Wall Street peut-elle commencer 2017 sur la lancée d'une flambée qui vient de porter le Dow Jones au bord des 20.000 points? Après deux semaines de calme pour les fêtes, les choses sérieuses recommencent et les investisseurs manquent de certitudes. Depuis le dernier week-end, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 0,86% à 19.762,60 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,46% à 5.383,12 points. L'indice élargi S&P 500 a reculé de 1,10% à 2.238,83 points. "Comme d'habitude à la fin de l'année, les échanges ont tourné au ralenti, (...) d'autant que la Bourse a beaucoup monté cette année", a résumé Peter Cardillo, économiste en chef chez First Standard Financial. Le repli hebdomadaire de Wall Street, qui ne s'est effectué que sur une semaine de quatre jours après un jour férié lundi au lendemain de Noël, n'enlève pas grand-chose à sa performance annuelle: en 2016, le Dow Jones a gagné 13,42%, sa plus forte hausse depuis 2013, le Nasdaq 7,50% et le S&P 500 9,54%. Même si la semaine prochaine sera également amputée de sa séance du lundi, cette fois pour le lendemain du nouvel an, elle risque de se révéler plus significative, puisque de nombreux investisseurs vont progressivement faire leur retour au sortir des fêtes. L'avenir immédiat "est vraiment incertain", a reconnu Michael James, de Wedbush Securities. Si la situation de Wall Street semble fragile à certains observateurs, c'est que l'essentiel de son excellente performance annuelle a été réalisée lors des deux derniers mois après l'élection début novembre du républicain Donald Trump à la présidence américaine, alors même que le flou continue à régner sur le programme économique du futur chef d'Etat. "Les investisseurs sont prudents", a rapporté M. James, estimant que cette circonspection s'installait notamment face à l'échec répété du Dow Jones à dépasser les 20.000 points pour la première fois de son histoire. "Ils se rappellent ce qui s'est produit au début de l'année: la Bourse avait fini 2015 de façon satisfaisante, puis a commencé 2016 de manière catastrophique !", a-t-il expliqué. Espoirs et réalité Les indices avaient chuté jusqu'à la mi-février, sur fond d'effondrement des cours du pétrole et d'inquiétudes sur l'économie chinoise au moment où les autorités semblaient prêtes à dévaluer le yuan de façon agressive. "Les fluctuations du yuan et les développements en Chine s'annoncent comme un sujet d'intérêt majeur en 2017", a prévenu dans une note Patrick O'Hare, de Briefing. Quant à l'or noir, ses cours se sont nettement repris après l'annonce d'accords de baisse de la production au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et avec d'autres pays, mais, là encore, les incertitudes règnent sur la bonne volonté des participants à mettre en oeuvre ces pactes à partir du 1er janvier. Il faudra toutefois attendre au-delà de la semaine prochaine pour tirer les premières conclusions, comme pour ce qui est de la présidence Trump, qui ne commencera que le 20 janvier. Pour l'heure, "ce qui domine les esprits des investisseurs (...), c'est si certaines entreprises publieront des avertissements sur résultats", a prévenu M. James. Comme le trimestre ne s'achève que dimanche, les résultats complets ne commenceront à être publiés que la semaine suivante, avec notamment de grands noms du secteur bancaire, mais certains groupes pourraient déjà commencer à préparer les esprits si leurs chiffres se présente mal. "C'est la grande inconnue et on devra passer la semaine pour y voir plus clair", a insisté M. James. Quant aux statistiques macroéconomiques, le gros morceau se fera aussi attendre toute la semaine, avec la publication vendredi des chiffres mensuels de l'emploi américain. Pour l'heure, "les investisseurs se mettent en retrait et attendent de voir si la réalité de 2017 est à la hauteur des espoirs de croissance de la fin 2016", a conclu M. O'Hare. 2016 une bonne année Wall Street, manquant de conviction vendredi, a terminé une bonne année 2016 sur une fausse note: le Dow Jones a perdu 0,29% et le Nasdaq 0,90%. "Les principaux indices se replient avec de faibles volumes pour le dernier jour de l'année", ont commenté les analystes de la banque Wells Fargo dans une note. Comme la plupart des actifs qui ont progressé sur l'année, la Bourse de