-2,27% à 1 250 pence) et le groupe de tourisme allemand TUI AG (-2,02% à 972,5 pence). Le secteur aérien a en revanche tiré son épingle du jeu, avec EasyJet (+4,55% à 1 171 pence) et International Airlines Group (IAG) (+4,39% à 426 pence). L'indice Dax de la Bourse de Francfort a lui avancé d'un solide 1,39% à 10.068,30 points, tandis que le MDax des valeurs moyennes progressait de 0,91% à 20 562,03 points. Particulièrement victime des incertitudes liées au vote britannique, l'action Deutsche Bank s'est redressée (+3,62% à 13,03 euros), suivie de BASF (+3,60% à 71,94 euros) et Bayer (+0,55% à 93,44 euros). Deutsche Börse a de son côté avancé de 1,55% à 76,04 euros, alors que plus de 50% du capital a été apporté par ses actionnaires à son opération de fusion avec le britannique LSE. Le fabricant de semi-conducteurs Infineon (+2,37% à 13,61 euros) a également animé la séance, en annonçant le rachat de l'américain Wolfspeed pour 740 millions d'euros. Parmi les valeurs moyennes, K+S a bondi de 6,46% à 20,01 euros, grâce à l'acquisition annoncée du fabricant chinois d'engrais Magpower. L'indice FTSE Mib de la Bourse de Milan a gagné 1,63% à 16 798 points. Les valeurs bancaires se sont distinguées à l'image d'Unicredit (+6,63% à 2,154 euros), Banca Popolare (+5,49% à 2,344 euros) et UBI Banca (+5,36% à 2,79 euros). Mediaset a subi la plus mauvaise performance (-1,19% à 3,324 euros), suivi de Terna (-1,10% à 4,836 euros) et de Recordati (-0,86% à 27,59 euros). A Lisbonne, l'indice PSI 20 a progressé de 0,66% à 4 584,95 points. La holding de télécommunications Pharol était en tête (+13,02% à 0,19 euro) suivie du groupe de BTP Mota-Engil (+7,15% à 1,62 euro). Les poids lourds de la place portugaise ont également terminé dans le vert. L'électricien EDP a avancé de 0,80% à 2,91 euros, le groupe de grande distribution Jeronimo Martins de 0,32% à 14,19 euros et le groupe pétrolier et gazier Galp Energia de 0,28% à 12,61 euros. A Madrid, l'indicateur vedette Ibex 35 est reparti à la hausse, gagnant 0,93% à 8 552,30 points. La compagnie pétrolière Repsol a rebondi (+1,54% à 12,19 euros). Dans le secteur bancaire, Banco Santander a gagné 2,69% à 3,82 euros, BBVA 2,22% à 5,35 euros, CaixaBank 1,16% à 2,19 euros et Bankia 0,15% à 0,67 euro. L'indice SMI de la Bourse suisse a progressé de 0,39% à 8 714,02 points. Les bancaires ont été particulièrement recherchées : UBS a poursuivi sa progression (+2,61% à 12,96 francs suisses) et Credit Suisse a grimpé (+4,04% à 11,08 francs suisses) après une nette baisse la veille. Parmi les autres gagnants figure le groupe de luxe Richemont (+2,92% à 60,00 francs suisses). A la Bourse de Bruxelles, l'indice Bel 20 a rebondi de 0,83% à 3 418,44 points, tiré vers le haut notamment par le groupe bancaire KBC (+4,78% à 45,23 euros) et la banque ING (+2,60% à 9,79 euros). A l'inverse, le groupe de biotechnologies Galapagos a chuté (-1,90% à 48,25 euros) tout comme le gestionnaire du réseau de transport d'électricité Elia (-1,29% à 48,16 euros). A Amsterdam, l'indice AEX a gagné 0,84% à 448,19 points. La banque ING a avancé de 2,60% à 9,79 euros et le sidérurgiste Arcelor Mittal de 2,48% à 5,16 euros. Wall Street aidée par JPMorgan Wall Street a terminé jeudi sur de nouveaux records grâce à de bons résultats de la banque JPMorgan, qui ont rasséréné les marchés sur le secteur financier américain: le Dow Jones a pris 0,73% et le Nasdaq 0,57%. Selon des résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 134,29 points à 18.506,41 points, battant un record de clôture