Standard Life et Aberdeen ont dévoilé lundi les modalités de leur projet de fusion de 11 milliards de livres (12,7 milliards d'euros) qui leur permettra d'économiser jusqu'à 200 millions de livres par an, mettant ainsi la pression sur leurs concurrents dans un secteur en cours de consolidation. Les gérants d'actifs sont confrontés à une augmentation de leurs coûts liée au durcissement de la réglementation financière et à une tendance à la baisse des commissions de gestion, dans un contexte de marges qui rétrécissent et de concurrence des gestionnaires de fonds indiciels. A 10h25 GMT, l'action Standard Life s'envole de 5,6% à la Bourse de Londres, plus forte hausse du FTSE et de l'EuroFirst 300. Le titre Aberdeen de son côté bondit de 4,5% au même moment. Leurs concurrents Jupiter Fund Management (+1,9%) et Ashmore (+1,5%) profitent du mouvement, les traders anticipant d'autres projets de fusion et acquisition dans le secteur. "Nous observons une forte logique industrielle dans cette fusion en termes d'économies d'échelle, de capacités et de coûts. Il y aura une dimension politique à la création d'un champion national écossais et le fait que l'essentiel des économies sera généré au nord de la frontière n'y contribuera pas peu", a estimé Ben Cohen, analyste de Canaccord Genuity. "On peut aussi raisonnablement penser qu'une contre-offre sur une ou les deux parties est envisageable, compte tenu de l'accélération de la consolidation dans le secteur de la gestion d'actifs", a-t-il ajouté dans une note aux clients, réitérant sa recommandation d'"achat" sur Standard Life. La nouvelle entité, qui aura son siège social en Ecosse, comptabilisera par ailleurs une charge exceptionnelle de 320 millions de livres qui doit englober les coûts d'intégration. S'exprimant sur les ondes de la BBC, le directeur général d'Aberdeen, Martin Gilbert, a dit que l'accord allait se traduire par des suppressions d'emplois là où il y a des doublons et qu'il était prématuré de donner leur nombre. Les deux principaux actionnaires d'Aberdeen - Mitsubishi UFJ Trust and Banking et Lloyds Banking Group - ont apporté leur soutien de principe à la fusion qui doit être réalisée au troisième trimestre 2017. Standard Life et Aberdeen avaient annoncé dès samedi être en discussion à la suite des conjectures parues dans la presse mais ils étaient divisés sur le partage du pouvoir. Le directeur général de Standard Life, Keith Skeoch, et celui d'Aberdeen, Martin Gilbert, se partageront la direction du nouvel ensemble, une perspective qui inquiète certains analystes. "Nous avons de sérieuses inquiétudes au sujet de la structure du conseil d'administration", a déclaré Eamonn Flanagan, analyste de Shore Capital. "Pour nous, un directeur général qui prend seul toutes les décisions et conserve la responsabilité globale est primordial dans ce genre de transaction (...) nous verrons comment évolueront les rapports entre Skeoch et Gilbert."