New York était victime vendredi de quelques prises de bénéfices. "Le marché dérive, tout simplement", a commenté Peter Cardillo, économiste en chef de First Standard Financial. De nombreux investisseurs ont préféré rester sur la touche avant un week-end prolongé, la place new-yorkaise étant fermée lundi en remplacement du jour de l'an qui tombe cette année un dimanche. "Ce qui se passe aujourd'hui (vendredi) n'est pas indicatif d'un changement de tendance", a prévenu Peter Cardillo, rappelant que Wall Street avait engrangé des "gains remarquables" cette année. Sur l'année 2016, le Dow Jones a avancé de 13,42%, le Nasdaq de 7,50% et le S&P 500 de 9,54%. Il s'agit de la plus forte hausse du Dow Jones depuis 2013 après une baisse en 2015. La Bourse de New York a connu un second souffle après l'élection du républicain Donald Trump en novembre dans l'espoir d'une accélération de la croissance américaine grâce à ses promesses de baisses d'impôts, de dépenses d'infrastructures et de réduction des réglementations sur les entreprises notamment dans les secteurs de la finance et de l'énergie. Une partie des mouvements de vendredi peuvent s'expliquer par des ajustements de portefeuilles, traditionnels en fin d'année et qui pouvaient être plus marqués après la forte hausse des marchés ces deux derniers mois. Certains portefeuilles doivent conserver une part déterminé de chaque classe d'actifs et comme les actions ont beaucoup monté, les gestionnaires doivent se séparer d'une partie de leurs titres pour qu'ils n'aient pas un poids trop important. Seule publication notable à l'agenda vendredi, l'activité économique dans la région de Chicago a cru moins rapidement en décembre, selon l'indice local ISM publié en début de séance. Nvidia rechute Parmi les valeurs, le laboratoire pharmaceutique Mylan a pris 2,06% à 38,15 dollars après avoir annoncé le lancement d'une version générique du traitement des troubles de l'attention et de l'hyperactivité Concerta du laboratoire Johnson & Johnson (-0,24% à 115,21 dollars). La chaîne de magasins d'articles de pêche et de chasse Cabela's a chuté de 5,07% à 58,55 dollars. Le groupe a annoncé avoir fait l'objet de demandes de précisions du régulateur américain sur sa fusion avec son concurrent Bass Pro Shops (non coté). Le fabricant de semiconducteurs Nvidia, dont la valeur a triplé cette année et dont les mouvements en dents de scie ont été particulièrement marqués cette semaine, a rechuté et perdu 4,21% à 106,74 dollars. Dans le secteur pétrolier, Gulfport Energy a perdu 0,78% à 21,64 dollars après l'annonce de changements au sein de sa direction. Le marché obligataire montait un peu. Vers 20H40 GMT, le rendement des bons du Trésor à 10 ans baissait à 2,445% contre 2,473% jeudi soir, et celui des bons à 30 ans très légèrement à 3,067% contre 3,077% précédemment. L'euro en légère hausse face au dollar L'euro montait très légèrement face au dollar hier matin, les investisseurs continuant à prendre leurs bénéfices après la forte hausse du billet vert au cours des derniers mois. Vers 07H00 GMT (08H00 à Paris), l'euro valait 1,0520 dollar contre 1,0515 dollar vendredi vers 22H00 GMT. La monnaie unique européenne se stabilisait face à la monnaie nippone, à 123,00 yens pour un euro contre 123,03 yens vendredi soir. Le dollar baissait légèrement face à la devise japonaise, à 116,92 yens contre 116,98 yens vendredi. Le dollar a progressé de plus de 6% face à l'euro depuis le début du mois de septembre et d'environ 3% sur l'année, ce qui amène les investisseurs à prendre leur bénéfices. Après la période de fin d'année où certains opérateurs de marché étaient absents et où les volumes étaient réduits, les investisseurs souffrent d'une liquidité moindre. De plus, selon des analystes, des repères techniques ont déclenché des ventes d'algorithmes, un phénomène amplifié par la faible activité des marchés lors de la période des fêtes de fin d'année. La livre britannique montait face à la monnaie européenne, à 85,22 pence pour un euro, ainsi que face au billet vert, à 1,2345 dollar. La devise suisse baissait légèrement face à l'euro, à 1,0724 franc pour un euro, et était stable face au dollar, à 1,0194 franc pour un dollar. La devise chinoise valait 6,9450 yuans pour un dollar contre 6,9445 yuans vendredi à 15H30 GMT.