pour la troisième séance consécutive, et le Nasdaq, à dominante technologique, 28,33 points à 5 034,06 points. L'indice élargi S&P 500 a avancé de 11,32 points, soit 0,53%, à 2 163,75 points, terminant lui pour la quatrième séance de suite à un niveau sans précédent. "Trois éléments ont donné de l'élan", a estimé Art Hogan, de Wunderlich Securities. "D'abord, et c'est le plus important, de bons résultats d'entreprises, en premier lieu JPMorgan." Membre du Dow Jones, la banque a pris 1,52% à 64,12 dollars après avoir sonné favorablement le départ des résultats trimestriels du secteur financier américain par de solides résultats, notamment un bénéfice net presque inchangé en dépit des turbulences sur les marchés financiers. Ces chiffres sont d'autant plus rassurants que "l'on s'inquiétait sur le secteur, vu le faible niveau des taux d'intérêt", a expliqué Jack Ablin, de BMO Private Bank. La Réserve fédérale (Fed) s'est abstenue depuis le début de l'année de resserrer sa politique monétaire, ce qui maintient un soutien à l'ensemble de l'économie, mais pénalise le secteur bancaire. Deuxième élément notable, la Bourse a aussi été "stimulée par les indicateurs économiques" aux Etats-Unis, "dont une hausse plus élevée que prévu des prix à la production", a noté M. Hogan, y voyant "une bonne nouvelle, car l'inflation a besoin d'accélérer". Autre statistique encourageante, les inscriptions hebdomadaires au chômage n'ont fait que stagner, alors que les économistes s'attendaient à une hausse. Enfin, dernier facteur encourageant, Wall Street, comme les autres grandes Bourses, a réagi sans déception apparente au maintien en l'état des taux de la Banque d'Angleterre (BoE), même si beaucoup d'investisseurs s'attendaient à des mesures destinées à répondre aux conséquences du vote britannique du 23 juin en faveur d'une sortie de l'Union européenne (UE). "Je pense que ce n'est pas une grosse déception, car la livre britannique a tellement baissé qu'ils n'ont pas de vraie raison d'abaisser les taux dans l'immédiat... Et ils restent en mesure d'agir à l'avenir", a expliqué M. Ablin. M. Hogan remarquait de son côté que l'immobilisme de la BoE, dont la plupart des responsables pensent d'ailleurs agir en août, avait profité à la livre britannique au détriment du dollar et que cela avait en retour des chances de bénéficier aux multinationales américaines. Line entre en scène Parmi les résultats notables à part JPMorgan, la compagnie aérienne Delta Air Lines a pris 3,59% à 40,98 dollars après avoir fait état d'un bénéfice supérieur aux prévisions, même si son chiffre d'affaires a légèrement déçu. Yum! Brands, maison mère des enseignes de restauration rapide KFC, Pizza Hut et Taco Bell, a gagné 2,95% à 88,27 dollars, après une forte hausse de son bénéfice net trimestriel. La compagnie ferroviaire CSX a monté de 2,98% à 29,05 dollars, sans pâtir d'une nette baisse de ses ventes et de son bénéfice net au dernier trimestre. En revanche, le groupe publicitaire Omnicom a perdu 2,17% à 83,12 dollars après des résultats trimestriels en demi-teinte, même si sa performance a été peu affectée au Royaume-Uni par le "Brexit". Hors des résultats, le réseau social japonais Line a bondi de 26,61% à 41,58 dollars pour ses premiers pas à Wall Street, avant une introduction parallèle à la Bourse de Tokyo. Le spécialiste des OGM Monsanto a gagné 3,06% à 104,22 dollars après que son concurrent allemand Bayer eut relevé son offre sur fond de rumeurs de presse quant à une fusion des activités agrochimiques entre l'américain et BASF.