Les cours du pétrole ont nettement monté pour la deuxième séance de suite jeudi, profitant d'une embellie du marché de l'essence pour tenter un rebond après une longue déprime. Le cours du baril américain de référence (WTI) a gagné 1,10 dollar à 41,93 dollars sur le contrat pour livraison en septembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, contrat de référence, a monté de 1,19 dollar à 44,29 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Les cours avaient chuté à quelque 40 dollars, alors qu'ils dépassaient 50 dollars il y a environ un mois, a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Beaucoup de fonds avaient tellement parié à la baisse qu'ils doivent se couvrir, y compris en prenant leurs bénéfices. Après un très mauvais mois de juillet, marqué par des inquiétudes sur le niveau toujours élevé de l'offre d'or noir, les cours commencent à montrer des velléités de rebond. Les cours se relancent au-dessus du seuil des 40 dollars, qui, une nouvelle fois, leur sert de trampoline, a commenté dans une note Matt Smith, de ClipperData. Le marché pétrolier a entamé ce rebond, certes ralenti par quelques hésitations jeudi en début de séance new-yorkaise, après la publication en milieu de semaine de chiffres hebdomadaires sur l'offre américaine, et c'est donc dans ces statistiques que les analystes voyaient la principale explication à cette embellie. En premier lieu, le marché a été entraîné hier par les cours de l'essence à la suite de l'annonce d'une baisse des réserves, a rappelé M. Lipow.
L'emploi attendu aux USA Cette baisse de plus de trois millions de barils a encouragé les cours de l'essence à creuser un écart de plus de 15 dollars le baril avec le pétrole, ce qui devrait améliorer la rentabilité des raffineries, a rapporté M. Smith. Cela reste dix dollars de moins qu'à la même époque de l'an dernier, mais c'est nettement plus que l'écart de 12 dollars observé à la mi-juillet. Beaucoup d'investisseurs semblaient obnubilés depuis le mois dernier par le niveau élevé des stocks d'essence aux Etats-Unis, à un moment où ils sont censés baisser grâce aux déplacements estivaux. Sur ce plan, les chiffres d'hier ont témoigné d'une demande très solide, notamment pour l'essence, a assuré Carl Larry, de Frost & Sullivan. Cela pourrait permettre aux cours du brut de rebondir. Il prévenait cependant que ce seraient surtout les chiffres mensuels sur l'emploi américain, attendus vendredi avant l'ouverture, qui seraient cruciaux pour déterminer les perspectives de demande. De plus, on va voir comment les chiffres de l'emploi font évoluer le dollar dans un sens ou l'autre, a-t-il noté. Les cours du pétrole ont tendance à évoluer de façon inverse au billet vert, car ils sont libellés en monnaie américaine et deviennent moins intéressants pour les acheteurs munis d'autres devises quand le dollar se renforce. A plus long terme, les observateurs restent très divisés sur les perspectives du marché pétrolier, qui avait chuté en février au plus bas depuis 2003 pour rebondir au cours du printemps. Le marché a actuellement du mal à se défaire de l'impression de surabondance installée par le déclin des cours lors des six ou sept dernières semaines, a écrit Tim Evans, de Citi.
Hausse en Asie Dans les échanges matinaux en Asie, les cours du pétrole poursuivaient leur hausse après des chiffres contrastés sur l'état de l'offre américaine, mais certains experts prédisent un rebond limité. Le département américain de l'Energie (DoE) a fait mercredi état d'une hausse inattendue des réserves de pétrole brut, de 1,4 million de barils, dans ses chiffres hebdomadaires. En même temps, il a annoncé une baisse bien plus marquée que prévu des stocks d'essence, en recul de plus de trois millions de barils, alors que leur niveau élevé obnubilait les investisseurs depuis le mois dernier. Ces chiffres sont chaque semaine très attendus en ce qu'ils peuvent être un indicateur de l'état global de l'offre et de la demande. Vers 03H00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre progressait de 27 cents, à 41,10 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en octobre, gagnait 21 cents, à 43,31 dollars. Les signes d'une hausse de la production de certains grands producteurs ne sont pas encourageants pour le long terme, a estimé Sanjeev Gupta, d'EY Services. Les marchés vont désormais guetter des informations sur le commerce et l'emploi aux Etats-Unis, ainsi que la balance commerciale chinoise en juillet. Le gouvernement américain devait annoncé hier les chiffres des créations d'emplois en juillet aux Etats-Unis. Après avoir touché au début de l'année des plus bas de 12 ans sous les 30 dollars, le pétrole est remonté, en raison d'une perturbation de la production liée notamment aux feux de forêts au Canada. Mais cette embellie a été douchée en juillet en raison de la faiblesse de la demande et de la morosité de l'économie mondiale. L'or noir a perdu 20% de sa valeur depuis juin.
