En réaction sur le sujet du décret Trump anti-immigration, le ministre émirati des Affaires étrangères a estimé mercredi que le décret du président américain suspendant l'entrée aux Etats-Unis des ressortissants de sept pays à majorité musulmane n'était pas dirigé contre l'islam. "Les Etats-Unis ont pris (...) une décision souveraine", a déclaré cheikh Abdallah Ben Zayed Al-Nahyane, ajoutant qu'il était "faux de dire" que la décision de la nouvelle administration américaine était "dirigée contre une religion en particulier". Le ministre émirati, qui parlait lors d'une conférence de presse avec son homologue russe Sergueï Lavrov, a ajouté que le décret de M. Trump ne concernait "pas la grande majorité des musulmans" et qu'il était "provisoire". M. Trump a signé vendredi un décret pour interdire pendant trois mois l'entrée aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays à majorité musulmane (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen), à l'exception de ceux qui détiennent des visas diplomatiques et officiels ou qui travaillent pour des institutions internationales. Cette période doit permettre de mettre en place un système de vérification extrêmement minutieuse des candidats à l'entrée aux Etats-Unis. Les Emirats arabes unis et d'autres monarchies du Golfe, dont l'Arabie saoudite, sont de très proches alliés des Etats-Unis.
Un décret qui punit ceux luttant contre "le terrorisme" De leur part, les autorités irakiennes, ont dit nettement que ce décret est une sorte de punition contre les anti-terrorisme. Le Premier ministre irakien Haider Al-Abadi a critiqué mardi, dans une première réaction, le décret du président Donald Trump interdisant aux Irakiens d'entrer aux Etats-Unis, en estimant qu'il punissait ceux qui "combattent le terrorisme". Lors d'une conférence de presse à Bagdad, M. Abadi, dont le pays est un proche allié des Etats-Unis, a affirmé que ce décret "punit les personnes qui font des sacrifices, qui combattent le terrorisme". Avec ce décret "c'est la victime qui est pointée du doigt", a-t-il ajouté. "Nous ne voulons rien faire pour le moment (...) mais nous examinons toutes les options", a dit le Premier ministre irakien. Ce décret interdis l'entrée pendant 90 jours du territoire américain aux ressortissants de sept pays majoritairement musulmans -Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen- afin de stopper selon Trump d'éventuels "terroristes islamiques radicaux". Le Parlement et le ministère irakien des Affaires étrangères ont dénoncé cette décision et demandé aux Etats-Unis de la réviser. Les députés irakiens ont même voté une motion appelant le gouvernement à appliquer la réciprocité avec les Etats-Unis si Washington ne revenait pas sur son décret controversé, qui a provoqué un tollé dans le monde. Les Etats-Unis comptent plus de 4.800 soldats en Irak et sont les principaux acteurs de la coalition internationale qui soutient les forces irakiennes depuis septembre 2014 face au groupe jihadiste Etat islamique (EI). L'aviation américaine ainsi que des conseillers militaires américains au sol aident actuellement le pouvoir irakien à reconquérir Mossoul, la deuxième ville d'Irak occupée par l'EI. Lundi, le Pentagone a promis de venir à la rescousse des Irakiens ayant travaillé pour l'armée américaine pour qu'ils puissent continuer de pouvoir entrer aux Etats-Unis, malgré le décret controversé. Il s'agit de "s'assurer que les noms de tous ceux qui ont fait preuve concrètement de leur engagement à se battre avec nous sont connus" des services délivrant les autorisations d'entrée sur le territoire, a indiqué le porte-parole. Le statut des pilotes irakiens s'entrainant actuellement sur une base aérienne en Arizona (sud-ouest) ne semblait pas complètement clair. "C'est un des problèmes spécifiques que nous sommes en train de regarder", a-t-il déclaré. Le décret controversé a entraîné des scènes de détresse dans des aéroports américains et à l'étranger avec des passagers bloqués ou refoulés. Un Irakien du Kurdistan, Fouad Charef, sa femme et leur trois enfants n'ont pas pu poursuivre leur voyage jusqu'au bout à cause du nouveau décret, malgré un visa d'immigration américain obtenu "après des années d'attente". "J'ai aidé le gouvernement américain, j'ai travaillé avec eux durant des moments de crise et j'ai mis ma vie en danger", affirme ce père de famille qui travaillait pour l'ONG américaine RTI International liée par contrat au gouvernement américain. Avant de partir "j'ai dû vendre toutes mes possessions, ma femme et moi avons quitté notre emploi et déscolarisé nos enfants", dit-il avec amertume. De son côté, une députée irakienne d'origine yézidie, Vian Dakhlil, a indiqué mardi que le décret Trump pourrait l'empêcher de se rendre à Washington pour recevoir un prix décerné par la Fondation Lantos pour son combat en faveur des femmes yézidies enlevées par milliers en 2014 dans le nord de l'Irak par les jihadistes.