Une trêve fragile a été signée entre les deux factions palestiniennes, après une explosion de violences qui a fait trois morts et plusieurs blessés. Hier, le calme régnait sur la bande de Ghaza, mais un calme précaire que tout peut remettre en cause, comme le montrent les tirs sporadiques entendus, ici et là, dans la ville. Le cessez-le-feu entre les deux camps a été obtenu au moment où la bande de Ghaza menaçait de basculer dans la guerre civile. De fait, la journée de dimanche a été marquée par les plus violents affrontements jamais enregistrés entre le mouvement islamiste du Hamas et son vis-à-vis conservateur du Fatah. Les deux mouvements se sont même, à un certain moment, affrontés à l'arme lourde, des membres des Brigades Ezzedine Al Qassam, branche armée du Hamas, ayant tiré des obus sur la garde présidentielle. Tout a commencé dimanche, lorsque des membres des brigades Ezzeddine Al Qassam ont attaqué, à l'aube, la garde présidentielle, accusant celle-ci d'avoir commandité la tentative d'assassinat du Premier ministre, Ismaïl Haniyeh, au poste de Rafah, lors de son retour d'une tournée à l'étranger. Ainsi, le quartier des ministères, à Ghaza, a été transformé en peu de temps en véritable champ de bataille où les deux factions palestiniennes s'affrontaient à l'arme lourde. Lors de ces combats, des membres de la garde présidentielle ont occupé les ministères de l'Agriculture et des Communications d'où ils ont échangé des tirs nourris avec des miliciens du Hamas. Pendant ce temps, des inconnus ont pris pour cible la voiture du ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Zahar, sans dommage pour le ministre, mais l'un de ses gardes a été blessé. Cela tirait de partout, en ce dimanche noir pour les Palestiniens, alors que des militants du Hamas ouvraient le feu sur des manifestants qui soutenaient le président Abbas. Dans la soirée de dimanche, les territoires palestiniens étaient au bord de la guerre civile, avant qu'un sursaut ne vienne réveiller des responsables des deux camps, inconscients du mal qu'ils faisaient à la population et à la cause sacrée du peuple palestinien, qui décidèrent de mettre un terme aux combats par l'accord sur un cessez-le-feu. Les mouvements palestiniens du Fatah et du Hamas, ont, ainsi, convenu, dans la soirée de ce jour noir pour les Palestiniens, d'un cessez-le-feu pour mettre fin à une explosion de violences partisanes ayant fait trois morts et plus de 30 blessés au lendemain de l'appel du président Abbas à la tenue d'élections anticipées. «Il y a eu un accord entre tous les groupes armés palestiniens pour un cessez-le-feu et pour mettre un terme aux violences», a indiqué Ibrahim Abou Naja, chef d'un haut comité chapeautant tous les groupes armés palestiniens. «Il y a eu un accord pour cesser le feu et stopper tous les combats. Cet accord stipule aussi, que les hommes armés ne doivent pas circuler dans les rues», a déclaré, de son côté, le porte-parole du Hamas, Ismaïl Radouane. Malgré cet accord, des tirs sporadiques se sont poursuivis dans la nuit de dimanche à lundi, alors qu'un colonel du Service national de sécurité et membre du Fatah était enlevé dans le sud de la bande de Ghaza et tué, faisant planer le risque de remise du feu aux poudres. Hier, malgré le calme, des tirs ont été entendus, ici et là, dans la ville de Ghaza, ce qui indique que des tireurs isolés ou des jusqu'au-boutistes restent embusqués et menacent, d'un nouvel embrasement, la ville. Aussi, les habitants demeuraient-ils sceptiques hier, estimant que le cessez-le-feu reste menacé et que la moindre étincelle peut tout remettre en cause d'autant plus que la tension demeure très forte. La vie a, quelque peu, repris ses droits, hier à Ghaza après l'arrêt observé dimanche, mais les écoles sont restées fermées alors que les commerces étaient dans l'expectative. Malgré le fait que sa décision de convoquer des élections anticipées a quasiment mis le feu aux poudres à Ghaza, le président Abbas n'en persiste pas moins dans sa démarche par la rencontre qu'il a eue à Ramallah, au siège de la Mouqataâ, avec des responsables de la Commission centrale électorale «dans le cadre de discussions préliminaires» portant sur le scrutin, a indiqué un de ses proches, qui a précisé qu'«aucune date ne devrait être fixée dans l'immédiat». Dans cette optique, Mahmoud Abbas a déclaré que la mise en place d'un «gouvernement d'union nationale formé de technocrates» demeurait «sa première priorité», ne précisant pas, toutefois, la mission qu'il compte confier à un tel cabinet et s'il convoquera, malgré tout, le corps électoral, même au cas de mise sur pied d'un tel cabinet d'union. Les choses en étaient là, hier, alors que le président Abbas n'a cessé de recevoir le soutien de la «communauté internationale» avec, à sa tête, le Premier ministre britannique, Tony Blair, qui était hier l'hôte d'Abou Mazen.