Caracas veut une réunion de l'Opep Le Venezuela tente d'organiser une réunion entre les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et les producteurs extérieur à l'Opep pour stabiliser les cours du brut, a annoncé jeudi le président Nicolas Maduro. Nous faisons les démarches pour que très bientôt nous ayons une nouvelle réunion des pays producteurs et exportateurs de l'Opep et ceux qui ne sont pas dans l'Opep, Russie en tête, en tant que plus gros producteur de pétrole et exportateur hors-Opep, a déclaré le dirigeant socialiste lors d'une allocution télévisée. Le ministre vénézuélien du Pétrole, Eulogio del Pino, a pour cela commencé à dialoguer avec le nouveau secrétaire général de l'organisation, le Nigérian Mohammed Barkindo. L'objectif de cette rencontre est de stabiliser (le cours) autour de 40 et plus, 50, 60 dollars par baril, a expliqué M. Maduro, dont le pays est membre de l'Opep. Cela n'est pas un problème juste de Maduro, c'est un sujet national et international de premier ordre. Nous avons lancé une bataille terrible pour stabiliser les prix du pétrole, en chute depuis de longs mois, a-t-il souligné. Le baril de brut vénézuélien, qui était tombé en avril à 30 dollars, s'est repris en juin pour atteindre les 40 dollars, mais jeudi il s'établissait à 33,50 dollars, selon le chef de l'Etat. Menée par l'Arabie saoudite, l'Opep contribue à déprimer les cours en s'abstenant depuis près de deux ans d'abaisser son plafond de production, notamment après l'échec de négociations entre la plupart de ses membres et la Russie en avril. Depuis l'an dernier, le Venezuela, très dépendant du pétrole et plongé dans une profonde crise politique et économique, plaide pour un gel de la production mais ses efforts ont échoué face à la stratégie saoudienne de laisser le marché se réguler en écartant les producteurs les moins compétitifs. Le brut apporte 96% des devises du pays sud-américain et la chute du pétrole a fait s'effondrer son économie, avec désormais une pénurie d'aliments et médicaments et une inflation considérée comme la plus élevée au monde, à 180,9% en 2015.
Les stocks de brut US montent Les stocks de pétrole brut ont monté de façon inattendue la semaine dernière aux Etats-Unis mais les réserves d'essence ont fortement baissé, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 29 juillet, les réserves commerciales de brut ont avancé de 1,4 million de barils à 522,5 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur un recul de 1,75 million de barils. Cette hausse est également inattendue par rapport aux estimations publiées la veille par la fédération American Petroleum Institute (API), qui avait fait part d'un recul de 1,3 million de barils des stocks de brut. A ce palier, les réserves américaines de brut s'affichent en hausse de 14,8% par rapport à la même période de 2015 et restent à "des niveaux historiquement élevés à cette époque de l'année", comme l'a une nouvelle fois noté le DoE. En revanche, les stocks d'essence, dont le niveau élevé préoccupe particulièrement les investisseurs depuis plusieurs semaines, ont baissé de 3,3 millions de barils, alors que les experts de Bloomberg ne prévoyaient qu'un recul de 650 000 barils et l'API un déclin de 500 000 barils. Ils restent néanmoins bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l'année, et s'affichent en hausse de 9,9% par rapport à la même période en 2015. De leur côté, les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont avancé de 1,2 million de barils, alors que les experts de Bloomberg s'attendaient à un recul de 700 000 barils et que l'API ne tablaient que sur une hausse de 500 000 barils. Elles progressent de 5,8% par rapport à l'an dernier et se maintiennent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année.
Les raffineries accélèrent Parmi les éléments encourageants dans un contexte d'inquiétudes sur le niveau élevé de l'offre d'or noir, la production américaine, qui avait montré quelques signes de rebond lors des dernières semaines, a repris son déclin en reculant de 55 000 barils par jour (b/j) à 8,460 millions de b/j (mbj). Egalement surveillées de près par les courtiers, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au prix du pétrole échangé à New York, ont baissé de 1,1 million de barils à 64,1 millions. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont augmenté de 2,1 millions de barils. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20,5 mbj de produits pétroliers, soit 0,6% de plus que l'année précédente à la même époque. Durant la même période, la demande de produits distillés a reculé de 1,9%, et celle d'essence a monté de 2,2%, dans les deux cas sur un an. Les raffineries américaines ont accéléré la cadence, fonctionnant à 93,3% de leurs capacités contre 92,4% la semaine précédente.